Le Conseil électoral supérieur turc (YSK) a annoncé dimanche en plein référendum que les bulletins ne comportant pas le tampon officiel du bureau de vote seraient tout de même valides, suscitant une levée de boucliers de l’opposition.
Les Turcs se prononçaient sur une révision constitutionnelle qui prévoit notamment la suppression du poste de Premier ministre au profit d’un hyperprésident qui concentrerait entre ses mains de vastes prérogatives. Le scrutin contenait un bulletin unique marqué d’un sceau officiel, séparé en deux: un côté blanc portant le mot “oui”, un brun avec le mot “non”. Pour voter, les Turcs devaient marquer le côté qu’ils souhaitaient avec un tampon marqué du mot “Préférence”.
Mais dans l’après-midi, le YSK a annoncé, dans une déclaration publiée sur son site, avoir reçu de nombreuses plaintes affirmant que certains électeurs s’étaient vu remettre des bulletins de vote sans tampon officiel. Il a ainsi été décidé que les bulletins concernés seraient tout de même considérés comme valides, “à moins qu’il y ait des preuves qu’ils aient été apportés de l’extérieur”.
L’opposition s’est insurgée contre cette décision qui pourrait, selon elle, faire pencher la balance en faveur du oui dans ce scrutin âprement disputé. Bülent Tezcan, vice-président du principal parti d’opposition (CHP, social-démocrate) a appelé le YSK a “revenir immédiatement sur cette erreur”, et appelé le YSK à prendre des mesures pour garantir que les élections se tiennent dans le cadre de la justice, selon l’agence progouvernementale Anadolu.
Même colère pour le député CHP Sezgin Tanrikulu: “On ne peut pas changer les règles du jeu après le début du match”, a-t-il déclaré. “Il faut revenir sur cette décision pour que les élections soient justes et honnêtes.” “Une décision scandaleuse” qui “ouvre la voie à de la fraude”, a tweeté pour sa part Sinan Ogan, un ancien cadre du parti nationaliste MHP expulsé, qui a fait campagne pour le non malgré la ligne officielle de son parti.
Le “oui” en tête
Après dépouillement des bulletins de vote provenant de 90% des urnes, le oui était en tête avec 52,7%, selon les résultats partiels publiés Anadolu. Les Turcs ont voté dimanche sur une révision constitutionnelle visant à remplacer le système parlementaire par un système présidentiel.
Les Turcs ont voté dimanche sur une révision constitutionnelle visant à remplacer le système parlementaire par un système présidentiel, une mesure qui bouleverserait le système de gouvernance de la Turquie, membre important de l’Otan et partenaire de l’Union européenne.
Aux termes de cette réforme, le pouvoir exécutif serait détenu par le président, la fonction de Premier ministre serait supprimée et M. Erdogan pourrait rester au pouvoir au moins jusqu’en 2029.Selon le président Erdogan, cette réforme est nécessaire pour doter la Turquie d’un exécutif fort et stable, pour lui permettre de faire face à d’importants défis économiques et sécuritaires.
Mais ses détracteurs dénoncent un texte écrit sur mesure pour satisfaire les ambitions de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté de juillet.La campagne référendaire a été marquée par un traitement médiatique inéquitable en faveur du oui, le camp du non dénonçant en outre de multiples pressions.
Erdogan félicite les partis engagés pour le OUI
Le président de la République, Recep Tayyip Erdogan, a appelé dimanche soir le Premier ministre Yildirim, le leader du MHP (Parti D’Action Nationaliste) Bahceli, et le président du BBP (Parti de la Grande Unité) Destici, pour les féliciter de la victoire obtenue au référendum, a annoncé l’agence Anadolu.
D’après des sources au sein de la Présidence turque, le chef de l’Etat a appelé les leaders des partis politiques qui ont fait campagne en faveur du OUI concernant le référendum constitutionnel organisé ce dimanche 16 avril en Turquie. Le président Erdogan a félicité MM. Yildirim, Bahceli et Destici pour les campagnes réalisées par chacun des partis et pour les résultats obtenus dans ce scrutin. Le chef de l’Etat s’est aussi félicité de l’expression de la volonté du peuple, ajoute l’agence de presse Anadolu.
Belga