De l’Iran à la Turquie en passant par le Hamas et le Hezbollah libanais, le monde musulman a vivement condamné l’attaque kamikaze perpétrée lundi, avant-dernier jour du ramadan, à Médine, la deuxième ville sainte de l’islam.
Trois attentats-suicides ont frappé l’Arabie saoudite, lundi 4 juillet, à l’avant-dernier jour du ramadan et à l’approche de la fête de l’Aïd, qui marque la fin du mois de jeûne pour les musulmans. Aucune des attaques de lundi n’a été revendiquée.
Les autorités musulmanes ont condamné avec force l’attentat-suicide sans précédent perpétré près de la Mosquée du Prophète dans la ville sainte de Médine, un lieu où toute violence est prohibée.
Le mode opératoire de ces attaques rappelle celui du groupe État islamique (EI), qui a mené, en un peu plus d’un an, plusieurs attentats-suicides meurtriers en Arabie saoudite.
L’attaque de Médine, deuxième ville sainte de l’islam après La Mecque, s’est produite en début de soirée devant la Mosquée du Prophète, un site très fréquenté par les fidèles en ces derniers jours du mois de jeûne musulman.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que les forces de sécurité avaient repéré un suspect dans un parking qui se dirigeait vers la Grande mosquée. “Alors que des agents de sécurité tentaient de l’intercepter, il a fait actionner sa ceinture d’explosifs, tuant quatre d’entre eux et en blessant cinq autres”, a précisé le ministère.
“Crime répugnant”
Cette attaque a provoqué l’indignation générale des responsables sunnites comme chiites. Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, basée au Caire, a condamné cet acte avec force et rappelé la “sacralité des lieux saints, particulièrement la Mosquée du Prophète”. Mahomet a passé les dix dernières années de sa vie à Médine où il est mort en 632. Il est enterré dans cette mosquée située à l’est de la ville.
Le comité des oulémas saoudiens, la plus haute autorité religieuse du royaume, a qualifié les responsables de l’attentat de “renégats […] qui ont violé tout ce qui est sacré”. De son côté, le président de Majlis al-Choura (Conseil consultatif), Abdallah al-Cheikh, a souligné que “ce crime répugnant ne peut venir d’une personne ayant la moindre foi”.
L’Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite, a pour sa part condamné “fermement le terrorisme sous toutes ses formes et partout dans le monde” et appelé à “l’unité internationale et régionale contre ce phénomène”, selon Bahram Ghassemi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pour Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, “il n’y a plus de ligne rouge pour les terroristes. Les sunnites et les chiites seront victimes à moins que nous soyons unis”.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont des relations conflictuelles et s’opposent à propos de toutes les crises régionales, notamment en Syrie et au Yémen. Riyad a rompu en janvier ses relations diplomatiques avec Téhéran après l’attaque de son ambassade dans la capitale iranienne.
Le mouvement chiite libanais Hezbollah a vu dans cet attentat “un nouveau signe du mépris des terroristes pour tout ce que les musulmans considèrent comme sacré”.
“Un défi pour les musulmans”
En Irak, théâtre d’une vague de violences sur fond de tensions confessionnelles, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ahmed Jamal, a estimé que ces attentats “témoign(ai)ent de l’idéologie déviante que portent les bandes takfiries [extrémistes sunnites] comme Daech [autre acronyme de l’EI]”.
“Le terrorisme ne fait pas de distinction entre les religions, les peuples et les valeurs sacrées”, a pour sa part dénoncé le Premier ministre turc, Binali Yildirim, dont le pays a également subi une série d’attaques ces dernières semaines.
Pour le mouvement islamiste sunnite palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, ces attentats sont “un défi pour les musulmans de par le monde et une provocation à leurs sentiments”.
En guerre contre l’EI
L’Arabie saoudite, poids-lourd régional, fait partie de la coalition internationale conduite par les États-Unis qui mène la guerre contre l’EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites.
Depuis plus d’un an, les autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d’islamistes radicaux. Elles ont annoncé en 2015 le démantèlement d’un groupe lié à l’EI avec l’interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens.
France24 Avec AFP