Macky Sall était dans la cité sainte de Maodo. A son arrivée, il a été accueilli dans une salle de réception bondée de monde avec, au moins, une dizaine de minutes de standing ovation ponctuée de «dieuredieuf président» (merci Président, Ndlr). Ce qui fera dire au Serigne Abdou Aziz Al Amine que ce merci scandé par la foule est un mot très court certes mais que ceux qui n’ont rien fait n’entendront jamais. Une façon, pour le guide religieux qui avait à ses côtés ses frères Serigne Mbaye Sy Mansour et Serigne El Hadji Malick Ibn Abdoul Aziz Dabakh, de remercier à son tour son hôte pour le travail gigantesque réalisé dans la ville en un temps record.
En effet, il a fallu moins d’un an pour que toutes les infrastructures qui avaient été prévues au niveau de l’esplanade des mosquées soient achevées et livrées. C’est en effet lors de la visite qu’il avait effectuée dans la cité religieuse à l’occasion de la dernière édition du Gamou que le chef de l’Etat avait confié à Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine que s’il avait où loger sa délégation et lui, il aurait passé la nuit à Tivaouane pour boucler avec lui le Bourde. Aujourd’hui, moins d’un an après, cette préoccupation se conjugue au passé. D’imposantes bâtisses composées de deux résidences s’étendant sur deux niveaux pour recevoir les hôtes de marque de la famille religieuse, deux salles des grands évènements de 1 300 places, un complexe multifonctionnel avec un auditorium d’une capacité de 700 places, deux salles de séminaire, une salle des banquets de 1 200 places ainsi que des appartements et une bibliothèque trônent majestueusement sur l’esplanade des mosquées. Ces réalisations entrent dans la phase d’urgence du projet de modernisation de la cité religieuse et devront permettre au chef de l’Etat de réaliser son vœu de passer une nuitée dans la capitale de la Tidianiya aux côtés des guides religieux de ladite confrérie à Tivaouane à chaque fois qu’il en sentira le besoin. Aussi, le chef de l’Etat, dans son adresse, se félicitera-t-il de l’accueil qui lui a été réservé avant de remercier le Tout Puissant qui lui a permis de respecter les engagements qu’il avait pris avec le guide religieux. Revenant sur l’objet de sa visite, il fera savoir que ces chantiers qu’il vient d’inaugurer et ceux en cours dans le cadre du programme spécial dit de modernisation de la ville ne sont qu’un début par rapport aux ambitions qu’il nourrit pour Tivaouane et les autres cités religieuses de toutes confessions à travers le pays. Car, dit-il, outre les chantiers retenus dans le programme spécial, une étude est en cours pour la construction de l’autoroute devant relier les cités religieuses de Thiénéba, Tivaouane et Saint-Louis qui devra reposer sur une enveloppe financière de 80 milliards de francs Cfa avec un délai de réalisation de 20 mois. De même, promettra-t-il l’achèvement de la grande mosquée de Tivaouane si la famille religieuse lui en donne l’autorisation. Aussi instruira-t-il le conseil municipal et celui départemental à inscrire dans leur budget respectif une ligne de crédit de 5 millions de francs par an pour accompagner le marabout dans les besoins d’entretien et de maintenance de ces infrastructures. Au-delà et se prononçant sur l’actualité relativement à la vague de terreur et de violence qui secoue le monde, le Président Macky Sall s’est voulu catégorique. Pour lui, le Sénégal n’a pas besoin d’un Islam autre que celui qu’il connaît déjà. Cet Islam soufi qui, des milliers d’années durant, a traversé les frontières pour arriver dans notre pays où il a été porté, vulgarisé et pérennisé par des guides spirituels de renommée comme El Hadji Omar Tall, Seydi El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Limamoulaye pour ne citer que ceux-là, «nous ne l’échangerons avec rien», selon Macky Sall. «Ce soufisme que nous connaissons, que nous avons hérité, que nous avons fini de nous approprier, le Sénégal n’acceptera jamais que l’on vienne jeter l’opprobre dessus et le souiller ou nous imposer un autre Dieu. C’est cet Islam soufi que nous connaissons, nous Sénégalais et négro-africains. D’ici mille ans, personne n’aura besoin qu’on lui apprenne un autre Islam ou lui présente un autre Dieu. Surtout que, dans tous les pays où cela a été le cas, c’est la catastrophe. Par conséquent, il est de notre devoir, en tant que gouvernement, de sécuriser ce pays et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir quoi qu’il advienne», dira, très en verve, le président de la République. Quant à la partie idéologique de ce combat, il dira que c’est aux guides religieux qu’il revient de le mener pour éviter que les jeunes soient influencés. Sidy DIENG