CHRONIQUE DE SIDI
Le Prophète Abraham avait déposé Hajara, sa deuxième épouse, aux montagnes d’Idias, un endroit sec où il n’y avait ni verdure ni eau. Après quoi, il retourna de l’autre côté de l’Egypte vers la Palestine. Hajara qui regardait le Prophète Abraham descendre de la montagne l’interpella, lui demandant pourquoi il les laissait seuls à cet endroit. Est-ce que tout cela c’est pour satisfaire Sarata ou est-ce un ordre divin ? Le Prophète Abraham se retourna et répondit qu’il s’agissait d’un ordre divin. Hajara lui demanda de poursuivre alors son chemin, lui précisant que le Seigneur ne l’abandonnerait pas. Le Prophète Abraham, arrivé au pied de la montagne, s’adressa au Seigneur à travers un manifeste qui englobant des prières envers Dieu et des avertissements envers les humains. « O notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée, – ô notre Seigneur – afin qu’ils accomplissent la Salât. Fais donc que se penchent vers eux les cœurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants ? » (Chapitre 14, verset 37).
Après cette proclamation, le Prophète Abraham disparut derrière la montagne. Il restait à la dame Hajara d’entamer sa mission, la quête de l’eau qui est la première source de vie. Et pour montrer que c’est l’effort qui est à la base de tout, même de la vie, elle fit de mémorables va-et-vient entre les deux monts de Safa et Marwa. Elle marcha longtemps et ne s’arrêta que lorsque l’eau apparue au pied de l’innocent enfant, son fils Ismaël. La solution n’est peut-être pas humaine mais l’effort est nécessaire. L’eau jaillissait abondamment, commençant même à les couvrir. Hajara parla alors à la source. « zem-zem » (calmement, calmement), lui disait-elle. L’effort de cette dame est resté marqué pour avoir donné la vie. Elle venait de révéler à l’Humanité une source intarissable vers laquelle des gens venus du monde entier vont converger pour étancher leur soif, se rafraîchir. Cette abondante eau attira les oiseaux qui ne pas se firent pas prier pour migrer vers cet endroit. Une tribu d’arabes appelée jurhum qui avait repéré ces oiseaux, les suivit avec un grand espoir qui ne sera pas vain. La permission de s’installer et de profiter de cette denrée rare qu’était l’eau leur fut accordée. Hajara avait fixé des règles selon les enseignements du Prophète Abraham.
Ainsi, le brassage commença à se faire. Hajara venant d’Afrique, de l’Egypte, son fils qui trouve ses origines à la Mésopotamie et ces arabes qui sont venus les rejoindre. La plaine et le désert furent substitués en des terres irriguées, qui engendrèrent une verdure diversifiée symbolisant une rencontre. Ismaël allait se marier plus tard pour davantage s’arabiser.
Le Prophète Abraham venait rendre visite à sa famille lointaine, celle des montages. Une fois, après le décès de Hajara, il trouva la femme d’Ismaël seule à la maison. Il l’interrogea sur leur condition de vie, se gardant de lui dire qui il était réellement. La dame s’apitoya alors sur son sort. Après l’avoir bien écouté, Le Prophète Ibrahim lui laissa un message. Il lui demandait de dire à Ismaël qu’il fallait changer la porte de sa demeure. A son retour, Ismaël sentit la présence de son père. Elle questionna son épouse qui indiqua qu’un vieillard était passé en son absence et lui recommandait de changer la porte de sa maison. Ismaël lui expliqua que c’était son père et que le message était qu’il fallait la divorcer.
Le Prophète Ibrahim repassa, une autre fois, chez son fils et trouva une autre dame qu’il questionna de la même manière. Mais, contrairement à la première, celle-ci, se rendit hospitalière et serviable. Le Prophète lui demanda de transmettre à son mari qu’il fallait consolider la porte de la demeure.
Des sagesses et des anecdotes qui fondent la clairvoyance d’Ibrahim qui élevait certaines valeurs. Chacun doit représenter l’autre en bien pas ouvrant la bouche mais à travers des symboles. Il montre aussi l’importance que la complémentarité revêt dans le mariage.
Ismaël avait bien saisi le message et commença à préparer un endroit public appelé Bakata, qui avec le temps est prononcé Makata pour devenir Mecka, la Mecque.
Abraham vit qu’ailleurs, c’étaient des maisons qui étaient identifiées à des rois et à des empereurs. Les Philistins avaient même bâti une citadelle en l’honneur de leur dieu. Le Prophète Ibrahim décida d’ériger un endroit où tout le monde aura le même droit et le même devoir. Il entreprit d’édifier la maison de Dieu, appelée Bakata. Le projet ayant reçu la bénédiction divine, il fit un retentissant appel. « Et quand Abraham et Ismaël élevaient les assises de la Maison: «Ô notre Seigneur, accepte ceci de notre part! Car c’est Toi l’Auditent, l’Omniscient ». (Chapitre 2, verset 127).
Tout se précipita. Le Prophète Abraham implora Dieu d’envoyer quelqu’un, fils du peuple, poursuivre l’œuvre qu’il avait entamée. «Notre Seigneur! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier. Car c’est Toi certes le Puissant, le Sage! » (Sourate 2 – 127). Après l’appel, il y eut le Sacrifice. Le Prophète Abraham était fondamentalement dévoué à son Seigneur qu’il obéissait sans réfléchir. C’est pourquoi, quand le Tout-Puissant lui commanda de sacrifier son unique fils Ismaël, Le Prophète Ibrahim accepta sans hésitation.
L’enfant de Hajara allait marquer l’histoire. Qu’en a-t-il été de Sarata, celle qui accompagna jadis le Prophète quand il y avait peu de gens avec lui ?
A lire chaque vendredi…
Par Sidi Lamine NIASS
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