La mission du Fonds monétaire international (FMI) s’est achevée ce mercredi 26 mars 2025 au Sénégal, après une semaine d’échanges intensifs avec les autorités sénégalaises, a-t-on appris d’un communiqué rendu public par l’institution.
L’objectif principal de cette visite, menée par Edward GEMAYEL, chef de mission, était « d’examiner en profondeur les conclusions accablantes du rapport d’audit de la Cour des comptes, publié le 12 février dernier ».
Ce rapport a mis en lumière des déclarations erronées significatives des déficits budgétaires et de la dette publique sur la période allant de 2019 à 2023.
Des passifs qui n’avaient pas été divulgués auparavant, notamment des emprunts dissimulés
L’équipe du FMI s’est attachée à évaluer l’ampleur des révisions nécessaires des données budgétaires.
Les chiffres sont éloquents : le déficit budgétaire moyen a été revu à la hausse de 5,6 points de pourcentage du Produit Intérieur Brut (PIB), tandis que la dette de l’administration centrale a grimpé de 74,4 % à 99,7 % du PIB à la fin de l’année 2023.
Ces révisions substantielles sont principalement attribuables à « des passifs qui n’avaient pas été divulgués auparavant, notamment des emprunts dissimulés représentant un poids considérable de 25,3 points de PIB ».
Au-delà des chiffres, la mission du FMI a cherché à comprendre les facteurs institutionnels et procéduraux qui ont permis de telles inexactitudes.
Des discussions approfondies ont eu lieu avec les autorités sur les mesures correctrices à mettre en œuvre afin de renforcer la transparence et la gestion des finances publiques, et d’éviter la récurrence de telles pratiques, ajoute le document.
L’inflation est restée maîtrisée, avec une moyenne de 0,8 %
Dans une déclaration à l’issue de la mission, M. GEMAYEL a souligné l’engagement des autorités sénégalaises en faveur de la transparence et de la redevabilité budgétaires. Il a cependant insisté sur le fait que les conclusions de l’audit révèlent de « graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes », soulignant l’urgence de la mise en place de réformes structurelles.
Malgré ces révélations, le FMI a noté la résilience de l’activité économique du Sénégal en 2024, avec une croissance du PIB réel estimée à environ 6,0 %, soutenue par la bonne performance du secteur des hydrocarbures.
L’inflation est restée maîtrisée, avec une moyenne de 0,8 %. Toutefois, le déficit budgétaire s’est établi à 11,7 % du PIB et la dette de l’administration centrale est estimée à 105,7 % du PIB à fin 2024. Le resserrement des conditions de financement, exacerbé par les tensions régionales et les retards dans le soutien des partenaires, met en évidence l’importance cruciale d’une stratégie crédible d’assainissement budgétaire.
M. GEMAYEL a clairement indiqué que des « réformes audacieuses et crédibles seront essentielles » pour permettre un retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire fixé par l’UEMOA et pour inscrire la dette publique sur une trajectoire durablement décroissante.
Prêt à accompagner le Sénégal dans la conception d’un programme de réformes
Parmi les mesures prioritaires identifiées figurent la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées.
Les autorités sénégalaises ont exprimé leur intention de solliciter un nouveau programme appuyé par le FMI.
Le Fonds s’est dit prêt à accompagner le Sénégal dans la conception d’un programme de réformes ambitieux, qui tiendra compte des enseignements de l’audit et des priorités nationales de développement.
Les discussions sur ce potentiel nouveau programme ne débuteront « qu’une fois que des mesures correctrices auront été engagées pour remédier aux déclarations erronées, et peu après l’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI ».
L’équipe a notamment rencontré le Président de la République Bassirou Diomaye FAYE, plusieurs ministres, ainsi que des représentants des syndicats, de la société civile et des partenaires au développement.
Liboire SAGNA