Depuis sa première coulée d’or en 2009, la mine de Sabodala exploitée par Sabodala Gold Operations (Sgo) ne cesse de voir son activité fleurir.
En 2017, elle a produit 233.000 onces; un record. Ce qui, en dix ans d’activité, porte la production à 1,5 million d’onces d’or, soit plus de 32 tonnes.
Premier gisement d’or mis en évidence au Sénégal, Sabodala reste encore difficile d’accès. Après Bembou, c’est le début du calvaire. La route bitumée cède la place à une piste latéritique d’une succession de nids de poule, de bosses et de crevasses. La végétation qui borde ce chemin de chèvres a fini de virer au mat, perdant de sa verdure du fait des nuages de poussière rouge soulevés par les véhicules. Le petit répit qu’offre la route goudronnée à l’entrée de Khossanto, un haut lieu de l’orpaillage, ne dure que le temps d’un soupir. Le mauvais état de la route impose, à nouveau, un supplice. Au bout d’une torture de près de deux heures sur près de 100 kilomètres que la célèbre cité aurifère de Sabodala se dévoile. Enfin. On est au Sud-Est du Sénégal, à 650 kilomètres de Dakar. Jadis hameau isolé, aujourd’hui collectivité administrative territoriale dynamique avec l’essor de l’extraction minière. En 1961, le Bureau de recherches géologiques et minières (Brgm) a confirmé, à cet endroit, la présence du métal précieux.
Mais c’est quarante-huit ans plus tard, c’est-à-dire en 2009, que le premier lingot d’or est sorti de ce gisement appartenant à la « ceinture de roches vertes de Mako qui abrite certains des plus grands gisements aurifères du monde ». La société Sabodala Gold Operations (Sgo) exploite la mine depuis plus de dix ans. Elle a déjà extrait 1,5 million d’onces, soit plus de 32 tonnes, selon son directeur général Aziz Sy qui recevait, vendredi, la ministre des Mines et de la Géologie Aïssatou Sophie Gladima, en tournée de prise de contact avec les sociétés minières installées dans la région de Kédougou pendant deux jours. A la tête d’une forte délégation, elle a visité les installations de Sgo et la fosse de Golouma située à une quinzaine de kilomètres de l’usine de production et qui fournit, aujourd’hui, l’essentiel du minerai traité.
Le ministre s’est également rendu au périmètre maraîcher des femmes du village de Faloumbou aménagé par Sgo et au poste de santé du village de Mamacono construit également par la société minière. Ces trois dernières années, Sgo semble rouler sur de l’or puisque sa production ne cesse d’augmenter. L’année 2017 a même vu la société dépasser largement les objectifs que le Conseil d’administration de Teranga Gold, la compagnie canadienne dont elle est la filiale, lui avait fixés. « Notre production moyenne annuelle, depuis ces trois dernières années, tourne autour de 200.000 à 210.000 onces. En 2017, on a battu notre record de production avec 233.000 onces. Des aménagements ont été apportés à l’infrastructure de production.
On a ajouté une seconde ligne de concassage qui a fait passer notre production de 2,5 millions de tonnes à 4 millions de tonnes par an. On a réduit les goulots d’étranglement, on a mieux formé nos équipes et depuis lors, notre production est en constante hausse », a confié le patron de Sgo. Cependant, un seul gramme de cet or n’est commercialisé pas sur le marché local alors que le besoin pour les bijoutiers locaux est estimé à 100 kilogrammes par an. Toute la production est exportée vers la Suisse où elle est raffinée et commercialisée sur le marché international.
Une situation dont l’explication est à chercher, selon Aziz Sy, dans la politique fiscale en vigueur. « Des raisons fiscales nous empêchent de livrer une partie de notre production aux bijoutiers singulièrement la question de la Tva. C’est le seul blocage. Par contre, 75 % de la contrepartie de la production qui est vendue sur le marché international revient au Sénégal à travers les impôts, les contributions sociales en direction des populations, les achats locaux (fournitures et prestations de services, transports) », a fait savoir M. Sy. Sur la question de l’emploi, il soutient que sur les 1.333 employés, les 93 % (1.100) sont des Sénégalais, alors que 50 % de la main-d’œuvre vient de Kédougou dont 1/3 (350) de l’arrondissement de Sabodala.
LeSoleil