Depuis le 7 décembre dernier, une nouvelle société dénommée Teranga sécurité aéroportuaire (Tsa) a atterri à l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) avec ses 500 employés, pour travailler dans le secteur de la sûreté.
Selon nos informations, ses services sont facturés à 500 millions de francs Cfa par mois, alors qu’aucun appel d’offres n’a été lancé par rapport à ce marché.
Alors qu’on pensait que l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) va sortir de la une de l’actualité depuis la grève de 24 heures de ses contrôleurs, et toute la polémique qui s’en est suivie, voilà qu’un scandale lié à un marché de gré à gré risque de remettre sur orbite la nouvelle infrastructure aéroportuaire du pays. Selon nos informations, un marché d’un montant de 500 millions de francs Cfa par mois a été filé à un ressortissant français sans aucun appel d’offres. Nos sources de préciser que ladite société s’appelle Teranga sécurité aéroportuaire (Tsa) (à ne pas confondre avec Tsa qui se charge des audits au niveau des aéroports internationaux et qui a effectué un séjour de deux semaines après l’ouverture de l’Aibd). Elle est spécialisée dans la sûreté et a pour mission de contrôler des bagages dans les avions et compagnies. Tsa a engagé ‘‘plus de 500 personnes comme personnel, tous des Sénégalais’’, nous confie-t-on. Une fois à l’aéroport, ils sont visibles avec leur tenue de couleur bleu sur laquelle on peut lire ‘’Tsa’’. L’on nous signale aussi que la Haute autorité aéroportuaire a subi de pressions pour avaliser un tel projet, malgré ses réticences et ses avis.
De l’avis de nos interlocuteurs, la tâche des agents de Tsa était déjà assurée de main de maître par les forces de l’ordre, à savoir la police pour l’aérogare et la gendarmerie à l’extérieur. Pire, Tsa n’a pas encore d’agrément. C’est fort de ce constat, soulignent nos informateurs, que les agents de cette entreprise continuent leur formation en étant à côté des forces de l’ordre, le temps d’avoir cette expérience qui pourrait leur permettre d’entrer dans leurs fonctions de manière régulière.
‘’Il suffisait juste qu’on injecte 500 millions…’’
La question que nos sources se sont posées est de savoir la raison de cette empressement à filer un tel marché à un étranger, vu son montant exorbitant par an. ‘’Pourquoi le choix de donner ce travail qui était bien fait et depuis longtemps par la police et la gendarmerie à un Français et non à un Sénégalais, si le besoin se faisait sentir ?’’, se demandent nos interlocuteurs. Poursuivant leurs interrogations, nos sources estiment que ‘’dans un contexte marqué par une crise financière, on ne peut offrir un aussi juteux marché sur un plateau d’or sans appel d’offres à un étranger. Un autre interlocuteur de renchérir : ‘’Le besoin de se précipiter ne se sent pas et aucunement. Pourquoi agir de la sorte ? Jusque-là, les forces de l’ordre s’occupent bien de ce travail. Il suffisait juste qu’on injecte 500 millions chez nos amis gendarmes ou policiers, en termes de ressources humaines, de matériel ou autres pour que la sûreté dont Tsa est en charge soit mieux prise en charge et efficacement. Déjà, ils (les agents du Tsa) sont en train de s’approcher des hommes en tenue pour mieux apprendre leur boulot’’.
Furax, d’autres interlocuteurs de poursuivre : ‘’Dans quel pays sommes-nous ? On nous bombarde avec 400 à 500 agents pour la sûreté, alors que c’était un travail que la police sénégalaise, l’une des meilleures en Afrique, assurait avec brio. Pourquoi cela ? On a tordu le bras à toute personne qui était censée dire non à ce projet. Qui sont les autorités qui sont derrière ce marché de gré à gré qui ne dit pas son nom ? On a besoin d’explications.’’
Pour en savoir davantage sur cette affaire, ‘’EnQuête’’ a pris langue avec des responsables de As (Aéroport du Sénégal), Aibd et Anacim (Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie) mais aucun d’entre eux n’a voulu se prononcer sur la question. ‘’Nous ne sommes pas habilités à aborder ce dossier’’, ont-ils tous soutenu. Cependant, à en croire une source proche de l’Aibd, c’est la police elle-même qui avait écrit aux autorités aéroportuaires pour signaler qu’elle n’avait plus les moyens humains de s’occuper de la sûreté à l’aérogare.
A noter que toutes nos tentatives d’entrer en contact avec le colonel Dia de la haute autorité des Aéroports du Sénégal ont été vaines.
EnQuête