Suite à la présentation du Plan de redressement économique et social par le gouvernement sénégalais, l’expert économique Moubarack LO a salué la volonté du gouvernement de mobiliser de nouvelles recettes en identifiant de nombreuses niches fiscales.
Si les orientations générales sont jugées « positives« , il insiste sur l’urgence de passer à l’action, notamment en matière de recettes fiscales, et alerte sur l’importance de maintenir le dialogue avec le FMI.
Selon Moubarack LO, les mesures annoncées par le gouvernement vont globalement « dans le bon sens ». Cependant, l’expert met en garde contre la lenteur de la mise en œuvre.
« Le temps presse », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de couvrir rapidement d’importantes dépenses.
Des orientations louables, mais un besoin d’accélération
Pour lui, le gouvernement doit agir sans délai en soumettant les réformes fiscales au Parlement.
« La mise en œuvre du plan devrait débuter dès lundi prochain avec des actions que le gouvernement peut entreprendre sans délai », a-t-il insisté.
Il appelle également à une accélération de l’identification des économies budgétaires, un aspect sur lequel peu de détails ont été fournis.
« Gouverner, c’est précisément décider », a-t-il rappelé, invitant le gouvernement à finaliser ce travail d’ici la fin du mois d’août.
L’indispensable accord avec le FMI
Alors que le Premier ministre a annoncé un plan financé à 90 % par des ressources internes, Moubarack Lo tempère cette ambition, notamment en ce qui concerne le Fonds monétaire international (FMI).
S’il reconnaît que les ressources financières directes du FMI sont modestes, il insiste sur le rôle « crucial » de l’institution dans la mobilisation des autres partenaires au développement.
« Sans un accord avec le FMI, le Sénégal aura du mal à mobiliser les partenaires au développement », a-t-il affirmé.
Il explique que les bailleurs de fonds considèrent le FMI comme un garant de la bonne gestion macroéconomique du pays. Maintenir un dialogue constructif avec le FMI est donc une condition sine qua non pour obtenir une évaluation positive et accéder aux financements des partenaires bilatéraux et multilatéraux.
De nouvelles niches fiscales à exploiter
Concernant la taxation des secteurs « sous-fiscalisés » tels que le numérique, le mobile money ou les jeux de hasard, l’expert y voit une excellente initiative.
Il soutient que ces mesures sont conformes aux théories fiscales qui préconisent d’exploiter les niches liées aux activités néfastes.
Il cite en exemple la taxation à 100 % du tabac, qui a un double objectif : augmenter les recettes et décourager la consommation.
Moubarack LO estime que le gouvernement a aujourd’hui une occasion « unique » de revoir une partie importante de sa fiscalité.
« En s’attaquant à ces niches négligées ou faiblement exploitées, l’État pourrait significativement augmenter ses recettes fiscales et ainsi réduire sa dépendance à l’endettement. Le plan du gouvernement est sur la bonne voie, mais pour que son impact soit réel, l’action doit être immédiate ».
Liboire SAGNA