A l’heure du bilan, que retenir de la visite dite d’Etat du président Sall en France ? Comme beaucoup de compatriotes, je n’entends que les sifflements du Train express régional pas encore sur les rails. Qu’une passerelle soit érigée pour ceux-là qui ne voudront pas emprunter ces trains de la honte durant leur exploitation par la France.
Ce que le président Macky SALL a fait en France, lors de sa visite dite d’Etat, n’est pas moins choquant que le couronnement de Jean-Bédel Bokassa comme empereur de la Centrafrique. Au-delà de l’accueil qui a le plus focalisé les attentions et la bénédiction pour s’engager militairement en Gambie, Macky SALL a donné tort à ceux qui pensaient que naitre après les indépendances pouvait prémunir contre l’assujettissement nourrit de complexe. Que le Sénégal soit plus que jamais sous le joug de la France n’est pas une donne inconnue des Sénégalais qui le constatent quotidiennement. Mais contrairement à ce que beaucoup d’entre eux pensent, c’est le président WADE, lui-même, qui avait ouvert la porte du Sénégal à Eiffage. Le contrat portant extension de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, de conception, de financement, de construction, d’exploitation et d’entretien été conclu le 02 juillet 2009 entre l’Etat du Sénégal et les Sociétés Eiffage SA et Eiffage Sénégal SA et transféré à la Société SENAC SA. Mais si Eiffage dispose, comme l’indique ironiquement un journal marocain, d’une intarissable vache à lait ; avec un gain estimé à quelques 644 millions d’euros pour un investissement de 40 millions d’euros, c’est grandement par le fait de Macky SALL. Tout comme il a aidé Bolloré, qui a été évincé au profit de DP World, à remettre les deux pieds au Port autonome de Dakar avec un bail, tenez-vous bien, de 25 ans. Même chose pour le groupe français Necotrans qui a mis la main sur le terminal vraquier du Port de Dakar avec un contrat signé en 2014 pour une durée de 25 ans.
Mais, le plus grave et le plus désolant, c’est sans nul doute la façon dont le Train express régional a été partagé entre entreprises françaises. Mais plus du partage lui-même, c’est la façon qui est plus écœurant. Stéphane Volant, secrétaire général de la SNCF, indiquait vouloir remettre en pied en Afrique de l’Ouest, grâce aux accords qu’il entendait signer avec l’Etat du Sénégal. Maintenant, on peut dire que le président SALL a mis, au-delà du pied, tout le corps français au Sénégal. La parole présidentielle de François Hollande était mise à rude épreuve pour avoir assuré que le site d’Alstom resterait en vie. «François Hollande tente de reprendre la main après qu’Alstom a annoncé mercredi (7 septembre) l’arrêt de la production de trains sur le site d’ici 2018. La décision du groupe industriel, arguant d’une pénurie de commandes, mettrait en péril l’avenir de 400 salariés». La fermeture de l’usine était presque actée, quand de manœuvre à manœuvre, de visite en visite, de Stéphane Le Foll et de Manuel Valls, le Sénégal de Macky SALL a accepté de jouer le rôle du pigeon. Sous le sceau d’une visite d’Etat, il s’est déplacé jusqu’en France pour donner à l’usine de quoi tenir pour quelques autres années et une bouée de sauvetage à un Hollande qui n’a plus que quelques jours à passer à l’Elysée. Ainsi, le Sénégal emprunte de l’argent à la France, 200 millions d’euros dégagés notamment par l’Agence française de développement, pour passer la commande chez Alstom, et traîner une dette à solder avec des intérêts en sus. Et, pour payer la dette, inutile de compte sur le profit généré par les TER. Car, si le Sénégal, donne le marché de l’exploitation conformément aux attentes de Stéphane Volant et de la SNCF, aucun sous ne sera tiré des trains. Et ce, durant de très nombreuses années. Comme avec le bail de 30 ans accordé à Eiffage.
Dans un contexte mondial où le protectionnisme est devenu le crédo de beaucoup d’Etats, Macky SALL ne jette pas son dévolu sur la France par un simple hasard. Partout où Abdoulaye WADE s’est évertué à allumer le feu, il vient jouer le sapeur-pompier efficace. Il n y a pas de hasard.
Mame Birame WATHIE