Abi : voyance
Je n’ai pas dormi cette nuit. Mon mari me boude et en plus je viens d’apprendre que ma coépouse est enceinte. Elle n’a pas trainé celle – là. Voilà une qui veut bien ferrer son mari, pif. Je me suis tournée et retournée dans le lit remettant en question tout. Est – ce trop tard pour récupérer mon mari ? Où est – ce que j’ai failli ? Quand je retourne en arrière, je me dis que peut – être que j’aurai dû être plus à son écoute, j’aurai dû faire plus de compromis. Je me suis plus focalisée sur le plaisir des autres que sur celui de mon mari. Il m’a toujours reproché le fait de n’être jamais à la maison, le fait de gaspiller autant d’argent dans ces fêtes, en un mot le fait d’être la femme de sa famille. Les choses entrainant les autres, on a fini par s’éloigner l’un de l’autre car je n’en ai fait qu’à ma tête. Aujourd’hui, je veux reconquérir mon mari mais je m’y prends très mal avec cette jalousie qui me ronge chaque jour un peu plus. Ma mère m’appelle tous les jours pour qu’on aille chez le fétichiste. Elle veut que je ferre mon mari et qu’il n’ait d’yeux que pour moi. Mais je n’ai jamais aimé ces trucs, je n’y crois même pas sinon comment se fait – il que mon père ait quitté maman ? Boff…
C’est dans ces réflexions que je finis par me lever pour aller regarder un film, je ne sais même pas vers quelle heure je me suis endormie sur le fauteuil.
- Abi, Abi… réveille-toi… Je soulève lourdement les yeux. Son parfum d’after shave me titille les narines. Malick se tient accroupi devant moi me regardant avec dédain. Le temps que je me relève, il avait tourné les talons. Je remarque qu’il est déjà habillé, pourtant il fait encore sombre. La montre indique 6H21. Je m’étire grandement et me lève rapidement pour suivre ces pas.
- Tu es bien matinal, lui dis – je avec hésitation. Il continue son chemin et va ouvrir le frigo pour un sortir du jus d’orange. Toujours sans me regarder ni dire un mot, il va s’installer à la table à manger pour se servir un verre. Je déteste quand il m’ignore comme ça. Je me dirige vers le placard et commence à m’acquitter de mon rôle de femme. Quand je dépose les pots de café et de sucre devant lui, il dit en se levant.
- Merci mais je suis pressé.
- Il est à peine 6 heures et demi Malick, il faut qu’on parle….
- De quoi, demande t – il en croisant les bras sur sa poitrine, le visage très attaché. Je balbutie un tout petit.
- Excuse-moi pour hier, je ne savais pas pour Aicha, balbutiais – je en baissant la tête.
- Ok, répond-il froidement avant de tourner les talons. Je lui prends rapidement le bras.
- S’il te plaît Malick, c’est déjà assez dur pour moi, hoquetais – je. Il reste quelques secondes sans bouger, alors que mes larmes tombaient à grosse gouttelettes sur ma joue. Sans que je m’y attende, il me prend dans ses bras et me serre très fort.
- C’est énervant et décevant de voir que tu me manques autant de confiance et de respect.
- Je suis désolée, j’ai tellement peur de te perdre.
- Dans ce cas arrête tes crises de jalousie, arrête tes trucs de concurrence et autres. Tous ce remue-ménage ne sert à rien Abi et je te l’ai dit apprend à mieux me connaitre au lieu d’entrer dans des futilités qui vont finir par m’éloigner de toi.
- Je vais changer Malick pour toi, je ferai tout. Il se détache de moi, essuie ma joue et me donne une bise.
- Il faut que j’y aille maintenant, à ce soir bébé. Je réponds à son sourire, toute heureuse.
- Ce soir, tu auras une belle surprise.
- Sucré ou pimenté, répond-il d’un ton espiègle. Mon sourire s’agrandit encore plus, comme j’aime cet homme.
- Les deux à la fois.
- Petite coquine, j’attends de voir, finit-il en me pinçant la joue avant de partir.
Comment se fait – il que les hommes exercent autant de pouvoir sur nous. Ils te trompent ou te trouvent une coépouse et c’est toujours nous qui continuons à courir derrière eux, toujours. Hier j’étais en pleure total, complétement découragée. Il a suffi qu’il me sourit pour que je fonde comme une glace au milieu du soleil de midi, thim niak diom (sans aucun courage).
Il est presque huit heures quand je dépose les enfants à la maison, direction chez Fatou, la voyante. Depuis dix jours ma mère me harcèle pour qu’on aille la voir mais je préfère y aller toute seule. Il faut le reconnaitre, je dois arrêter d’écouter ses conseils. Qu’est – ce que cela m’a apporté, rien du tout, au contraire. Si je suis aujourd’hui dans cette situation avec Malick c’est surtout à cause d’elle. A quoi bon de bâtir une maison sans toit. Ma mère m’a toujours dit qu’en mettant la famille de mon mari dans la poche c’est sûr qu’il allait être totalement à moi. J’ai suivi ma mère dans ses délires en faisant fi des protestations de mon mari. Voilà le résultat, le gars me remercie en prenant une autre femme.
Devant le grand immeuble des HLM qui se tient devant moi, je ferme les yeux, tentant de me rappeler l’étage où se trouve Fatou la voyante. Cela fait plus de deux ans que je ne suis pas venue mais ma mère elle, c’est chaque mois. Je me suis finalement dit, à quoi bon de prédire tout le temps l’avenir si on sait qu’on ne peut pas échapper à son destin ? Alors vous vous demandez surement ce que je fais ici ? J’ai peur, vraiment peur que cette fille n’utilise la sorcellerie pour me séparer de Malick. Il faut que je sache ce que l’avenir me réserve dans ce mariage à trois. Et si Fatou confirme mes doutes alors je prendrais mes précautions.
Dès que je suis entrée dans la maison, elle m’a reçu. J’ai bien fait de venir tôt car à partir de 10 h, les clients commencent à s’affluer alors qu’elle ne reçoit que dix par jour. En tout cas, son métier de voyante est très rentable puisque chaque séance est taxée à dix mille francs. On m’a fait patienter pendant plus d’une demi-heure dans la salle familiale bien décorée à l’africaine. De deux fois, j’ai entendu Fatou rouspéter dans le couloir.
- Alors ma fille, tu es bien matinale, dit Fatou avec une mine bien fâchée.
- Bonjour maman, excuse-moi de te déranger si tôt mais je doublerais la séance.
- Hum, sourit – elle avant de disparaitre et de revenir avec mes matérielles. Elle lance ses cauris sur son gros plateau multicolore fait de tige de cocotier. Pendant cinq à dix minutes, j’ai écouté le son presque musical des cauris qui virevoltaient entre ses mains avant de se disperser sur le plateau. Elle est si concentrée qu’elle te donne l’impression d’être seule au monde. Mon cœur bat tellement vite qu’il va exploser d’une minute à l’autre. Et là elle relève la tête et me regarde en plissant les yeux.
- Je vois beaucoup de jours sombres devant toi ma chérie. Tu vas avoir beaucoup de problèmes avec lui.
- Va- t – il me répudier, demandais – je d’une voix cassé.
- Non, je n’ai pas vu ça mais tu vas souffrir.
- A cause d’elle ? Est – ce qu’elle utilise la sorcellerie ?
- Non mais votre mari n’a d’yeux que pour elle et c’est ce que vous n’allez pas supporter. Je frissonne en entendant ce qu’elle vient de dire.
- Est – ce qu’il y a un moyen pour que mon mari revienne vers moi ?
- Ce n’est pas la peine puis ce que le mariage ne durera pas. Je me redresse en la regardant droit dans les yeux.
- Vous pouvez répéter.
- Ils vont se séparer rapidement, au plus un an de mariage.
- Ah bon ? Comment ? Pourquoi ?
- Je ne sais pas ma fille. Je ne peux pas voir la vie d’une autre mais là je sais juste qu’ils vont se séparer.
- Pour toujours ?
- Je ne sais pas. Comme je vous l’ai dit je ne peux voir…
- Ok, ok j’ai compris. Et mon mari, il va revenir vers moi.
- C’est tout ce que j’ai vu.
- Merci, dis – je avec un grand sourire. En la quittant je suis tellement soulagée et si heureuse. Ils ne vont pas rester ensemble et c’est tout ce qui compte pour moi.
Malick : la plainte
J’ai eu une nuit affreuse tellement je pensais à Aicha. Je sais que c’est égoïste mais je n’ai envie d’être qu’avec elle. Quand j’entre dans la chambre, je la trouve bien endormie. J’ai enlevé ma veste et mes chaussures et je me suis faufilé dans le lit. J’avais trop envie de la prendre dans mes bras, de sentir sa respiration, la chaleur de son corps. Tout de suite elle s’est réveillée et m’a lancé un de ces regards qui me fait fondre.
- Tu m’as manqué tu sais, dit – elle d’une voix ensommeillée avec les yeux à demi clos. Je lui donne une bise et la serre encore plus dans mes bras. J’ai senti le désir monter, il ne faut pas mec, me sermonnais – je. Elle se relève avec son sourire moqueur et fait non de la tête.
- Petit voyou, n’y compte même pas.
- T’inquiète, je ne vais rien faire, c’est qu’avec lui je ne sais plus quoi faire. Je n’arrive pas à le discipliner.
- Amène-le à l’armée. On éclate de rire.
- Au fait j’ai dit à ma mère que tu es enceinte, elle est toute heureuse et va surement passer te voir. Oumi aussi…
- Suzanne est passée hier.
- Oui elle m’a dit.
- Et Abi ?
- Elle était là quand je l’ai dit à ma mère.
- Carrément. Tu aurais pu faire une annonce à la télé.
- C’est une bonne idée ça.
- Malick Kane, toi aussi, je suis seulement à dix jours et toi tu ameutes toute la planète.
- Je ne vois pas où est le mal.
- Ma mère a raison dé, tu es un vrai toubab. Tu aurais dû attendre que la grossesse soit au moins à deux ou trois mois….
- Pif, ne me dis pas que tu crois à ces bêtises. Elle ne dit rien et me donne l’impression d’avoir peur pour quelque chose.
- Tu crois….Non laisse tomber.
- S’il te plaît dis-moi. Qu’est – ce qui te tracasse ?
- Je ne veux pas que tu le prennes mal.
- Dis-moi lui souriais – je pour l’amadouer.
- J’espère qu’Abi n’est pas le genre à user de sorcellerie pour atteindre mon bébé. J’ai de suite reculé
- Ne te fâche pas s’il te plaît, c’est juste que j’ai grandi dans une famille où j’ai vu et entendu toute sorte de méchanceté entre coépouse, frère et sœur et encore….
- Tu as raison, ma mère m’a aussi raconté plein de trucs de ce genre et ma sœur en est l’exemple parfait. Mais avec Abi, tu n’as rien à craindre. Je la connais depuis toute petite et je peux te jurer qu’elle ne fera rien pour te nuire. Elle va juste sortir ces artilleries et m’en mettre plein la vue. Tu devrais te réveiller toi aussi et commencer ces trucs de femmes-là qui font chavirer les hommes. Car si Abi continue sur cette lancée humm….je plisse les yeux et me mord la lèvre. Je n’ai jamais vu Aicha jalouse c’est pourquoi je la taquine. Elle me frappe sur l’épaule en riant, avant d’ajouter.
- Déjà que tes piqures me fatigue si je me mets à te charmer tu vas m’achever finalement. Elle n’a qu’à bien te gâter jusqu’à tu n’es plus assez de force quand tu reviens chez moi.
- Je suis insatiable quand il s’agit de toi, lui murmurais – je avant de lui mordre l’oreille. J’ai senti son corps frémir et ses yeux virer au marron. Tu es trop réceptive Aicha ; si je m’écoute, je vais te faire l’amour-là et tout de suite. Je suis parti m’assoir dans le fauteuil loin d’elle pour diminuer la tension. Nous avons continué à nous taquiner et je l’ai quitté vers neuf heures. Elle voulait coute que coute y aller avec moi et m’a supplié de mille façons. J’ai fini par accepter que Suzanne lui amène quelques-uns de ses dossiers à traduire. Avant de quitter la clinique je suis passé voir le docteur pour avoir tous les papiers concernant son hospitalisation. Le fait qu’elle ait failli perdre ce bébé à cause de cette… me met encore plus en colère. Elle va me le payer et le plus tôt sera le mieux.
Je suis arrivé au bureau vers neuf heures et quelques et j’ai tout de suite appelé Maitre Guirane. Il m’a fait savoir qu’elle recevra la plainte avant midi. Je lui ai remis le dossier de l’hôpital et lui ai demandé d’accélérer ma requête auprès du juge. Je ne voulais plus que cette folle s’approche de moi ou de ma femme à plus de cent mètres. Maitre Guirane m’a fait savoir qu’il avait rendez – vous avec le juge dès lundi. Soulagé, je me reconcentre sur mon dossier. J’ai essayé tant bien que mal de reporter mon voyage vers la Guinée mais je vois que c’est impossible. Si je n’y vais pas, je risque de perdre mon client. Bref j’étais hyper concentré quand la porte du bureau s’est ouverte brusquement avec Mr Cissé le père de Marianne à l’entrée.
- Je suis désolé Monsieur, mais il n’a pas voulu attendre que je l’annonce, dit Daouda en essayant de le retenir par le bras.
- C’est bon Daouda. J’ai beaucoup de respect pour cet homme car il a réussi là où beaucoup ont échoué. Aujourd’hui avec sa marque, les tissus africains se vendent un peu partout dans le monde. Sa faiblesse est sa petite fille chérie. Il me regarde avec une telle haine que j’en frissonne mais je ne me laisse pas décontenancé, au contraire.
- Que puis – je faire pour vous, demandais – je avec mépris. Il fait un rictus amer et lève les bras au ciel.
- Je veux rompre le contrat qui me lie à votre cabinet.
- D’accord, je vais rassembler les dossiers et vous l’envoyer d’ici mercredi, dis – je avec détachement. Il se fige et me regarde décontenancé. Il croyait surement que j’allais le supplier ou lui dire que je laisse tomber pour sa fille. Shhhip, il ne me connait pas.
- Vous avez vraiment de toupet Malick Kane. Alors que je suis occupé à soigner le cœur brisé de ma fille, vous revenez à la charge pour l’achever. Vous croyez que je vais vous laisser faire ?
- Vous a t – elle dit au moins ce qu’elle a fait ?
- Sa réaction est tout à fait normale. Ma fille est tombée amoureuse de vous dès le premier jour de cette fameuse réunion. Vous lui avez fait croire à un mariage pendant deux ans et l’avez jeté comme un kleenex.
- Vous êtes son père et c’est normal que vous croyez en sa version. Mais sachez que notre histoire est finie depuis le jour où elle m’a demandé de choisir entre ma première femme et elle. Je le vois tiquer mais continue de me regarder méchamment. Ce mariage avec votre fille, je le voulais mais elle m’a imposé cette condition que j’ai refusée. Alors je n’ai rien à me reprocher. Hier ma femme a failli perdre son bébé à cause de sa sauvagerie. Les vidéos sont là, le dossier médical aussi. Cette fois il s’assoit sur la chaise devant moi et se prend le visage entre les deux mains. J’ai soudain pitié de lui mais la sécurité de ma femme est primordiale et Marème est une fofolle. Mieux vaut prévenir que guérir.
- Ecoutez maitre, je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé et je vous jure que je veillerais à ce qu’elle ne s’approche plus de toi et de ta femme.
- Vous n’avez aucune emprise sur votre fille alors…
- Quand je le veux, oui ! me coupe t – il. Je ne dis rien et il continue. J’ai ouvert une grande boutique à Dubaï et je comptais l’envoyer là-bas le temps qu’elle se ressaisisse. Mais avec votre plainte, elle risque d’avoir une interdiction de sortie. Alors retirez là s’il vous plait. En plus je ne veux vraiment pas perdre un si bon avocat. Je reste une minute pensif avant de lui répondre.
- D’accord mais je vous jure que la prochaine fois j’irais jusqu’au bout. Il me sourit et se lève en me tendant la main que je prends avec soulagement. Au moins un problème de réglé, quoi qu’on dise, je ne voulais pas perdre un client aussi important.
Marianne : la revanche
Je suis dans mon appartement à tourner comme une lionne en furie parce que j’ai reçu la plainte de Malick ce matin. Comment peut – il me faire ça, moi Marianne Cissé, il va voir de quel bois je me chauffe, le traitre. Cette grue n’a encore rien vu ah. J’ai failli avoir une attaque quand j’ai appris ce mariage. Pourquoi autant de précipitation et surtout avec elle. Cette fille n’a rien de spécial, une vraie souillon.
- Salut ma chérie. Je me tourne vers Idrisse qui vient de sortir de ma chambre. Sa chemise blanche déboutonnée, son pantalon ouvert à moitié, il me regarde avec un sourire qui en dit long sur ce qu’il pense. On vient juste de faire sauvagement l’amour. Cet homme est le seul à m’apaiser quand je suis en ébullition. Il boutonne sa chemise tout en s’approchant de moi à pas de fauve. Il m’enlace tendrement en me faisant une bise mouillée à mon cou. Tu m’avais manqué tu sais dit – il.
- Hum, ne te fais pas trop d’illusion mon cher. J’avais juste besoin d’être divertie. Il se détache de moi et me lance un regard indéchiffrable.
- Qu’est – ce qu’il a de plus que moi Marie.
- Je suis sûr et certain que tu ne l’aimes pas et que c’est juste ton orgueil de fille gâtée qui ne supporte pas le fait qu’il t’a laissé pour cette fille. Je recule au maximum et ouvre mon peignoir le laissant admirer mon corps de rêve.
- Je ne suis pas une femme que l’on laisse tomber Idrisse et tu es bien le premier à le savoir. Ces yeux se voilent de désir.
- Tu es trop sûre de toi et comme avec Malick, tu risques un jour de me perdre. J’éclate de rire en tapant les mains.
- Toi, tu m’appartiens, quant – à Malick, il reviendra vers moi Idrisse. C’est juste une question de temps.
- Malick n’est pas un homme à perdre facilement son sang-froid. Ce que j’ai vu le jour de la fête de l’entreprise me prouve grandement qu’il est fou de cette fille.
- Moi je suis sûre qu’elle l’a ensorcelé, cette fille ne m’arrive même pas à la cheville. S’il te plaît, tu peux disposer.
- Marianne je t’aime et je sais que c’est réciproque. Tu….
- Arrête de te bercer d’illusions.
- Tu m’aimes mon amour, tu es juste butée pour le reconnaitre. Comment expliques – tu que tes yeux brillent quand tu me vois, que tu vibres autant dans mes bras. Le désir disparait après des années mais avec toi c’est chaque jour plus fort, plus intense, plus sucré. Alors arrête de te voiler la face et laisse toi aller.
- Va-t’en je te dis, hurlais – je énervée, peut – être parce que je sais qu’il dit la vérité.
- Je ne peux pas te tourner le dos, pas pour l’instant mais un jour je le ferais. Comme Malick, tu vas me courir derrière et ce sera trop tard. Il prend rageusement sa clé de voiture avant de tourner le dos pour partir. C’est à cet instant que quelqu’un sonne à la porte. Je me précipite et lui prend le bras. Il me lance un regard noir. Qu’est – ce qu’il me fait celui-là.
- S’il te plait Idy, toi aussi, roucoulais – je histoire de l’amadouer.
- Non et non. J’en ai marre de me cacher comme si j’étais de la merde, cria – t – il. Merde c’est sûr que la personne derrière la porte l’a entendu. Quel con. Prions que cela soit ma petite sœur. La sonnerie se fait plus pressante, Idrisse pousse ma main et va ouvrir. Taquicardi à cent : mon père, jute. Il nous regarde avec surprise à tour de rôle.
- Bonjour monsieur Cissé dit Idrisse en lui tendant la main avec un sourire crispé. Papa lui répond en plissant les yeux.
- Maitre Idrisse qu’est – ce que vous faites ici ?
- Je suis une amie à votre fille, bégaya – t-il en me jetant un regard furtif.
- Mieux demande papa d’un ton condescendant en croisant les mains en position de défense.
- De toute façon, il s’apprêtait à partir alors laisse le tranquille. Au revoir Idrisse. Ce dernier sort en rouspétant je ne sais quoi et je m’empresse de fermer la porte avant qu’il n’ajoute quelque chose. Le temps que je me tourne vers Papa, il m’attaque direct.
- Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux. Malick a raison, tu n’es qu’une pourrie gâtée.
- Papa arrête, tu ne sais même pas ce qu’il est venu faire ici.
- Tu me prends pour un con ? Depuis une semaine, je me fais un sang d’encre pour toi alors que mademoiselle est en train de prendre du bon temps avec un collègue de l’homme qu’elle dit ne pas pouvoir vivre sans.
- Tu me connais, c’est juste une sorte de vengeance.
- Pour qui ? Malick n’en a rien à foutre de toi. heureusement que la fille n’a pas perdu sa grossesse sinon je te jure que moi-même je n’allais pas te défendre.
- Elle est enceinte demandais je en ouvrant grand les yeux ?
- Oui bien sûr et j’ai donné ma parole à Malick de te faire quitter le pays à condition qu’il retire sa plainte. Je m’assoie sur le fauteuil écoutant à peine ce que venait de dire mon père.
- Je comprends maintenant pourquoi autant de précipitions. J’éclate de rire en tapant les deux mains. La fille là est intelligente dé. Rien de plus rapide que de se faire engrosser par un homme aussi responsable que Malick. S’ils n’ont pas encore fait de mariage civil, le mariage religieux n’est pas valide alors….
- Tu m’écoutes ? Cria mon père me faisant revenir à la réalité.
- Chi papa, laisse-moi tranquille. J’ai déjà assez de souci comme ça.
- J’ai déjà réservé ton billet, tu pars demain à….
- Je t’ai déjà dit que je ne le ferais pas papa, c’est trop facile, criais – je en me levant.
- Tu n’as pas le choix, c’est soit ça ou je te coupe les vivres. Mon sang a fait un tour alors que je m’apprêtais à entrer dans ma chambre. Je me tourne doucement pour lui faire face afin d’être sûre de ce qu’il venait de dire.
- Tu peux répéter ?
- Tu m’as très bien entendu ma fille. Fait ton choix, finit – il en traversant le salon.
- Tu blagues n’est – ce pas ?
- Ne prends pas l’avion demain et tu verras si je blague ou pas. Il claque la porte violement me faisant sursauter. C’est la première fois de ma vie qu’il me menace de me couper les vivres. Je comprends sa colère et sa déception. Ca fait une semaine que je pleurs dans ses bras pour qu’il rompt son contrat avec Malick et voilà qu’il me surprend avec un autre homme. Mon père n’est pas du genre à parler en l’air au contraire. Je vais partir le temps que sa colère se dissipe.
Je prends rapidement mon portable et compose le numéro de Jean. Il décroche à la troisième sonnerie.
- Que puis – je faire pour la plus belle de toute.
- Oui c’est ça. Tu es un vrai dragueur, arrête de te fatiguer, tu n’es pas de poids.
- Hum, toujours aussi insolente.
- Toujours bébé. Passons. J’ai besoin que tu m’enquête sur une fille. Elle s’appelle Aicha Ndiaye travaille avec Malick. Tu sais le gars dont je t’avais demandé d’enquêter il y a de cela deux ans.
- Ah oui le fameux homme de tes rêves.
- Oui celui-là, il vient d’épouser cette fille sortie de je ne sais d’où. Alors je veux tout savoir d’elle, son passé, son présent, son futur. Tout de A à Z ;
- Tu me connais, un bon chèque et je te déniche même sa vie antérieure.
- Ton prix sera le mien et chaque os déterré de sa vie auras une prime sur ton salaire.
- Intéressant, quelle femme ne cachent pas quelque chose dans sa vie. On vous connait dit – il en éclatant de rire.
- Si tu le dis. Je pars en voyage pour un mois tout au plus alors met toi au travail.
- A vos ordres chef. Je raccroche, le sourire aux lèvres. A nous deux Aicha, quand j’en aurai fini avec toi, tu vas regretter d’être née.
Wilane : le retour
Enfin j’ai une nouvelle d’elle et depuis hier je n’arrive pas à me tenir sur place. C’est comme si je venais de retrouver un grand trésor qui avait disparu au fin fond de l’océan atlantique.
Je n’ai jamais compris pourquoi je n’arrive pas à oublier Aicha. Pourtant je connais tellement de belles femmes, trop belles même alors pourquoi elle. Mes amis disent que je suis masochiste et je vais finir par les croire. Je suis complétement obsédé par une fille que j’ai vu qu’une seule fois et qui plus est, m’a tiré dessus. Aujourd’hui elle est ma plus grande convoitise. La seule chose que je veux c’est la posséder, elle sera mon plus beau trophée alors vivement que je la retrouve. Cinq ans et mes hommes n’arrivent toujours pas à mettre la main sur elle. Je me rappelle encore de ces fameux jours où le garde du corps Niangue devait m’amener ma princesse. J’avais tout préparé pour l’accueillir et j’ai longtemps attendu au salon avant de l’appeler. Dès que je suis tombé sur la boite vocale, j’ai eu un mauvais pressentiment. J’ai dépêché mes hommes à Thiès pour le retrouver et aucune trace de lui. Le salaud avait pris les malles avec sa femme. Ça a pris trois jours à mes hommes pour retrouver la maison d’Aicha et là même constat, elle avait aussi disparue. Je suis entrée dans une colère noire et plus les jours passés plus l’étau se resserrer, personne ni dans sa famille ni dans celui du maire ne savait où elle était passée.
La même chose aussi pour Aicha et personne dans Thiès ne savait où il avait déménagé. Ils n’ont même pas le pire est qu’aucun des parents proches d’elle ne….. Après une semaine d’investigation, il s’est avéré que Niangue avait acheté la maison du papa d’Aicha avant de prendre les malles. Mes hommes l’ont cherché partout même du côté de sa grand-mère maternelle. Mais cette dernière disait toujours n’avoir pas de nouvelle de sa fille ni de son gendre. J’ai compris que Niangue a dû les avertir pour qu’ils disparaissent ainsi sans laisser de trace. Trois mois plus tard alors que je commençais à être découragé, on m’apprit que la nouvelle locataire de l’ancienne maison d’Aicha n’était autre que la belle mère de Niangue. J’ai dépêché Fusille, mon homme de main pour régler le problème à Thiès. Le but de son déplacement était de provoquer un accident à sa belle-mère, ce qui obligerait Niangue ou sa femme de rappliquer. Il s’est juste introduit dans sa chambre la nuit et lui a injecté un poison qui provoque direct une crise cardiaque. Ils allaient juste croire à une mort naturelle et une semaine plus tard, la femme, comme prévue arrive. Un des hommes s’est incrusté durant les cérémonies de deuil et nous appris que la dame n’habitait plus au Sénégal. Seulement elle prenait soin de ne pas révéler où elle vivait maintenant. Surement que Niangue l’avait averti ou quelque chose de ce genre. Pour ne pas amener de soupçon, Fusille a attendu qu’elle rentre pour la faire suivre. Le salaud vivait maintenant en Guinée Equatorial où il avait ouvert une grande superette. Fusille a attendu le soir pour débusquer ce salaud. Pendant une semaine, il l’a torturé mais rien, juste qu’il a vendu la maison au père d’Aicha en l’avertissant de mes intentions. Et surement que ce dernier a fait comme lui c’est-à-dire disparaitre. J’ai demandé à ce qu’on lui coupe la tête et qu’on m’amène la photo pour calmer ma colère.
Un an plus tard, Fusille a fait le même procédé avec la famille de Aicha en truand un oncle mais rien, aucune trace d’eux. J’ai fait assassiner trois hommes pour rien. J’étais découragé. Je l’ai fait rechercher pendant deux ans avant de laisser tomber.
Mais hier soir, surprise, j’ai une nouvelle d’elle. Mon homme de main avait une taupe dans la grande maison familiale, en fait c’est son cousin. Il lui a promis une belle récompense pour tout renseignement sur Aicha. Et ce dernier après cinq ans nous appelle pour nous faire savoir qu’une de ces tantes avaient appelé pour annoncer son remariage avec un homme hyper riche. Cette nouvelle a été comme un poignard dans mon cœur. Mais j’étais heureux car enfin j’allais la retrouver et tant pis pour le gars qui l’a épousé car Aicha Ndiaye m’appartient.
Tout ce temps, elle était ici à Dakar et moi comme un fou, je l’ai recherché dans la sous-région. Je n’ai pas dormi de la nuit, ce n’est plus qu’une question de jours ou même d’heures. Aicha, j’ai hâte de te retrouver. Ma muse.
Par Madame Ndèye Marème DIOP