L’hôpital de Pikine se remet difficilement de la mauvaise publicité que lui a faite l’affaire Aïcha Diallo. La direction qui s’est emmurée derrière un silence de cathédrale interdit l’accès à la presse pendant que les accompagnants crachent leur colère.
Quarante-huit heures après le décès tragique de la jeune Aïcha Diallo, 12 ans, l’affaire défraie la chronique et déchaine les passions en banlieue. Ce qui contraste avec l’ambiance de l’hôpital où nous sommes retournés hier. En effet, après la sortie musclée de la famille contre la Direction de l’hôpital, c’est un silence de cathédrale qui règne sur les lieux où les contrôles sont renforcés. Les visiteurs qui viennent voir des malades sont maintenus à distance, sur des bancs, devant la porte de l’hôpital où les vigiles sont intraitables. Informés des raisons de notre visite, ils nous ont catégoriquement refusé l’accès. «Pour la presse, nous avons reçu des consignes strictes. Pas question de laisser faire un reportage par un journaliste sans autorisation écrite de la Direction. Donc, il faut écrire à la Direction pour avoir une autorisation», nous signifie-t-on au portail principal.
Faute de personnel sanitaire, ce sont les accompagnants des malades qui se lâchent devant les micros. Et c’est pour dénoncer le système d’accueil de l’hôpital. «L’accueil au niveau de l’hôpital est désagréable. Pour un visiteur, s’il n’est pas là entre 06 heures et 07 heures, le matin, ou à 17 heures, l’après- midi, il est éconduit comme un malpropre. Même pour communiquer avec son malade ou lui remettre de la nourriture, c’est la croix et la bannière», dénonce Aïda Ndiaye qui habite Thiaroye Gare. Un avis que partage Maïmouna Keïta venue de Pikine. «C’est difficile, ce qui se passe ici. On ne t’autorise pas à passer la nuit avec ton patient comme dans les autres structures hospitalières», regrette-t-elle.
Adja Sarr, venue de Keur Massar, emboite le pas aux précédentes femmes. «Tout ce que l’on dit sur cet hôpital est vrai. Les gens qui y travaillent n’ont aucun respect pour les malades et leurs accompagnants. C’est triste et j’en profite pour dénoncer cette situation», souligne-t-elle. Ce qui n’a pas laissé indifférente la députée de la diaspora, Mame Diarra Fam, qui habite Guinaw rails Nord. Cette dernière qui se dit écœurée par les circonstances de la mort tragique d’Aïssata Diallo dite Aïcha a déploré le mauvais accueil dans la structure hospitalière avant d’exiger la lumière sur ce drame. Madame Fam a aussi réclamé un nouveau statut pour l’hôpital de Pikine, la révision des tarifs mais aussi l’amélioration du système d’accueil. «Quand je suis allée à l’hôpital, j’ai vu des patientes couchées par terre. C’est un fait que je déplore et qui n’honore pas notre pays. Les autorités doivent prendre des mesures et situer les responsabilités pour améliorer l’offre sanitaire», conclut Mame Diarra Fam.
Walf Quotidien