De jeunes auteurs-compositeurs africains échangent sur des notes et des mots avec des professionnels. Ce «laboratoire créatif» vise à harmoniser au maximum les créations musicales des jeunes talents francophones de l’Afrique de l’ouest. Depuis mardi, six auteurs-compositeurs et chanteurs venus de la Mauritanie, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal participent à un atelier d’écriture et de composition musicale à Dakar.
Ils en ont jusqu’à demain. La finalité de cet échange culturel entre des artistes francophones de l’Afrique de l’ouest et des formateurs européens est de leur permettre de structurer et d’écrire leur chanson. «Il s’agit d’un coaching professionnel permettant d’harmoniser au maximum les créations de chacun», fait savoir l’un des initiateurs, l’auteur compositeur-interprète sénégalais William Baldé. Le projet initié par l’Association Adunia et intitulé «Des notes et des mots» est né d’une rencontre lors du troisième festival mondial des arts nègres en 2010 entre Baldé et Raphaëlle Djuna Daouphars, chargée du management artistique et culturel. Des artistes africains élèves en compagnie de formateurs européens précisément français, le cliché est vite établi. Mais, précise Raphaëlle Djuna Daouphars lors d’une rencontre hier avec la presse, les occidentaux ne sont pas des intervenants-professeurs venus apprendre la musique aux Africains. «Nous voulons rassembler des gens de tout âge pour créer un vivier culturel ou chacun apprend de l’autre», explique-t-elle. Cette dernière désapprouve l’idée selon laquelle certains artistes viennent montrer leur savoir-faire et rentrent chez eux sans aucune suite. «Nous voulons que le projet continue, que cela soit une initiative à long terme pour pouvoir garder le fil artistique», confie-t-elle. Les musiciens et chanteurs communiquent avec la langue française. Mais le projet permet aussi d’ouvrir la porte aux langues parlées sur chaque territoire du participant comme il n’épargne aucun style de musique. Le Lingala, le Wolof et l’Anglais sont partagés dans cet échange musical. Participant, le chanteur compositeur sénégalais Jojo du groupe Yat Fou, soutient que c’est un projet bénéfique qui offre une certaine ouverture musicale. Le formateur français Jean Fauque qui s’occupe de l’écriture de textes de chanson a pour sa part estimé que les artistes africains ont beaucoup de talent. Par ailleurs, selon William Baldé, il faut que les Africains arrêtent de privilégier seulement les grands artistes. «Pour bien développer la musique, il faut penser aux jeunes» soutient-il en précisant que le projet cible surtout les jeunes qui ont la vingtaine. La Mauritanienne Dioba, finaliste du prix découvertes Rfi participe à cet atelier. «Des notes et des mots» est un projet à long terme qui se tiendra au moins une fois l’an, selon les organisateurs.
Awa SOW