CHRONIQUE DE MAREME
Partie Matie
Après la pluie, le beau temps»
C’est la première fois de ma vie que je ne suis rien au cours de math. Je suis à mille lieues d’ici en train de revivre la scène de ce matin en boucle. J’aurai dû lui répondre, prendre son numéro de téléphone et qui sait aller au restaurant avec lui….. Arrête de rêver waye, ki loumou laye doyé (il n’a rien à faire avec toi).
Mati….Maaatttiiiiii, je sursaute et fait tomber mon stylo tellement le cri du prof est fort.
Le professeur (énervé) : Est – ce que je peux savoir ce qui t’arrive ? Je le regarde sans comprendre. Tout le monde est en train de faire l’exercice que j’ai donné et toi, tu n’as même pas ouvert ton livre.
Moi (honteuse) : Excusez-moi monsieur. Je me dépêche d’exécuter l’ordre, ma copine à coté se retient d’éclater de rire et pointe son doigt sur l’exercice que je dois faire.
Coumbis (chuchotement) : Je te comprends, si s’était moi je serais rentrée direct chez moi et pendant une semaine je ne saluerais personne ni me laverai la main histoire de garder son empreinte le plus longtemps possible.
J’ai pris ma bouche pour ne pas éclater de rire. Coumbis est une vraie fofolle, c’est pour ça que c’est ma meilleurs amie. Etant une gosse de riche, elle s’est approchée de moi pour se protéger car au lycée je suis une dure à cuire. Aucune fille n’ose m’affronter et les rares qui ont osé le faire en sont mordu les doigts. Je n’ai jamais porté de jupe ou de robe, mon tenu c’est tee – shirt, jean, basket. Ici on m’appelle Zena la guerrière. J’ai eu à affronter quelques garçons mais depuis que j’ai reçu un direct de Terreur, je n’ai plus jamais osé me battre avec un mec. Mon œil est resté trois jours fermé, non le gars ne m’a pas raté. Mes frères se sont vengés, les parents s’y ont mêlés et l’affaire a finalement atterrit à la police.
La cloche sonne, nous nous dépêchons de sortir en rangeant à la va vite nos cahiers. Les filles m’encerclent dès que je suis dehors et c’est repartie : win win win. En grande conteuse, je raconte ce qui s’est passé. Disons plutôt que je crée la plus grande histoire d’amour digne des romans d’arlequin. Plus elles étaient éblouies plus j’en rajouté des tonnes et des tonnes du genre il m’a caressé les bras pour apaiser la douleur de la chute, il voulait m’accompagner jusqu’à l’école, il m’a demandé mon numéro…. Bref une vraie mito, je sais mais qu’est-ce que vous voulez, pour une fois que je suis le centre d’intérêt de toute l’école. Je ne vais pas leur dire que j’ai fui. Jamais.
A douze heures, j’ai attendu maman devant la porte pendant dix minutes avec Youssouf qui a décidé de me faire la tête. C’est pour ça que le téléphone est nécessaire car à chaque fois qu’elle a un contre temps, elle m’appelle pour nous dire de rentrer. Après cinq minutes d’attente, je décide de rentrer mais je vois que le petit morveux ne veut pas me suivre. Il ne va pas gâcher ma bonne humeur, je rentre sans un regard vers lui en chantonnant et en sifflotant. C’est au moment où j’engage le quartier menant vers la maison que Kiné sort d’une petite ruelle. Bouuueee !!! crie t – elle, me faisant tomber mon cartable. Après la petite frayeur passée, je saute dans ses bras et fond littéralement en sanglot.
Kiné (émue) : S’il te plaît, ne te met pas dans cet état. J’ai besoin que tu m’aides et vite.
Moi (essuyant mes larmes) : Dis-moi et je le fais tout de suite.
Kiné : Je n’ai pas pu prendre mes habits hier et cette souillon vas se dépêcher de me les piquer. Je veux que tu me ranges toutes mes affaires. Si tu prends une valise, papa va comprendre alors achètes 3 sachets de 100 FR et fourres y tout dedans. Je serais derrière la fenêtre.
Moi (inquiète) : A cette heure-ci ? Non, je ne peux pas. Pourquoi pas ne pas attendre le soir vers 17 h et…
Kiné : Amina et Fatou seront de retour et tu ne pourras rien faire. Elles vont direct te dénoncer. Papa n’entre jamais dans nos chambres, il n’y verra que du feu. Elle sort 5 000 Fr et le fourre dans ma main. Corrompt les petits en leur donnant 500 Fr au cas où et prends le reste. J’essaye d’ouvrir encore ma bouche mais elle y met un doigt. S’il te plait Mati, il me faut mes habits, j’ai dépensé une fortune pour les avoirs. Hors de question que je les laisses à ces salopes.
Moi (résignée) : D’accord. Sinon je peux savoir où tu pioches ?
Kiné : Chez une amie. Dès que j’aurai mon appartement, tu pourras y venir. A ses mots je souris et commence déjà à rêver à une nouvelle vie, au fait que je vais aller en boite si je suis avec elle, aller au restau….
.
Kiné : Toc, toc, y a quelqu’un ? Vas-y, le temps presse. Je lui fais encore un câlin avant de courir vers la maison.
Dès que j’entre, l’opération James Bond est déclenchée. Je fais mes salamaleykoums d’usage, entre dans ma chambre dix secondes pour poser mes affaires, en ressort, m’assoie deux minutes avec les enfants, regarde de gauche à droite. Personne ne fait attention à moi et la daronne est dans la cuisine, je passe à l’action. Le cœur battant à mille à l’heure, j’entre dans la chambre de Kiné. Elle partage celle-ci avec notre petite sœur de 8 ans Rama, la dernière de sa mère et Amina l’ainée de la famille qui n’est toujours pas mariée. Normal vu son cœur noir, pire que sa mère. Je sors les 3 sachets de ma poche, ouvre son armoire et commence à fourrer tout ce qui me passe par la main. Dès que le sachet est plein, je prends le second ensuite le troisième pour les chaussures. J’ouvre rapidement la fenêtre ou Kiné m’attend déjà les bras tendus. Rac tac, je lui donne ces affaires et me dépêche de ressortir. Allhamdoulilah, personne ne m’a pris la main dans le sac, ouf. Il faut dire qu’à cette heure-ci il n’y a pas grand monde.
Comme je l’ai dit, papa ne donne plus de dépense, la responsabilité incombe aux mamans. Avant, les mamans se débrouillaient pour faire le déjeuner et toute la famille s’assoyait autour de deux grands bols. C’était un moment de retrouvailles et on sentait au moins que nous étions une famille malgré les disputent et autres. Jusqu’à ce fameux jour où on a mis un bol de sel dans la sauce de maman parce qu’elle avait préparé un bon yassa au poulet. Ha jalousie quand tu nous tiens. La daronne ne supportait plus la joie et l’empressement que tous dans la maison, même ses enfants, avait quand c’était autour de maman de faire le repas. Elle y mettait tout son amour et son argent, l’important pour elle, était de faire plaisir. Ça a été un ras le bol pour maman qui s’est complétement métamorphosée en lionne le temps d’un après midi. La guerre froide qui se passait dans la maison depuis des années s’est transformée en guerre mondiale 39 – 45. Une bataille rangée qui a mis la maison en sens dessus – dessous. Car il faut le dire la maison est divisée en deux clans. D’abord le mien composé de ma mère, Kiné et ma tante Aïssatou. Ensuite le clan de Satan composé de la daronne, de ses deux filles de monstre et ma badiène (sœur de mon père). Cette dernière n’avait aucun problème avec nous mais depuis que mon frère et fils de la daronne sont partis en Espagne et lui envoient quelques sous de temps en temps, elle a complétement retourné sa veste. Bref depuis des années la bataille des clans fait ravage dans la famille Sonko ou les hommes, censés rétablir l’ordre préfèrent ne pas s’en mêler. Aujourd’hui maman ne cuisine plus à la maison, même quand c’est son tour. Elle préfère acheter un bol de riz et pour seulement elle et ses enfants. La famille s’est encore plus divisée. Dès fois j’en veux à papa d’avoir laissé le climat familial se détériorer ainsi mais au fond je sais qu’il n’y peut rien. Tante Rokhaya est une personne exécrable, jalouse et foncièrement mauvaise mais le poids de ses enfants jouent sur son mariage c’est pourquoi papa ne peut pas la répudier.
Malheureusement c’est nous qui payons les peaux cassées. La maison est plombée dans une atmosphère de stress et de tension perpétuelle qui a fini par déteindre sur notre morale. Qu’on le veuille ou non, ces conflits habituels finissent par nous atteindre psychologiquement. Angoisse, perte d’appétit ou troubles du sommeil : les conséquences sont souvent insidieuses… et s’installent dans le temps, créant une tension physique et morale dangereuse.
A cette période j’étais en classe d’examen en troisième. Les tensions de la maison ajoutée à celle de l’examen m’ont plongé dans une crise d’angoisse. Ma mère aussi n’en pouvait plus. Juste après la sortie des résultats, ma mère a pris ces clics et ces clacs et hop direction Saint louis. Ce jours-là on aurait dit que moi et Youssouf nous partions au Etats Unis tellement nous étions excités et heureux.
Durant toutes les vacances, nous sommes restés là-bas. Trois longues et inoubliables vacances. Nous ne voulions même plus rentrer chez nous tellement nous étions bien. Mes grands-parents sont aussi pauvres mais ils vivent en paix et en harmonie. Avant de partir mon père nous a appelé dans le salon pour nous donner quelques conseils qui m’ont à jamais marqués.
« Mes enfants, en venant ici on voyait nettement que vous étiez au bord de la crise d’angoisse. Vous vous êtes laissé entrainer dans des futilités parce que vous n’avez pas su meubler votre vie. La nature a horreur du vide et c’est le fait de vous focaliser tout le temps dans les détails que vous en êtes arrivé à ce point. Ma fille, je te l’ai toujours dis : le diable est dans les détails. Alors au lieu d’appeler tout le temps tes parents pour qu’ils te dépannent, trouve-toi un boulot et met ta vie de famille en mode off. En travaillant, tu occuperas ton temps et ton esprit et tu verras que dans cette vie, seul le travail paye. »
Nous avons suivi ces conseils à la lettre. Ma mère, aidée par une amie, a commencé à vendre du poisson au marché et moi je me suis encore plus concentré dans mes études. Je me suis inscrit dans quatre clubs (basket, français, anglais et math). Ce qui fait que je n’avais aucun répit pour moi. J’ai commencé à aimer la lecture vu les nombreux livres que l’on m’exigeait dans ces clubs. Mais surtout j’ai canalisé toute ma force et mon énergie dans les études. Aujourd’hui je pense comme Descartes, marche comme Jordan, m’exprime comme Shakespeare et m’exécute comme Pythagore.
Paf, celle – là je l’ai senti. Je me tourne vers ma mère qui les mains sur les hanches me regarde dangereusement. Je vois de loin Youssouf faire semblant de pleurer. Je caresse ma joue endolorie et interroge du regard maman.
Maman : Comment oses – tu laisser ton petit frère revenir seule de l’école.
Moi : C’est à cause de ça que tu me gifles, il a dix ans. Quant – est – ce que tu vas arrêter de le dorloter comme un bébé ? En plus il….
Maman (me coupant) : C’est toujours un enfant Mati et que sa soie la dernière fois que tu le frappes, c’est compris.
Sentant les larmes me monter, je baisse les yeux et reprend ma lecture. Maman me gronde encore une minute et quitte devant moi.
Une heure plus tard, ma colère ne redescend pas. J’en ai marre qu’elle favorise autant ce chérubin. Nous étions en train de manger dans une ambiance pesante quand Karaba la sorcière se mit devant nous.
Tante Rokhaya (furieuse) : C’est toi qui as pris les habits de Kiné ? Son regard est noir comme du charbon.
Moi (voix tremblante) : Non
Tante Rokhaya (criant) : Tu mens, il n y a que les enfants ici et…
Maman (calme) : Ma fille n’est pas une voleuse.
Tante Rokhaya : C’est elle j’en suis sure et elle va les sortir si niii wala si na (de grès ou de force). Maman me fait signe de quitter le bol et je m’exécute et cours m’enfermer dans la chambre. Les voix commencent à s’échauffer, je me mets à trembler tout en récitant le coran. Si Maman sait que c’est moi, elle va me tuer. Une minute plus tard, elle entre dans la chambre avec fracas.
Maman (me pointant un doigt menaçant) : Je t’avais dit de ne pas te mêler de cette histoire.
Moi (voix hésitant) : Je te jure que je n’ai rien fait.
Maman (criant) : En plus tu oses me regarder droit dans les yeux et me mentir. A une vitesse hallucinante, elle prend sa chaussure de droite et commence à me frapper. Je me recroqueville comme un bébé dans le fœtus de sa maman et la laisse déverser sa colère. Après huit coups bien portant elle jette la chaussure au sol avec rage et s’assoie à côté de moi. Je n’ose même pas la regarder.
Maman (voix basse) : Tu fais toujours ce qui te plait sans mesurer les conséquences qui vont en découler. Kiné est une fille bien au cœur en or mais malheureusement la voracité et l’égoïsme de sa mère l’a conduit sur un mauvais chemin. Aujourd’hui Rokhaya va vouloir coute que coute montrer que ce n’est pas seulement sa fille qui est mauvaise. Alors je t’en supplie ne t’approche pas de Kiné, ni de prêt, ni de loin. Je fais juste oui de la tête mais je sais qu’au fond de moi je lui serais toujours solidaire.
Elle prend un grand air et sort de la chambre. Une minute plus tard, Youssouf y entre avec son regard inquiet.
Youssouf (chuchotant) : Tante Rokhaya va te manger toute crue quand tu vas sortir d’ici. Elle est en train de faire les cent pas dehors. Taye rek nga dé (tu vas mourir).
Moi (me relevant difficilement) : Hé pitié, déjà que maman ne m’a pas raté. Nous étions là à nous demander comment nous allions faire pour sortir vivant de la maison et aller à l’école quand la porte s’est ouverte. Vous auriez dû nous voir avec le grand saut en arrière qu’on a fait. Ouf c’est papa et vu son regard souriant, il ne va rien nous faire.
Papa (voix douce) : Allez venez, vous allez être en retard à l’école, il est presque 15 h. Nous nous sommes relevés avec rapidité pour s’agripper derrière ses habits. Dehors ma tante nous attend en position de combat. Mon cœur bat à 100 à l’heure, j’ai l’impression dès fois qu’elle est plus grosse quand elle est en colère. En tout cas, j’ai eu ma dose, hors de question que je goute à son heute (coup de poing au dos).
Tante Rokhaya (rugissant) : Ne t’avise même pas de me couper le chemin, c’est entre elle et moi. J’avale ma salive et reste debout comme une i derrière mon père.
Papa (menaçant) : Si tu l’as touche tu vas voire de quel bois je me chauffe. Et puis quoi encore ? De toute façon, je ne veux pas de ces habits souillon ici alors tant pis si elle les a prises ? En plus….
Tante Rokhaya : Maye ma sama diame (fiche moi la paix)…..
C’était encore partie, le concours de qui crie le plus fort. Je profite de cet instant pour sortir en courant de la maison. Avant de franchir la porte, je lui décroche mon plus beau sourire tandis qu’elle m’insulte de la pire des manières. J’entends au loin sa voie criant et me traitant de tous les noms d’oiseau. Heureusement que son surpoids ne lui permet pas de se déplacer rapidement. Je fais quelques pas dehors avec Youssouf quand ma mère nous rattrape en riant.
Maman : Elle est fâchée dé. Hé Allah. Toi aussi, tu lui souris comme ça ricane-t-elle.
Moi : Quand ton ennemie utilise la flèche de la langue pour te blesser, utilise l’épée de ton sourire pour le tuer. C’est toi qui me l’as appris non ? Rire général
Maman : Depuis hier, elle était restée dans son coin avec sa honte mais là, tu viens de lui donner l’occasion de nous rejeter la faute. Elle va plus qu’exagérer la situation dans le but que l’on oublie le fait que sa fille est enceinte et c’est pour ça que je t’en veux.
Moi : De toute façon, c’est ce qu’elle sait faire le mieux. Elle nous a toujours rejeté la faute de tout ce qui lui arrive. Soit nous sommes des sorcières ou nous l’avons marabouté.
Maman : Le silence est le plus grand des mépris alors quand tu rentres ne réponds à personne surtout pas à Oumy et Amina. Révise près de ton papa et la nuit, tu dors dans ma chambre par mesure de sécurité.
Moi : A ce point ?
Maman : Ta tante fait partie de ces personnes qui, quand elles sont blessées, elles réagissent comme un animal pris au piège. Faire du bouquant est en quelque sorte un moyen pour crier son désarroi. Vas-y maintenant et fait moi signe sur le portable de ton amie à ta descente. D’ailleurs, c’est à quelle heure ?
Moi : 17 h mais j’ai une séance de travail avec notre club de math jusqu’à 19 h.
Maman : Ok c’est bon, je viendrais te chercher.
Nous nous séparons devant l’école et j’entre en classe, la boule au ventre. Tous les soirs, je fais une longue prière ou je demande à Dieu de me donner le bac et me permettre de quitter cette maison minée par les guerres de clan. Avec mes bonnes notes, c’est sure que j’aurai une bourse et une chambre à l’université.
Il est 19 h 05 mn quand je sors avec Coumbis de l’école. Elle allume son portable et me le passe. Je lance l’appelle vers maman qui met du temps à décrocher.
Moi : Allo, et alors ?
Maman : Bonsoir ma fille. Ne rentre pas encore, c’est chaud ici. J’entends un bruit sourd.
Moi (inquiète) : Que se passe t – il maman ?
Maman : Reste avec ta copine, je t’ai dit. Je t’appelle plus tard……tinte tinte tinte tinte. Elle a coupé, je regarde le téléphone complétement figée.
Coumbis (me secouant) : Hé qu’est – ce qu’il y a ? Ça va ?
Moi (revenant à la réalité) : Il faut que j’y aille.
Coumbis (me retenant) : Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
Moi (respirant très fort) : De rester avec toi jusqu’à ce qu’elle rappelle répondis – je en prenant le chemin de la maison.
Coumbis (tirant ma main encore plus fort) : Et où est – ce que tu vas comme ça ? Elle t’a demandé de ne pas y aller non ? Pour une fois dans ta vie fait ce que ta maman te dis.
Moi (criant) : Et qui me dit qu’elle est en sécurité, elles sont trois contre une. Ma tante Aïssatou est une tapette de première catégorie. Hors de question qu’elles les affrontent seules.
Coumbis (voix douce) : Calme toi, il ne sert à rien de t’emporter. Appelle un de tes frères pour voir et si aucun ne répond, on y va. Ok ?
Je reprends son portable et compose le numéro de Doudou qui décroche à la première sonnerie.
Doudou (joyeux) : Madame dégât.
Moi (ne tenant plus sur place) : Tu es à la maison ?
Doudou (ricanant) : Oui et ne t’avise pas de rentrer sinon la folle là va te tuer carrément.
Moi (énervé) : Ou est maman ? Elle va bien ? Pourquoi personne ne veut que je rentre ?
Doudou (chuchotant) : Parce qu’il y a eu une grosse dispute entre la grande orgue et papa. En l’absence de maman, Tata a pris tes habits histoire de les bruler. Papa a intervenue et est allé jusqu’à lever la main sur elle. Finalement ils se sont battus graves. C’est Karim (un voisin) qui m’a appelé. J’ai rappliqué en même temps que les autres. Satan est grave dé, je te jure que le diable était dans leurs corps aujourd’hui. Personne n’est arrivé à les calmer. On a été obligés d’évacuer Papa avant qu’il n’y ai mort d’homme. Allo ? Allo ? Tu es là ?
Moi (estomaquée) : Tu blagues n’est-ce pas ? Battu de chez battu, tu as dit ?
Doudou (ricanant doucement) : Walaahi, la terre a tremblé je te dis. Papa l’a répudié et elle jure par tous les Dieux qu’elle va te tuer avant de quitter la maison.
Moi (toujours inquiète) : Et où est Maman ? Ce n’est pas sure qu’elle reste la- bas aussi.
Doudou (sérieux) : Ne t’inquiète pas, on va bien la protéger. Amadou vient d’arriver, il a amené Papa chez nous (les garçons louent une chambre depuis deux ans dans un immeuble pas loin de la maison). Tu crois que tu peux rester chez ta copine ?
Moi (sourire) : Oui bien sûr. Depuis pas mal de temps elle me le demande.
Doudou : c’est cool alors. Je le dirais à maman. Il faut que je te laisse maintenant.
Je suis restée pensive une minute avant que Coumbis ne me fasse revenir à la réalité. Je lui raconte ce qui s’est passée et elle commence à danser. J’ai envie de faire pareil mais je n’aime pas trop me réjouir du malheur des autres. Même si au fond, ma tante le mérite. Elle nous a tellement pourrit la vie, surtout quand nous étions jeunes moi et mes frères. J’ai même une cicatrice sur la cuisse. Un charbon de bois qu’elle y avait déposé pour soi-disant me réveiller parce que je faisais la sourde oreille. Chacun de nous a un mauvais souvenir d’elle. C’est à cause d’elle qu’aujourd’hui j’étais devenue une terreur au lycée. J’extériorisé ma colère à travers toutes ces pauvres filles. J’ai arrêté cela l’année dernière quand ma mère m’a appelé par le nom de ma tante puisque je faisais la même chose qu’elle : pourrir la vie des gens pour un rien.
Quand nous sommes arrivés chez Coumbis, il est 20 h passé de 10 minutes. Elle habitait à la cité Air Afrique pas loin du mien. Mais contrairement à Baye Laye, mon quartier populaire, ici ça sent la fraicheur, la nouveauté et l’argent. Toute les fois que je suis venue ici, c’était en éclair et aujourd’hui je vais passer la nuit et peut – être même le weekend. Kèh, Kèh, Kèh….
Comme toujours, je suis éblouie par les lieux. On sent que la maison a été décorée avec amour. Je ne me lasse pas de regarder les objets et tableaux d’art ou encore le salon en forme spirale fait tout en bois.
Coumbis est fille unique c’est pourquoi elle est un peu gâté à mon gout. Dans cette grande maison il n’y vive que quatre personnes. Le père avec ses deux femmes dont la deuxième est la maman de Coumbis. La première n’a jamais réussi à avoir un enfant malgré le fait que c’est une femme en or qui adore Coumbis comme si c’était sa propre mère. Elles sont tellement complices que mon amie me dit que dès fois sa mère en est jalouse. Cette dernière devrait plutôt se réjouir d’avoir une coépouse si aimable qui garde un œil sur son enfant quand elle part en voyage. Quant à son père, il est avocat à la cour et semble très pris. Je ne l’ai vu qu’une seule fois et il était si pressé de partir qu’il m’a à peine dit bonjour.
Coumbis (entrant dans le salon) : Bonjour Papa, tu te rappelles de Mati ? Elle lui donne une bise (mbété toubab). Il se relève du canapé ou il était couché en train de regarder un match de football. Je réponds à son salut sans trop le regarder car il est très intimidant.
Lui : Bonjour mes filles, alors ça révise ?
Coumbis (S’asseyant à côté de lui) : Papa, j’ai invité Mati à dormir ici.
Lui (levant le cil) : Ces parents le savent ?
Coumbis : Oui bien sûr. Qu’est – ce que tu crois ?
Lui (se touchant la barbe comme pour réfléchir) : Ok chou mais je tiens à les appeler si ça ne te dérange pas. Donne-moi leur numéro s’il te plait continue – t-il quand Coumbis commence à faire des grimaces. Elle prend son portable et me le temps. Je me dépêche d’y mettre le numéro de papa et avant même que son père ne lance l’appel, ma copine me tire dehors. Une minute plus tard, nous étions dans sa chambre.
Moi : Yaw rèw nga dé (tu es vraiment impolie). Tu n’as même pas attendu qu’il appelle.
Coumbis (sourire) : Ne t’inquiète pas, c’est un papa en or, il accepte toutes mes caprices. Elle saute sur son lit en se tapant les mains. Thièy Yallah, alors que moi je pleurs mes nombreux frères et sœurs, celle-là est toute heureuse d’accueillir quelqu’un dans sa chambre. C’est vrai qu’elle doit se sentir seule dès fois dans cette grande maison.
Quand elle ouvre une porte et que je vois la douche, je reste bouche bée.
Moi : Tu as ta propre douche comme dans les films ?
Elle : Kholal nak, bayil sa wahou modé yi (arrête de faire la démodé ish). Nous éclatons de rire et je me dépêche de prendre la serviette qu’elle me tend et d’aller m’y enfermer. Je crois avoir fait 20 minutes, la plus longue douche de ma vie et quelle douche. J’ai surtout aimé l’odeur du gel, une première pour moi qui n’utilise que le savon de 250 Fr acheté à la boutique.
Quand j’en sors, elle m’apprend qu’on dine au restaurant car la grand-mère de sa tante est malade et que celle – ci est allé la voire. Je lui décroche mon plus grand sourire, toute excitée. Si ça continue, je vais prier que cette histoire avec la Daronne ne finisse pas.
Quinze minutes plus tard, j’étais toujours là à essayer les pantalons et jeans de Coumbis, aucun ne voulais y entrer.
Coumbis (moqueuse) : Je ne savais pas que tu avais de si grosses fesses eupeuleuwe ! Mais Mati, pourquoi tu te caches derrières tes habits, chi si s’était moi ah. Gni beugeu cotou daale te amougnou mbame (il faut savoir utiliser les atouts que Dieu nous donne).
Moi : Ta as vu tous ces pervers qui courent, laisse-moi avec mes tee-shirt c’est plus sure.
Elle (rire) : Bon, je sais ce qu’il te faut. Elle ouvre son armoire et prends une robe mousseline et me la lance. Hésitant, je la porte sans trop d’emprunt. C’est une robe bouffante au buste serré et dont la couleur verte menthe me va à ravir. Je souris face à l’image que je vois.
Moi : Tu ne crois pas que c’est trop dis-je en sortant de la douche mais quand je vois la robe qu’elle porte j’en oublie complétement la mienne. Hyper courte et sexy. Là, je suis choquée. Tu ne vas pas sortir avec ça ?
Elle (éclatant de rire) : Je vais me gêner. Toi tu connaissais l’élève, aujourd’hui tu découvres la femme parce que moi quand je sors je me bichonne.
Moi : Et ton père va te laisser sortir ainsi ?
Elle (me faisant signe de la main) : Suit moi et tu verras. Papa, on y va là crie – t-elle. Dix seconde plus tard, elle ressort du salon avec lui bras dessous – bras dessus.
Tonton Salim : C’est Mati, n’est – ce pas ? Je fais oui de la tête. Il me sourit pour la première fois en me regardant du pied à la tête. J’ai parlé avec ton père et tu peux rester le temps que tu veux. L’amie de ma fille est ma fille. Surprise, je le regarde ne sachant quoi dire alors que Coumbis cris de joie et l’embrasse sur la joue. Les choses vont trop vite, donc Dieu entends les prières.
Finalement le papa de Coumbis se propose de nous déposer dans un restaurant pas loin d’ici puisque lui-même a décidé d’aller voir un ami.
J’entre dans le restaurant toute excitée car c’est une première pour moi. Maman n’a jamais accepté que j’y aille avec Kiné malgré mes supplications. Le cadre est tellement beau que je me noie dans la contemplation. Mais je suis réveillée par le crie de mon ventre que les aromes du restaurant ont réveillé. Je me tourne vers Coumbis qui est depuis cinq minutes au téléphone. Elle raccroche en tapant les mains.
Elle : Malick vient sourit – elle.
Moi : C’est qui Malick ?
Elle : C’est vraie, avec les révisions, j’ai oublié de t’en parler. Je l’ai rencontré il y a une semaine chez l’annif de Néné. Il…… Je n’entends plus ce qu’elle dit car mes yeux viennent de croiser le regard captivant d’Ibou. Hoooo mooooon Diiieeeuuuu…..
A lire chaque LUNDI…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
Chronique précédente, cliquez ICI