CONTRIBUTION
Commençons par un point de détail. A qui revient l’honneur du bâtisseur dans le chantier de l’arène nationale de Pikine ? La question a été posée, à l’occasion de la récente visite du président chinois, par les propagandistes marron. Selon eux, l’érection de ce bijou est «un motif suffisant de réélection de Macky Sall pour un deuxième mandat». On avait déjà remarqué, avec l’inauguration de l’aéroport Blaise Diagne et les préparatifs de l’ouverture du Musée des civilisations noires, l’acharnement du pouvoir à tailler à son chef un habit de grand bâtisseur, même contre les évidences les plus criardes.
Dans le cas de l’arène, les propagandistes peuvent se réclamer de l’onction du président Sall qui, en lançant les travaux en avril 2016, avait tenu à préciser que «le financement est bouclé par les Chinois depuis 2013», c’est-à-dire un an après son élection. Il n’avait pas encore à ses côtés son successeur à la Primature qui avait annoncé deux ans avant, le 2 mars 2011, le bouclage de ce même financement, à l’occasion d’une visite de chantier avec l’équipe chinoise chargée de réaliser les travaux de l’arène (dépêche Aps). Point de détail ? Non peut-être, si l’on considère cette falsification de date sous l’angle des valeurs de probité et de loyauté de l’homme d’Etat vis-à-vis de ses prédécesseurs, de ses interlocuteurs citoyens, et de lui-même en définitive. Des valeurs faisant de la duperie une faiblesse corrodant l’estime de soi et grignotant la confiance des autres.
Mais assurément oui, dans une mise en perspective de l’événement. Après celle du président Hu en juin 2006, la récente visite du président Xi souligne toute la portée stratégique de la décision du Sénégal de reprendre, en octobre 2005, une coopération avec le pays de Mao suspendue depuis 1996. Treize ans après, les effets positifs de ce recentrage apparaissent nettement sur la structure de nos échanges internationaux. Désormais, la Chine talonne de près la France en occupant le rang de deuxième partenaire commercial et de deuxième fournisseur. Après avoir conquis celui de premier bailleur de fonds depuis 2017, selon un officiel chinois cité par l’Aps. Le stade de Pikine, le Grand théâtre, le Musée des civilisations noires, … sont autant de joyaux à la gloire de l’audace wadienne de 2005.
C’est sur ce chemin qu’il fallait persévérer après 2012 en osant diversifier librement nos relations au mieux de l’intérêt national, au lieu de rapetisser en fourrier du retour en zone d’une France de l’argent facile, dont le point d’orgue est, pire que l’ogre Auchan, ce Ter stupide et méchant dont le chef de l’Etat a reconnu, à mots à peine couverts, l’absence d’effets d’entraînement sur une économie qu’il siphonne. L’honneur, ici, est de n’être ni «antifrançais» ni «prochinois», mais de porter cette élévation morale qui fait de soi, de la nation à incarner et servir, l’unique guide et maître.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal