Micro-trottoir : Quand l’homme de la rue « note » Moody’s, Standard & Poor’s…

Des agences de notation internationales ont récemment dégradé la note du Sénégal. En effet, Moody’s Investors Service vient d’abaisser la note de crédit du Sénégal. L’agence américaine Standard & Poor’s (S&P) a également dégradé la note souveraine du pays, la faisant passer de « B+ » à « B », avec une perspective négative. Pourtant, pour beaucoup de Sénégalais, ces notes restent un concept flou, voire inconnu. Nous avons rencontré des citoyens lambda à Dakar pour recueillir leur avis sur la question.
Sous un soleil pas trop accablant, nous nous arrêtons d’abord au point de stationnement des « clandos » de Liberté 6, à quelques encablures du rond-point, où nous rencontrons Mamadou, chauffeur de clando. À bord de son véhicule, l’air fatigué par les allers-retours incessants, il confie : « J’entends souvent parler de ces histoires à la radio, mais honnêtement, je ne sais pas ce que c’est. On nous dit que le Sénégal a une mauvaise note, mais est-ce que cela va faire baisser le prix du carburant ou changer mes journées fatigantes ? Je ne crois pas », lance-t-il en essuyant son pare-brise à l’aide d’un morceau de tissu.
Quelques mètres plus loin, au rond-point de Liberté 6, nous abordons Ablaye SAMB, un jeune marchand ambulant qui vend des accessoires de téléphones. « Agence de notation ? Non, je ne connais pas. C’est lié à la politique ? Moi, je m’occupe juste de vendre pour nourrir ma famille. Ces histoires-là ne m’intéressent pas trop », dit-il, l’air nerveux. Enfin, nous rencontrons Omar Diop, un enseignant à la retraite, assis sous un arbre devant son domicile à Dieuppeul, un exemplaire du quotidien national Le Soleil entre les mains. Contrairement aux précédents, il maîtrise bien le sujet. « Les agences de notation, comme Moody’s, évaluent la capacité des pays à rembourser leurs dettes. Une mauvaise note signifie que les investisseurs auront moins confiance en notre économie, ce qui peut rendre l’emprunt plus compliqué pour l’Etat. Mais, vous savez, ces notes ne changent pas la vie des citoyens ordinaires. Avant, le Sénégal avait parfois de bonnes notes, mais est-ce que cela a amélioré le quotidien des Sénégalais ? Non. C’est juste un jeu de financiers », martèle-t-il, sourire aux lèvres.
Ainsi, entre ignorance et scepticisme, la dégradation de la note du Sénégal semble être un sujet bien loin des préoccupations quotidiennes de nombreux citoyens.
Babacar NGOM