La dette due par l’Etat du Sénégal aux établissements privés où sont orientés plus de 40 000 bacheliers est partie pour être une bataille des chiffres.
Quand la Fédération des établissements privés d’enseignement supérieur (Fepes) estime à 16 milliards FCfa l’ardoise, le gouvernement, de son côté, parle de 7 milliards.
Un dialogue de sourds, dirait-on, pour qualifier la bataille des chiffres née des positions affichées entre l’Etat et les dirigeants des établissements d’enseignement privés. Tout est parti de la dette que l’Etat traîne auprès de ces écoles privées qui accueillent, depuis 2012, les bacheliers qui ne sont pas orientés dans les universités publiques, faute de places disponibles. Les deux parties prenantes à savoir, Mary Teuw Niane, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et la Fédération des établissements privés d’enseignement supérieur (Fepes) ont donné deux chiffres différents. En effet, reconnaissant l’existence de la dette, l’Etat avance 9 milliards FCfa contrairement à la Fepes qui parle de 16 milliards.
Contraints d’exclure les 40 000 étudiants envoyés par l’Etat, faute de moyen, les établissements privés concernés avaient crié leur ras-le bol, tout au début du mois de janvier dernier. Les dirigeants de ces écoles avaient déclaré qu’ils courent derrière l’Etat pour une dette de 16 milliards, à travers un communiqué de leur fédération publiée dans la presse. Et déplore qu’en «dépit des mesures prises lors du Conseil des ministres, notre tutelle (ndlr : ministère de l’Enseignement supérieur) reste muette et aveugle devant la situation de détresse qu’elle a causée dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur privé».
Ayant reconnu cette dette, le ministre de l’Enseignement supérieur a fait savoir que l’Etat ne refuse pas de payer, mais récuse les 16 milliards FCfa avancés par ces établissements. C’est pourquoi, il a décidé de mettre en place une commission pour procéder à son audit. Invité de l’émission «Grand jury» de la Rfm, dimanche dernier, Mary Teuw Niane avoue la dette de l’Etat envers ces écoles privées et donne ses chiffres. «Ce que je peux dire, c’est que la dette est de 9 835 116 867 francs Cfa. Maintenant, les établissements sont payés en trois tranches. Quand nous signons, nous devons leur payer 50 %. A la fin du semestre, nous leur payons le quart et à la fin du second semestre, quand tout est fait, on leur paie le quart restant», a-t-il indiqué. Mais le ministre Niane donne des assurances. Il annonce qu’il est prévu 5 milliards dans le prochain budget annuel de son département ministériel. «Dans le budget de 2018, nous avons 5 milliards pour le privé et les décisions sont dans les circuits de paiement. Malheureusement, il se trouve que le nombre de bacheliers orientés dans le privé dépasse ce montant, depuis quelques années. D’où les arriérés cumulés à ce niveau», informe-t-il.
Salif KA (Stagiaire)