Rupture du jeûne : petits gestes de solidarité sur quatre roues

Il est 19h25mn au Rond-Point Liberté 6. L’heure de la rupture du jeûne a sonné. Une grande agitation règne sur cet endroit particulièrement animé. Les tables des vendeurs de nourriture sont prises d’assaut par des jeûneurs au moment où d’autres se dépêchent pour prendre les transports en commun afin de rejoindre leurs domiciles. Pour ces derniers, la rupture du jeûne a lieu pendant le trajet. Ils sont coincés dans les transports. « Je descends tard. Avant d’arriver à la maison, il est déjà l’heure de la rupture. Je me procure des dattes en cours de route. Et cela me convient parfaitement. Depuis que j’ai commencé à travailler, c’est ainsi », affirme Mansour.
Le bus de la ligne 31 AFTU vient de stationner à l’arrêt. Un vendeur de dattes s’approche, un client prend deux sachets, un autre en prend un. Les sachets passent d’une main à une autre. Les usagers prennent chacun une datte pour couper son jeûne en attendant d’arriver à la maison. Ici, le partage est de rigueur.
Ndèye Marie a prévu ses dattes à l’avance. Parce que, chez elle, c’est une routine : elle rompt toujours son jeûne en chemin. Ndèye Marie, absorbée par son téléphone portable, déguste ses dattes en attendant de rentrer chez elle pour savourer autre chose de plus consistant.
L’ambiance dans le bus n’est pas trop discursive. « Prends-en une (datte) », est la seule phrase qu’on entend par-ci, par-là. Hormis cela, beaucoup ont les yeux rivés sur leurs téléphones portables.
Sur le trajet, le ballet des voitures continue. À cette heure de la rupture du jeûne, la circulation est fluide. Arrivé au rond-point Colobane, un groupe de jeunes y distribuent du café pour les jeûneurs. Dès que le bus s’est arrêté, ils se sont empressés de monter à bord pour servir du café. Une aubaine pour les accros de café qui ne se font pas prier pour prendre une tasse.
Rémi SOUSSO