Quand les Chinois de la CRBC (China Road and Bridge Corporation) mettent du sable dans le couscous des sérères de Yeradi et de Nganème.
Après avoir connu la tranquillité, même si c’était la plus misérable, les habitants des villages de Yerady et de Nganème dans la commune de Ngohé, se sont réveillés un jour dans une poudrière insolente. Ils ont débarqué un matin des étrangers étranges par leur morphologie et leurs actes. Avec leurs voitures, machines et autres bulldozers, ils ont dérangé notre sommeil pour exploiter une soi-disant carrière latéritique. Et cela au cœur de notre village, aux portes des maisons, NA BITAKE NO MBIND KE. Et puisqu’ils n’ont pas rencontré assez de résistance de la part des populations, ils ont commencé leurs travaux. Mais c’est la faim, encore la faim; NOUS SOMMES TOUS AFFAMES. Comment peut-on céder son champ pour 200.000 f Cfa. C’est parce que nous avons tellement faim que nous pouvons nous rassasier des miettes. Ou bien c’est qu’on nous a menacés. On nous a dit que si vous refusez ces miettes, vos terres seront confisquées et toute opposition sera réprimée. Et si on dit cela à un sérère qui pense que toute personne qui fait la prison est foutue à jamais, il va capituler. C’est comme cela qu’on a intimidé nos sages mais ignorants parents. Et cela de la part d’une autorité censée représenter la collectivité locale mais qui en fait ne représente que ses intérêts. Mais il semble qu’elle n’était au courant de rien et que tout lui est tombé dessus; c’est ce qu’elle dit au moins. Faut-il simplement se demander comment les chinois sont-ils au courant de l’existence de cette carrière? Qui les a mis au parfum? Qui les a autorisés? Ce n’est pas un inconnu. Et si on met sens dessus dessous les coins et recoins de la maison c’est parce que le maître des lieux l’a voulu, au moins il est au courant. Mais c’est encore la faim, toujours la faim. Quand le père de la grande famille sacrifie les siens pour des miettes c’est parce qu’il ressent lui aussi une grande faim. En sus de cela il fait la sourde oreille aux plaintes et complaintes des populations qui depuis longtemps demandent la construction de leur école primaire en abri provisoire depuis près de 15 ans. Ces âmes assoiffées demandent aussi l’approvisionnement en eau de leur village car chaque matin, elles font la queue autour de leur puits pour étancher leur soif et celle de leurs troupeaux. Mais ce qui est plus déshonorant, c’est quand celui qui devait s’occuper et éviter autant que possible les menaces de dégradation environnementale et expositions sanitaires vous amène la peste de la poudrière et vous refuse ne serait-ce qu’une boîte de pharmacie. Et pourtant tout le monde peut imaginer qu’avec cette poussière il y aura forcément des pathologies. Mais le comble du déshonore, c’est quand, non satisfaits d’avoir pollué notre environnement, ces chinois pervertissent aussi nos mœurs en montrant à nos enfants et femmes des vidéos pornographiques.
Dans la nouvelle réforme constitutionnelle approuvée par voie référendaire le 20 mars dernier, figure un point sur la reconnaissance de nouveaux droits aux citoyens: droit à un environnement sain sur leurs ressources naturelles et leur patrimoine foncier. Ils devaient se rappeler au moins de cela car ça ne fait pas encore un mois. Mais non, ils nous ont confisqué tout. Chez nous l’environnement est trop malsain, il y a trop de pollution: pollution atmosphérique, pollution sonore, pollution des mœurs, pollution de la vie, pollution du couscous, pollution, pollution.
Les vents de ces jours, accentuant notre mésaventure, font qu’il nous faut fermer la porte et baisser le rideau avant d’ouvrir le plat et manger à la hâte pour ne pas se régaler du sable des chinois. Mais puisque nos champs ont été confisqués, bientôt nous n’aurons plus de couscous à manger enfermés. Ce n’est donc pas demain que nous atteindrons l’autosuffisance alimentaire ou la qualité dans l’alimentation. Car le sable des chinois guidés par le grand père, a déjà pollué notre couscous qui se raréfie. Ils ont mis la flamme de l’enfer dans notre paradis et demain ils vont quitter. Mais d’ici là, nous cherchons à quel saint nous vouer.
Mbapy Dione
(Le titre est de la rédaction)