Que ce soient les attentats de Paris ou d’autres funestes événements, la peur devient omniprésente. Mais comment vaincre ses peurs et arriver à les surmonter ? Pour cela, il faut tenter reprendre le contrôle et se libérer de ses émotions négatives. Les conseils d’Emmanuel Ballet de Coquereaumont, psychopraticien. Peur : mettre en mots ses émotions Pour dépasser ses peurs, il est nécessaire de travailler sur soi afin d’assumer la responsabilité de ses émotions et de l’interprétation donnée aux événements.
Cela passe d’abord par mettre en mots son ressenti : sur une feuille de papier on “vide son sac” et on écrit ce qu’on a sur le cœur : “J’ai peur de”, “je suis en colère parce que” ; “je suis triste car”. “Il s’agit de formuler en mots son mal-être corporel et tout ce qui se passe en soi”, explique Emmanuel Ballet de Coquereaumont, psychopraticien. Ce travail, à effectuer seul, permet de distinguer toutes les émotions qui nous assaillent comme la peur, la colère ou la tristesse. Alors pourquoi ne pas en parler à un ami, un confident ou un psychologue ? Selon notre expert, se confier à quelqu’un peut conduire à synthétiser les émotions et se faire dépasser par l’une d’elles pour en oublier d’autres, potentiellement plus enfouies au profond de nous. “Au cours d’une discussion avec un ami par exemple, on peut se laisser emporter par notre colère et celle-ci peut venir camoufler des choses essentielles que l’on n’a pas pris le temps de dévoiler”. Donner de la perspective à l’événement pour surmonter ses peurs Une fois qu’on a dépassé le stade de l’émotion, vient le temps de l’analyse : il s’agit d’essayer de mettre en perspective les événements, par exemple en lisant des articles, afin de comprendre ce qui est arrivé ainsi que les facteurs déclencheurs. Il n’est pas question ici de rationaliser et de minimiser la gravité de ces événements mais de les remettre à leur place. Chercher des éléments de réponse permet de comprendre que ces événements, aussi terribles soient-ils, ne sont pas surgis de nulle part et que tout événement a une explication. Symboliser pour mieux digérer Après les attentats, de nombreuses personnes se sont recueillies en déposant des fleurs au Bataclan, d’autres ont eu besoin de se retrouver entre amis sur la terrasse d’un café, de se rassembler silencieusement ou d’exprimer leur soutien sur les réseaux sociaux. Les médias ont aussi beaucoup parlé de ce pianiste anonyme venu honorer les victimes en jouant un morceau avant de repartir en toute discrétion. Derrière la dimension commémorative, ces actions sont autant d’initiatives symboliques qui s’inscrivent dans un processus de réparation intérieure. “La symbolisation amène une autre réaction aux émotions primaires comme la peur. Tout ça relève de la digestion de l’évènement”. Ces actes sont très personnels : cela peut être de faire un dessin, de déposer une bougie sur son balcon, de réunir ses amis, par exemple. L’essentiel est d’être en accord avec ses émotions et son état intérieur. “La symbolisation permet de donner de la lumière, de ramener de la douceur face à la violence et de ramener du sens”, précise le psychopraticien. Transformer sa peur Une façon de donner du sens à ces événements est aussi de les considérer comme un tournant dans sa vie personnelle. Le bouleversement émotionnel et les interrogations qui s’en suivent peuvent amener à effectuer des changements dans sa vie et à se recentrer sur l’essentiel. Une expérience négative peut ainsi se muer en élément constructif. Comment faire ? On peut par exemple revoir ses priorités dans sa vie, se fixer de nouveaux projets, changer de travail, prendre de bonnes résolutions, faire un voyage, dire à son entourage qu’on l’aime, etc. Ces idées sont autant de façons de convertir la peur, autrefois vécue comme un handicap, comme une alliée pour avancer dans la réalisation de soi.