Le ministre comorien des Affaires étrangères, Mohamed Bacar Dossar, a exigé lundi des excuses du président français Emmanuel Macron, jugeant que sa plaisanterie sur les “kwassa-kwassa” était “choquante et méprisante”.
“Ce sont des propos choquants et méprisants. Le peuple comorien a droit à la dignité et des excuses sont nécessaires”, a déclaré lundi à l’AFP le ministre comorien des Affaires étrangères, Mohamed Bacar Dossar. A l’occasion d’un déplacement en Bretagne jeudi dernier, Emmanuel Macron avait plaisanté au sujet de ces frêles embarcations sur lesquelles périssent de nombreux migrants comoriens tentant de rejoindre Mayotte, le département français voisin. “Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent”, avait alors lancé le Président lors d’un échange avec des responsables d’un centre régional d’observation et de sauvetage.
Des propos qui ne sont pas passés. “L’emploi du mot ‘du’ est méprisant, nous sommes choqués, on attend une mise au point sérieuse de l’Elysée. J’ai convoqué l’ambassadeur de France pour lui faire part de notre indignation”, a ajouté le ministre Mohamed Bacar Dossar.
“Ce n’est pas un sujet qui se prête à l’humour…”
Pour le chef de la diplomatie comorienne, “il y a un contexte douloureux lié aux kwassa-kwassa que Macron ne peut ignorer”. “Il y a de nombreuses pertes en mer entre Anjouan et Mayotte […]. Des familles perdent des proches, des fils, des enfants… Ce n’est pas un sujet qui se prête à l’humour… C’est cela qui a choqué les Comoriens”, a-t-il déclaré.
La présidence comorienne a quant à elle déploré une “déclaration inconsidérée” à mettre “sur le compte de la jeunesse”. “Les traversées périlleuses des Comoriens entre Anjouan et Mayotte est un sujet qui mérite plus que la plaisanterie ou le sarcasme”, a déclaré à l’AFP Said Ali Said Ahmed, le conseiller chargé de la communication du président Azali Assoumani. “Mais maintenant que le président Macron a mis le sujet sur la place publique d’une façon inappropriée, il convient de trouver une solution à ce drame”, a-t-il ajouté.
Entre 7.000 et 10.000 morts depuis 1995
Face à l’indignation, l’Elysée avait reconnu samedi “un trait d’humour malheureux qui a pu blesser”. “La blague est malheureuse”, concédait l’Elysée au JDD dimanche.
Les migrants, qui partent notamment de l’île comorienne d’Anjouan, empruntent ces “kwassa-kwassa”, des embarcations de fortune, pour rallier les côtes de Mayotte illégalement, parfois au péril de leur vie. Ces traversées ont causé “entre 7.000 et 10.000 morts depuis 1995”, selon un rapport du Sénat français de 2012.
texte JDD