Dix-huit personnes ont été tuées et plus de 200 blessées en deux jours d’affrontements au Cachemire indien entre forces gouvernementales et manifestants en colère après la mort du chef rebelle Burhan Wani, ont annoncé dimanche les autorités.
Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles sur les manifestants lors de ces protestations d’une ampleur inédite depuis 2010.
Parmi les personnes tuées figure un policier qui s’est noyé lorsque des manifestants en colère ont poussé son véhicule dans une rivière dans le district de Sangam (sud), a indiqué à l’AFP un policier sous couvert d’anonymat.
L’annonce de la mort du chef islamique Burhan Wani, tué vendredi par les forces gouvernementales, a suscité samedi la colère de ses partisans qui se sont rassemblés par milliers dans les rues, défiant le couvre-feu instauré par les autorités dans de larges parties du territoire.
Le gouvernement, qui a également coupé provisoirement les réseaux mobile et internet afin de prévenir des manifestations de grande ampleur, a appelé au calme dimanche.
“Ils (les manifestants) ne devraient pas provoquer des troubles tels qu’ils obligent ceux qui ont une arme à tirer”, a déclaré son porte-parole Nayeem Akhtar.
Des témoins ont indiqué que les forces de sécurité avaient attaqué des hôpitaux et des ambulances qui avaient pris en charge les blessés.
“Attaquer des hôpitaux et des ambulances est un crime au regard du droit humanitaire international, et les forces armées indiennes ont été à maintes reprises accusées de perpétrer ce crime au Cachemire”, a déclaré dans un communiqué, l’organisation des droits de l’Homme La coalition de la société civile du Jammu-et-Cachemire.
Burhan Wani, 22 ans, leader du groupe islamique Hizb-ul Mujahideen, a été tué vendredi ainsi que deux autres rebelles lors d’un échange de tirs avec les forces gouvernementales dans le village de Kokernag (sud).
Wani, qui avait rejoint les rangs des rebelles à l’âge de 15 ans, était considéré comme un héros dans la région.
L’ancien Premier ministe de l’Etat du Jammu-Cachemire, Omar Abdullah, a estimé dans un tweet qu’il était devenu la “nouvelle icône” de la protestation.
Des dizaines de milliers de personnes ont assisté samedi à ses funérailles, clamant des slogans indépendantistes, et des rebelles présumés ont tiré des coups de feu en son honneur, selon les témoins.
L’Inde et le Pakistan se disputent le Cachemire depuis 1947, chacun des deux pays revendiquant cette région montagneuse dans son intégralité.
Des groupes rebelles combattent les troupes indiennes déployées dans la région pour obtenir l’indépendance ou le rapprochement avec le Pakistan.
Ces combats ont fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.
AFP