Le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique, Abdoulaye Bibi Baldé, et son collègue du Budget, Birima Mangara, ont reconnu devant la représentation nationale que La Poste est endettée jusqu’au cou. Un audit est annoncé sur le niveau d’endettement de la structure mais pas sur la mauvaise gestion de l’actuel directeur, Ciré Dia. En effet, samedi dernier, lors de la session budgétaire, ils ont indiqué que l’audit qui a été annoncé ne concernera nullement la mauvaise gestion de la boîte. Au contrairement, l’Etat va procéder à une restructuration de la société et renflouer les caisses.
Devant les députés, Abdoulaye Bibi Diallo a indiqué que cette restructuration concerne uniquement la compensation, la rémunération et la recapitalisation de La Poste. Donc, pas de changement de dirigeants. Ce, alors que la situation financière de La Poste menace l’équilibre des finances publiques, selon un dernier. «Il est vrai qu’il y a beaucoup d’arriérés par rapport au Trésor public. Les dettes de La Poste sont réelles. Mais, le règlement des arriérés de compenses devait se faire par la signature d’une convention de dettes croisées entre l’Etat et la société. La Poste estimait que 1 milliard 300 millions de francs Cfa étaient insuffisant, elle demandait 6 milliards», a expliqué le ministre. Qui souligne que l’objectif de ces mesures est d’assainir les finances de La Poste pour lui garantir un niveau d’investissement cohérent afin d’en faire une entreprise performante et pérenne. Poursuivant, M. Baldé renseigne que la signature de la convention de dettes croisées devrait aboutir à plusieurs schémas dont le reversement du solde du capital de l’entreprise ou la recherche d’un partenaire stratégique. Enfonçant le clou, le ministre du Budget, Birima Mangara a révélé que dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe), la situation financière gravissime de La Poste a été soulevée comme une menace à l’équilibre des finances publiques. Faisant l’historique de ce dérapage financier de l’institution, le ministre du Budget relève que La Poste a un compte au niveau du Trésor. Ainsi, explique-t-il, lorsque d’autres citoyens envoient de l’argent au Sénégal par La Poste, quelle que soit la situation du compte de La Poste auprès du Trésor, le gouvernement est obligé de payer parce que c’est un engagement vis-à-vis de l’extérieur. A partir de ce moment, note-t-il, si le trésorier général paie et qu’en retour La Poste ne paie pas, le fossé se creuse. «Je confirme les chiffres de l’année dernière que j’avais donnés ici et qui sont exacts. Ces chiffres n’ont pas tenu compte cependant de la rémunération du service public. Aujourd’hui, il est question de travailler autour de la compensation. Si cette question est réglée, on peut donner définitivement les chiffres, bien entendu on a des chiffres qui sont provisoires», a déclaré le ministre du Budget devant les députés. Néanmoins, Birima Mangara rassure les députés sur cette restructuration qui, selon lui, n’entrainera pas une privatisation de la société. «Un audit est en cours, on va préciser ce que La Poste doit au Trésor public et que le Trésor doit à La Poste. En ce moment, on pourra dire exactement quel est le niveau de créance de l’une des parties par rapport à l’autre. Depuis 2014, on a commencé ce travail. Et, aujourd’hui, le Fmi en a fait une recommandation pour qu’on puisse aller dans le sens de régler définitivement la situation de La Poste», a-t-il soutenu. Adama COULIBALY