Voilà un autre rapport qui va défriser le gouvernement. Alors que l’économie mondiale est tirée par les nouvelles technologies, moteur de la 4ème révolution industrielle, le Sénégal continue d’être à la traîne dans ce secteur.
Selon le rapport sur la compétitivité mondiale que le World Economic Forum vient de publier, notre pays est en queue de peloton des pays africains, toujours distancés par le reste du monde. Sur 34 pays africains au sud du Sahara dont les économies sont analysées dans le rapport, 17 sont parmi les 20 derniers du classement, avec une moyenne de 45,2 sur 100. Et faute de données fiables, 16 autres n’ont pas été pris en compte dans le rapport dont le Niger, le Congo, la Guinée équatoriale, le Togo, le Gabon.
Mais ce qu’il y a de plus inquiétant, c’est que dans ce classement 2018 des économies africaines les plus compétitives, le pays de la Teranga est en bas. Il n’est même pas dans le Top 10, mené par l’île Maurice, 1er africain et 49ème mondial. En effet, le Sénégal se hisse au 113ème rang mondial. Ce qui prouve que le pays a perdu toute son avance sur les autres dans ce domaine où il était presque cité en exemple avec les pays du Mahgreb. Cela, parce que dans le secteur des télécommunications, catalyseur de ces nouvelles technologies, la boulimie de l’Etat a entravé les innovations. L’opérateur historique, Sonatel, a longtemps été emmerdé dans une vilaine histoire de gestion du flux d’appels internationaux entrants sous Wade, avec Global Voice, avant que Macky Sall ne l’enterre définitivement à son avènement. Voulant toujours traire la vache sans l’engraisser, le gouvernement a plombé le secteur fortement entaché par des scandales durant la dernière décennie. En bisbilles avec les opérateurs sur le prix de l’exploitation de la licence 4G, le pays a mis trop de retard avant de découvrir cette nouvelle technologie qu’Orange est le seul à offrir depuis la prolongation de son bail avec l’Etat du Sénégal. Et cela, pendant qu’un pays africain, le Lesotho, expérimente déjà la prochaine technologie, la 5G.
S’il en est ainsi, le Sénégal, comme la plupart des instituions, est handicapé par la faiblesse des institutions et des politiques publiques, surtout le premier critère qui entre en jeu dans l’environnement des affaires : le cadre juridique et judiciaire. En atteste les nombreux conflits l’opposant à des entreprises comme celui avec Tigo ou encore Kumba Ressource, ou encore son arbitrage dans la bataille entre Wari et Tigo qui s’est rétracté dans leur contrat de vente.
Seyni DIOP