CONTRIBUTION
Mimi Touré, dans une émission, a affirmé que plus de 200 milliards de francs Cfa ont été recouvrés suite à la traque des biens supposés mal acquis et reversés dans le trésor public. Et que cela s’est traduit par une loi rectificative des finances. Ce que le président de l’Assemblée nationale a dit ignorer. Malgré ce démenti diplomatique, Mimi Touré persiste et maintient ses propos. Dès lors, il faut s’interroger sur l’opportunité de sa sortie sur ce dossier de traque de biens supposés mal acquis.
Mimi Touré a eu à occuper des fonctions stratégiques dans les différents gouvernements du président Macky Sall. Par conséquent, quand elle parle et persiste dans un sens ou dans un autre, il faut s’interroger sur les véritables mobiles de ses différentes sorties. Nous sommes dans les derniers mois avant l’élection présidentielle de 2019. C’est souvent la période de la surenchère vis-à-vis du candidat sortant de la mouvance présidentielle. Tous les déçus et autres responsables ayant perdu tout espoir relativement à leur avenir politique, exploitent ces moments pour se faire entendre.
Pour ce qui est de l’ancienne ministre de la Justice, ancienne Premier ministre, et actuelle Envoyée Spéciale du président de la République, il faut retenir qu’elle avait fait preuve d’engagement personnel à la limite du zèle contre l’impunité, mais aussi elle était la plus en vue dans le combat pour la poursuite de supposés criminels économiques qui se seraient enrichis indument à partir de l’argent public. Or il s’est passé curieusement beaucoup d’actes qui ont étonné plus d’un : sur une liste de 25 personnes accusées d’enrichissement illicite, seul Karim Wade a été condamné. Le reste des accusés ayant vu leur sort classé sinon mis en veilleuse. Toute l’opinion a considéré et à juste titre, que c’était un règlement de compte qui ne visait qu’une seule personne : Karim Wade (qui a accepté le sort qui lui a été réservé ; mais par son comportement, il a donné une leçon de morale au monde entier en gardant sa dignité, en refusant tout reniement et toute compromission. Ce qui lui vaut aujourd’hui respect, estime, admiration et soutien populaire).
Les 24 autres accusés ayant choisi pour la plupart d’entre eux, la stratégie de la compromission en ralliant la mouvance présidentielle (opposant le jour, allié du régime la nuit), ont vu leur dossier être géré avec beaucoup de «compréhension» pour ne pas dire avec beaucoup de complaisance. C’est ce qui a fait dire à certains que la Crei était une arme politique utilisée pour harceler un adversaire irréductible : Karim Wade.
Aujourd’hui Mimi Touré, pour ne pas devenir ridicule, animerait l’aile dure qui souhaite que la traque se poursuive. Ce qui ne semble pas aller dans le sens de la volonté du président qui, cherchant à obtenir un second mandat, compterait sur le soutien politique de certains qui figurent sur la liste de la Crei. Et Mimi Touré, pour ne pas assister impuissante au règlement de ce dossier par la compromission, serait prête à tout pour s’y opposer. Elle aurait mis son orgueil en avant. Elle serait au courant de certaines négociations visant à classer des dossiers et même à promouvoir certains supposés délinquants financiers.
Mimi détient encore des bombes. Ce serait une grosse erreur que de sous-estimer sa capacité de nuisance. Attention ! Nous entrevoyons les signes de guéguerre interne à la mouvance présidentielle d’ici l’élection de 2019. L’heure de la défiance a sonné et elle risque de se répercuter sur le peu de crédibilité dont jouissent encore nos institutions.
Abdou SANE
Ancien député
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