La cité Fayçal est un endroit calme et discret, niché entre Dalifort et Cambérène. Elle est dissimulée derrière de grands arbres et un mur surélevé. Le portail de la cité est surveillé par des agents de sécurité. Des habitants s’y sont rassemblés pour discuter en cette période de Ramadan. Cette cité paisible occupe ces derniers temps le devant de l’actualité. En effet, le Directeur général de la SOGEPA leur a notifié une lettre de résiliation enjoignant 53 familles de la cité de déguerpir avant le mois d’août 2025. Une décision qui suscite indignation chez les habitants de la cité Fayçal. N.S, habitant de la cité souhaitant garder l’anonymat, discute avec les agents de sécurité. La question du déguerpissement est sur toutes les langues. « Nous avons constitué une délégation afin de rencontrer le directeur de la SOGEPA. Nous lui avons exposé l’état de la cité, en soulignant les diverses détériorations et avons demandé son soutien pour résoudre ces problèmes. Le directeur général a même dépêché une mission au niveau de la cité. C’est pour cela que sa lettre nous a véritablement sonnés », affirme N.S.
Cette lettre a placé la cité sous les projecteurs, et pour le pire. Pour Cheikh, habitant de la cité, ses colocataires et lui subissent un lynchage médiatique. Selon lui, le directeur de la SOGEPA a engagé une bataille médiatique pour salir leur nom. « De fausses informations sont partagées sur les réseaux sociaux pour salir notre nom. Beaucoup font croire aux Sénégalais que nous payons 60 mille francs par mois. C’est juste pour nous diaboliser. Nous payons l’amortissement qui a été évalué à 70 millions par les experts d’Abdoulaye Wade (ancien président de la République, 2000-2012, Ndlr). Cette somme a été rallongée sur le bail. Nous ne sommes pas des squatteurs. Nous n’avons pas volé nos maisons. Tout ceci est fait pour salir notre nom alors que le DG de la SOGEPA pouvait expliquer la situation autrement », affirme Cheikh.
« Nous ne sommes pas des squatteurs »
Pour N.S, l’inquiétude règne dans la cité. Selon ce dernier, cette lettre de résiliation cache une volonté politique. « Ils veulent aussi faire croire aux gens qu’à la cité Fayçal il n’y a que d’anciens ministres, surtout du régime sortant. Ce qui n’est pas vrai. Ici, il a des professeurs, des hauts gradés de l’armée, etc. L’attaque contre la cité Fayçal a des relents politiques. Le Dg de la SOGEPA cherche à plaire. Le Premier ministre a un différend avec des personnes qui habitent le quartier ; maintenant tout le monde est embarqué, nous subissons les dégâts collatéraux de ce différend », révèle-t-il.
Du point de vue du droit, les logements de la cité Fayçal sont des baux emphytéotiques. A la fin de ce bail de 99 ans, la maison doit revenir au propriétaire. Sur place, le constat est que les installations de la cité sont dans un état de délabrement avancé. Les maisons occupées par les particuliers ont été rénovées alors que les logements administratifs sont à l’abandon, l’Etat n’assurant pas l’entretien. Pour preuve, un adjoint au gouverneur a refusé d’occuper sa maison à cause de son état. Les habitants affirment que les pavages ont réfectionnés grâce aux cotisations de même que les lampadaires.
A l’autre bout de la cité, se trouve une digue construite pour bloquer l’eau. Sur la route, les traces du débordement de l’eau du Technopole voisin sont visibles, avec la salinité. Le mur qui sert de protection est tombé depuis 2024, il n’en reste qu’une petite partie.
A.S un ancien travailleur de la justice à la retraite déroule paisiblement son chapelet. Pour lui, le directeur de la SOGEPA a manqué de forme. En effet, sa lettre de résiliation n’a, selon lui, respecté aucune procédure. « Ce sont des vieilles personnes qui habitent cette cité. Beaucoup sont malades, donc les déguerpir ne va faire qu’aggraver le problème. Nous avons entretenu, réfectionnés nos maisons. Alors, l’Etat ne peut pas se lever un beau matin et vouloir nous expulser. Avec tout ce que nous avons fait pour le Sénégal, nous déguerpir de cette manière est une humiliation. Sur les réseaux sociaux, nous subissons des insultes alors que les gens qui habitent ici ont servi le pays », se désole-t-il.
Pour les habitants de la cité Fayçal, l’inquiétude est grande. En effet, avec la rupture unilatérale du contrat par l’Etat, ils craignent un abus de pouvoir. C’est pourquoi ils ont entamé des démarches avec leur avocat pour porter l’affaire devant les cours et tribunaux.
Rémi SOUSSO
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