L’interdiction de la marche contre les longues détentions reste au travers de la gorge des militants des droits humains. Irritées par la décision de la préfecture de Dakar, plusieurs organisations, parmi lesquelles Amnesty international (section sénégalaise), la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (Lsdh), Article 19, Y en a marre ont annoncé une procédure judiciaire contre le gouvernement. Président de la Lsdh, Me Assane Dioma Ndiaye considère que «l’arrêté de l’interdiction sera reconduit devant la Cour suprême, pour obtenir un troisième arrêté de condamnation et d’annulation de l’autorité préfectorale». C’est au cours d’une conférence de presse tenue, hier, dans un hôtel de la place. Cette procédure sera suivie d’une autre, mais cette fois devant la Cour de justice de la Cedeao. Une action guidée par les nombreuses interdictions de manifestations pacifiques, par les autorités administratives, sans fondement légal. La manifestation interdite, pour cause de «trouble du Sénégal», devait se tenir, hier, à la Place de l’Obélisque. Celle-ci a été initiée pour protester contre les maux dont souffrent les prisons sénégalaises, notamment le surpeuplement, les longues détentions ainsi que les mauvaises conditions de détention qui occasionnent des cas d’évasions et de décès en milieu carcéral.
«Ils pourront avoir des éléments qui pourraient asseoir cette systématisation de la violation du droit à la manifestation au Sénégal après l’obtention d’un troisième arrêté. Nous avons déjà deux arrêtés de la Cour suprême qui rappelle à l’autorité administrative, notamment le préfet de Dakar, que l’impératif qu’il y incombe d’assurer l’ordre public et de veiller à la tranquillité ne lui donne pas le droits d’anéantir des droits fondamentaux garantis par la Constitution», explique Me Ndiaye. «L’Etat est déloyal en interdisant ce rassemblement des militants des droits de l’homme», pense le président de la Lsdh, Me Assane Dioma Ndiaye. Avant d’ajouter que «la société civile ne mérite pas le traitement qu’aujourd’hui l’Etat lui inflige». Pour leur part, les responsables de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et d’Amnesty qualifient l’interdiction de leur marche de «défiance à la justice», vu que la Constitution sénégalaise autorise les manifestations. «Nous marcherons avec les ex détenus avec ou sans autorisation», a annoncé Malal Tall alias Fou Malade.
Pour Alioune Tine, «les autorités se placent dans une situation de non-respect de la Constitution et d’illégalité constitutionnelle». Par ailleurs, les mauvaises conditions de détentions se sont invitées aux débats. C’est ainsi qu’Alioune Tine qualifie ces conditions de détention «choquantes, scandaleuses et inacceptables pour une société qui se réclame démocratique».
WALF