CHRONIQUE DE SIDI
Le Tout-puissant avait croisé leurs chemins. Mouhamed (PSL), conduisant certaines des caravanes marchandes de Khadija, avait fini par forcer le respect de son employeuse en se montrant serviable et intègre. Sa grande personnalité et son charisme avaient également retenu l’attention de Khadija. Cette dernière, sûre de ses sentiments, ne les garda pas pour elle-même. Quand Mouhamed (PSL) en fut informé, sa réflexion ne dura pas une éternité. Il en parla à son oncle paternel Abu Talib qui l’encouragea à épouser Khadija. Le destin les réunit. Khadija avait un homme de confiance, une aile protectrice, Mouhamed (PSL) aussi trouva la grande dame qu’il lui fallait pour entreprendre de divines et gigantesques choses.
Il n’avait pas encore reçu la Révélation mais avait commencé à se distinguer. C’est le Tout-Puissant lui-même qui s’était chargé de son éducation. Il fit de sorte que personne ne put se targuer d’avoir fait de lui ce qu’il est, en le faisant, très tôt passer par de nombreuses personnes. Seuls les hommes dotés de certaines connaissances avaient pu déceler en lui le grand destin qui l’attendait et ne restèrent pas longtemps avec lui. Waraqa fils de Nawfal, que nous avons vu dans le chapitre précédent lui dit un jour : «j’aurais bien aimé être là, le jour où les Mecquois te forceraient à quitter la ville ». Mouhamed (PSL) l’interrogea et s’interrogea : Comment ça on va me pousser à l’exil ? Il n’avait que trente ans. Il ne savait pas encore.
Quelque temps après cet échange, un déluge fit de nombreux dégâts à la Mecque. La Kaa’ba n’échappa pas à la furie des eaux. Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, celle-ci a été installée à un endroit précis et d’Adam à Ibrahim et Ismaël qui l’ont rebâtie, en passant par Nüh, elle demeura figée sur place comme pour représenter l’axe du globe. Quand les eaux ébranlèrent ses murs, les Qureshi décidèrent d’anticiper son écroulement qui n’était pas assuré, en la réhabilitant. On se répartir les tâches et chacune des quatre grandes familles hérita d’un côté à refaire. Ainsi, l’édifice s’éleva et la Kaa’ba reprit sa splendeur d’antan. Si jusque-là tout s’était bien passé, la finition des travaux ne fut pas aussi simple. Il y avait, à l’intérieur de la Kaa’ba, une Pierre noire sacrée. Il se disait entre Mecquois qu’elle y était depuis la nuit des temps, qu’elle donnait à tout l’édifice le caractère divin qu’il reflétait. Et chacune des quatre familles voulait avoir le privilège de la reposer à sa place. Il s’en suivit une querelle sans dénouement. Ne trouvant pas de solution et ne pouvant guère s’étriper, ils se résolurent à trouver un arbitre pour les départager. Ils convinrent que le premier homme qui entrerait par la porte d’As-Safâ (une des portes donnant accès à l’intérieur de la Kaa’ba) serait leur arbitre. Et Mouhamed (PSL) y passa. Ils s’écrièrent tous : « Voici Al-Amîn (le Loyal) nous acceptons son jugement». Mouhamed (PSL) accepta volontiers de leur servir d’arbitre. Et après les avoir bien écoutés, il prit sa cape et la déroula. Il demanda à chaque famille de désigner quelqu’un. Sur sa demande, les quatre roulèrent ensemble la Pierre noire au milieu de la cape, dont ils tenaient chacun un bout, la déplacèrent et remirent ladite pierre à sa place. Le problème fut réglé à l’amiable, les constructions bouclées dans la complicité et l’entre-aide et Mouhamed (PSL) montra sa grande sagesse qui n’avait pas attendu la Révélation.
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Par Sidi Lamine NIASS
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