Exit Anna Sémou Faye, le commissaire Oumar Mal s’installe. L’ex-directrice de la Police nationale cède son fauteuil au directeur de la Sécurité publique. Parmi les dossiers qui ont perdu la «dame de fer», les failles notées dans le dispositif de sécurité, lors de la visite de Macky à l’Ucad.
Des remous dans la hiérarchie policière. Anna Sémou Faye n’est plus directrice générale de la Police nationale. Après plus de deux ans (27 mois), elle cède sa place au commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle, Oumar Mal, précédemment directeur de la Sécurité publique. Officiellement, aucune raison n’est avancée pour justifier le limogeage de celle que l’on a surnommée «la dame de fer» annoncé par le communiqué du Conseil des ministres. Mais dans l’exercice de ses fonctions, elle a laissé des traces dans la conduite de certaines affaires.
Dans l’affaire Bassirou Faye, des rumeurs persistantes font état de ce que la hiérarchie a cherché à «protéger un lieutenant de la Police fort impliqué dans la mort de l’étudiant». En effet, tous les observateurs sont unanimes à considérer que le vrai coupable court toujours car les descriptions faites par les trois témoins (Sette Diagne, Doudou Faye et autres) ne cadrent pas avec les policiers incriminés. Cela est confirmé par le fait que plusieurs éléments à décharge contre les trois policiers existent, avec notamment l’expertise balistique, la géolocalisation, les pièces à conviction, entre autres.
Ce n’est pas par hasard si toutes les autorités concernées par l’affaire Bassirou Faye tombent un à un. Avant Anna Sémou Faye, il y a eu la mutation du patron du Groupement mobile d’intervention (Gmi) à Thiès. Le doyen des juges va aussi rejoindre la Cour de justice de l’Uemoa. Il va incessamment céder son poste à un autre magistrat désigné à l’issue de la prochaine réunion du Conseil supérieur de la magistrature. Et pour boucler la boucle, le ministre de l’Intérieur est annoncé sur la liste des départs massifs.
Les prémices d’un limogeage
Dans le dossier Mamadou Diop, nos sources renseignent qu’«un des policiers incriminés a été envoyé en mission au Mali alors qu’il est sous-main de Justice». Une situation ayant occasionné l’ajournement du procès à cinq reprises. Ce «manque de respect vis-à-vis de la Justice» a été fort déploré par les juges, le procureur de la République, les avocats de la partie civile ainsi que l’agent judiciaire de l’Etat. Pire, les promesses faites par la Direction générale de la Police nationale via l’agent judiciaire de l’Etat de le faire comparaître, à la prochaine audience, quitte même à écourter sa mission, n’ont pas alors été respectées par la hiérarchie policière.
Sur la liste des dossiers qui ont perdu Anna Sémou Faye, on cite le cas des policiers de la Mission des Nations-unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) envoyés à Kidal. L’un de ces policiers, interrogé en son temps par le journal «L’Observateur», déclarait : «(…) A l’heure où je vous parle, nous mangeons du «Sombi» (bouillie de riz). Nous vivons dans des conditions difficiles, cela fait deux semaines que notre ravitaillement, qui devait venir de la Minusma, n’est pas arrivé. Et nous avons même épuisé notre stock d’approvisionnement». Il révélait, en outre, que les rations alimentaires pour les forces sénégalaises basées à Kidal devraient provenir de Gao, distante de 350 Km.
Que cette «famine» ne touchait pas seulement les 70 policiers engagés à Kidal, distante de 1 500 Km de Bamako. Enfin qu’elle touchait aussi les 250 militaires sénégalais envoyés au Mali. Il confiait, en définitive, que si les militaires sont restés muets, les policiers, eux, ont voulu tirer la sonnette d’alarme. Nos confrères du Groupe Futurs médias faisaient également part d’informations selon lesquelles ces soldats expédiés à Kidal «vivent dans des garnisons faites de tente à Kidal où le thermomètre affiche 7° avec une alimentation des plus mauvaises».
Les arrestations tous azimuts sans mandat de la Justice ne sont pas du goût des autorités. Un exemple : la mise aux arrêts du rappeur Malal Talla «Fou Malade», a été déplorée par les autorités judiciaires qui avaient vu en cela un «abus d’autorité». Une attitude de la Police que les magistrats avaient dénoncée à travers un communiqué de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). S’y ajoutent les failles notées dans la sécurité présidentielle lors de la visite de Macky Sall à l’Ucad.
Appelée à d’autres fonctions, Anna Sémou Faye avait remplacé, le 25 juillet 2013, le commissaire Abdoulaye Niang démis de ses fonctions suite au «scandale de la drogue dans la Police» à l’origine de la radiation du commissaire Cheikhna Cheikh Keïta de l’Ocrtis.
Pape NDIAYE