L’aversion des élèves pour les mathématiques inquiète leurs enseignants. Ces derniers, dans le cadre de «Sos maths», diagnostiquent le mal et proposent des pistes pour résoudre l’équation.
Les élèves ne s’intéressent plus aux disciplines scientifiques, particulièrement les Mathématiques. Une situation qui inquiète les enseignants de cette discipline. Ces derniers l’ont fait savoir lors d’une session de formation organisée par l’association des professeurs de Mathématiques au Sénégal dénommée «Sos mathématiques». C’était au siège de l’Inspection d’académie de Pikine-Guédiawaye. «Aucun Sénégalais n’ignore les difficultés que rencontrent les élèves pour l’apprentissage des disciplines scientifiques. Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a 30 % d’élèves dans les séries scientifiques et les autres c’est-à-dire 70 % dans les filières littéraires. Donc les élèves désertent les filières scientifiques au profit des séries littéraires», constate leur président, Ibrahima Thiam. Sur les motifs du dédain pour les maths, il explique : «Les mathématiques constituent un véritable problème. Il y a un mythe créé injustement autour de cette discipline. S’y ajoute qu’il n’y a plus de profs de mathématiques. De plus, les profs sont sous payés. Ce qui les pousse une fois qu’ils décrochent leurs diplômes universitaires à préférer devenir ingénieurs en informatique, économistes, statisticiens où ils gagnent plus d’argent. Donc les véritables mathématiciens fuient les classes.»
Comme alternative, le Président de «Sos Mathématiques» préconise un faisceau de mesures pour résoudre l’équation. «La première solution, c’est de former ceux qui sont sur le terrain c’est-à-dire assurer leur formation continue. La deuxième, c’est de réduire le taux d’échec dans les filières scientifiques», liste Thiam. Qui trouve qu’«il ne peut pas y avoir d’émergence sans les sciences et il ne peut pas y avoir de sciences sans les Mathématiques».
«Sos Maths» a décidé de prendre le taureau par les cornes. «C’est ce qui nous a poussés à former 33 professeurs venant de 16 lycées à Dakar. Aujourd’hui, c’est l’Inspection de Pikine et les 5 et 6 décembre, nous serons à Rufisque. Nous avons choisi des thèmes où les enseignants ont des problèmes. On les forme sur ça et quand ils seront dans leurs salles de classe, ils pourront mieux dérouler les apprentissages», dit-il.
L’introduction de manuels scolaires réalisés par des professeurs sénégalais est aussi sollicitée par ces enseignants en Mathématiques. Ce qui permettra d’harmoniser les programmes et de mettre les élèves à l’abri des confusions. «Nous demandons à l’Etat un appui institutionnel pour l’harmonisation des programmes mais aussi la mise en circulation de manuels confectionnés par les professeurs sénégalais. Nous allons produire des manuels et des supports numériques que nous allons mettre en ligne pour appuyer les élèves et les enseignants. Aujourd’hui, la plupart des manuels que nous avons ici au Sénégal, ce sont des manuels qui accompagnent le programme français. Or, le programme français est différent du programme sénégalais. Donc, nous voulons maintenant des manuels purement sénégalais qui accompagnent le programme sénégalais», ajoute Ibrahima Thiam. Car aujourd’hui, a-t-il tenu à faire savoir, «nous voyons des confusions chez beaucoup de profs. Vous voyez un prof dans un établissement qui définit une notion de telle façon, un autre la définit d’une autre façon. Parce que, celui-ci utilise un manuel français et l’autre utilise un manuel anglais. Dans ce dilemme, l’élève est le seul perdant car c’est lui qui sera évalué et corrigé. D’où la nécessité pour nous professeurs qui avons aussi nos enfants dans le système éducatif de décliner notre vision pour un système éducatif de qualité».
Théodore SEMEDO