Du foncier au détournement en passant par le prolongement de l’affaire Karim Wade, au sujet du compte bancaire de Singapour, et celle impliquant ses lieutenants (Toussaint Manga et autres), plusieurs dossiers seront examinés par la Justice, en décembre.
L’affaire Ndiaga Diouf qui met sur la sellette Barthelemy Dias ouvre le bal des dossiers brûlants du mois de décembre. Ce sera au Palais de justice de Dakar, ce 1er décembre. Il ne s’agit pas du procès contre les régies publicitaires qui l’avaient trainé en Justice, pour avoir détruit des panneaux publicitaires érigés sur son périmètre communal. Cette fois, Dias-fils et d’autres prévenus comparaissent dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf qui a connu plusieurs rebondissements. Le Parquet n’a pas tardé à enrôler ce dossier de Dias-fils, après que l’Assemblée nationale a levé son immunité parlementaire. Cette histoire consécutive à la mort du jeune nervis, en 2011, lors de l’attaque de la mairie de Mermoz Sacré-Cœur.
Mais il n’y a pas que ce dossier qui est inscrit au rôle du Tribunal correctionnel de Dakar. A la même date, l’affaire du dancing Five, situé aux Almadies, sera en procès. A l’origine de cette affaire, une plainte de Sakhir Kébé pour «faux et usage de faux en écritures privées» et «escroquerie» contre ses collaborateurs Abdou Makhane Owens Ndiaye et Latyr Diop à qui il avait confié la gestion du bar-restaurant. Selon l’accusation, ces derniers ont profité de l’absence de M. Kébé, véritable propriétaire de la boîte ayant passé plusieurs années en Europe, pour changer les papiers qu’ils mettront en leurs noms. Mis au parfum de cette situation, il s’en ouvrira au gouverneur de Dakar qui, à son tour, va signer un arrêté portant la fermeture du bar-restaurant à l’enseigne V, sis sur la route de Ngor. Il va aussi procéder à l’annulation de l’arrêté numéro 00341/GRD/AA/BPC du 10 décembre 2014 portant modification d’enseigne du bar-restaurant-dancing «11th Avenue 5», pour les motifs suivants : «Dossier non conforme à la loi relative à la police des débits de boissons et à la répression de l’ivresse public, non-respect des procédures en matières de mutations». Seulement, les faussaires ont procédé à la réouverture du complexe objet du contentieux sans autorisation du juge.
Prolongement de l’affaire Karim
Deux semaines après ces deux affaires, une autre sera examinée par les juges : l’affaire Karim Wade contre Papa Alboury Ndao. Le fils de l’ex-président Wade a porté plainte contre l’expert, suite aux révélations sur le compte bancaire de Singapour. Wade-fils est d’autant plus engagé à poursuivre la bataille judiciaire, car dans son verdict rendu en mars 2014, la Crei avait considéré qu’aucune preuve n’a été rapportée attestant de l’existence dudit compte. Malgré cela, le prévenu sera relaxé en première instance. Mais il va comparaitre, à nouveau, sur appel de Karim. Ce procès en appel est retardé par l’absence de ce dernier. C’est d’ailleurs le motif invoqué par les parties prenantes pour solliciter et obtenir le renvoi du procès, au 19 décembre. Pour Me Demba Ciré Bathily, avocat de la partie civile, si son client n’est pas venu aux précédentes audiences, «ce n’est pas de son propre gré». Une position que ne partage pas son confrère de la partie adverse, Me Ndéné Ndiaye de la défense. Pour qui la partie civile avait promis de faire comparaitre son client, mais en vain. «Aujourd’hui, nous tenons à ce que le dossier soit plaidé», dixit Me Ndiaye.
Ex-patronne du Fonds de promotion économique (Fpe) sous le régime libéral, Ndèye Khady Guèye va comparaître le 15 décembre de l’année en cours. Elle doit d’expliquer sur un présumé détournement de deniers publics estimé à 1,89 milliard Frs Cfa. Epinglée par le rapport de la Cour des comptes qui a relevé des malversations dans sa gestion, entre 2008 et 2012, on lui reproche «d’avoir utilisé l’argent du Fpe pour financer ses entreprises personnelles comme des mutuelles d’épargne dont Xel Dalnaa à son nom». Cette affaire lui avait valu un séjour carcéral de 14 mois, avant de recouvrer la liberté, par le biais d’une liberté provisoire.
Foncier, escroquerie, détournement…
Au 22 décembre de l’année finissante se tiendra le procès Toussaint Manga et Cie, poursuivis pour «rassemblement illicite ayant causé des violences et des destructions de biens d’autrui et dégradation des biens de l’Etat». Le secrétaire général de l’Union des jeunesses libérales travaillistes (Ujtl) et ses acolytes (Moussa Mané, Serigne Abo Mbacké Thiam, Fatou Ndao et Abdourahmane Ly) ont été arrêtés suite à des manifestations survenues après la condamnation de Karim Wade à six ans, pour enrichissement illicite, par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Selon l’accusation, ces libéraux qui avaient manifesté à Fann Résidence se sont illustrés par des actes de vandalisme. Et c’est dans ces circonstances que Toussaint et ses camarades seront mis en prison, à l’exception de Fatou Ndao. Mais ils vont tous bénéficier d’une liberté provisoire, après un bref séjour carcéral.
Le 8 décembre 2016, les juges vont se pencher sur le dossier du Collectif des acquéreurs de Gadaye, un contentieux vieux de trois ans. Il s’agit d’un litige foncier portant sur 13 hectares. Les plaignants ont traduit en Justice la personne qu’ils accusent avoir pris possession de leurs terres qu’ils déclarent avoir acheté auprès de la famille Diop. S’insurgeant contre la démolition de 253 parcelles déjà construites, ils dénoncent une perte d’investissement de plusieurs millions de Frs Cfa.
Tribunal militaire
Au dernier vendredi de décembre va siéger le Tribunal militaire. Juridiction ordinaire à formation spéciale, il est chargé de juger les hommes de tenue, jusqu’au grade de capitaine inclus, poursuivis pour des infractions militaires commises dans le cadre du service. Dominée par le délit de «désertion en temps de paix», la prochaine audience du Tribunal militaire se tiendra le vendredi 30 décembre 2016.
Pape NDIAYE