L’habit ne fait le moine, dit l’adage. Mais, le moine se reconnaît par son habillement. En ce temps de Ramadan, les jeunes filles, notamment, changent de garde-robes en optant pour un mode vestimentaire plus conforme. On est lundi 3 mars 2025, deuxième jour du mois de jeûne pour une bonne partie des Sénégalais. une fraîcheur modérée souffle sur le marché HLM. Les commerçants rivalisent d’ingéniosité pour attirer la clientèle : les tissus sont soigneusement achalandés pour plus de visibilité, et les vendeurs usent de leur talent de négociateurs. Laye GUEYE, commerçant depuis cinq ans, confirme la tendance : « Pendant le ramadan, nos ventes augmentent. Les femmes veulent être couvertes mais stylées, et certaines dépensent sans compter. » Parmi les clientes,
Mamy, venue de Grand-Dakar, scrute les modèles suspendus sous une tente. Hésitant entre une djellaba fluide bleu azur et une robe ample en coton brodé, elle explique : « Je cherche une tenue confortable pour la journée, mais élégante et adaptée à la période. Durant ce mois saint, on ne doit pas s’habiller n’importe comment », déclare-t-elle. Sa collègue Anta, venue également acheter une robe ample et un « meulf », quant à elle, souligne l’importance de s’habiller décemment en toutes circonstances : « Pour moi, une femme musulmane doit toujours porter des vêtements corrects, pas seulement durant le ramadan. Je ne suis pas comme celles qui aiment s’habiller sexy, » dit-elle, en adressant un regard taquin à son amie. Ce changement de style vestimentaire est visible dans les rues de Dakar où de plus en plus de femmes arborent des robes amples aux coupes fluides, souvent accompagnées de foulards assortis. Cette tendance illustre un attachement aux valeurs religieuses durant le mois béni.
Même engouement à Colobane, connu pour ses prix plus abordables. Assane, vendeur sur les lieux depuis plusieurs années, explique : « Ici, on trouve des djellabas simples à partir de 10 000 FCFA, mais aussi des modèles plus travaillés pouvant atteindre jusqu’à 30 000 FCFA. Il y en a pour tous les budgets. » Dans ces marchés animés, les clientes se pressent entre les allées bondées, touchent les tissus, comparent les couleurs et finalisent leurs achats dans un brouhaha constant, malgré la période de jeûne. « C’est un mois de spiritualité. Nos vêtements doivent refléter notre respect pour cette période », affirme Zeyna GUEYE, étudiante en quête d’une « djellaba ou d’une robe ».
Si certains vendeurs profitent pleinement de l’afflux de clients, d’autres peinent à voir leurs ventes décoller. Cheikh, vendeur au marché de Ouakam, ne se frotte pas encore les mains : « Pour dire vrai, cette année, les ventes sont faibles. Habituellement, à quelques jours du ramadan, l’affluence est forte, mais cette fois, nous sommes déjà en plein dedans et rien ne bouge vraiment. » Il attribue cette situation à la conjoncture économique difficile : « Cela montre que l’argent manque. C’est très dur, mais espérons que la situation va s’améliorer. »
Les réseaux sociaux, une vitrine pour les vendeurs
Si les marché physiques restent incontournables, le commerce en ligne connaît une ascension fulgurante. Sur Instagram, TikTok et WhatsApp, la mode du Ramadan fait fureur. Tina, vendeuse en ligne, publie chaque jour de nouvelles collections. Dans une vidéo, elle présente une djellaba bleu de nuit aux motifs dorés : « Voici le modèle tendance, à un prix imbattable ! Disponible en plusieurs couleurs, livraison partout à Dakar ! » Les commentaires affluent : « Disponibles en rouge ? », « Prix ? », « Livraison possible à Ben Tally ? » « Grâce aux réseaux sociaux, je vends parfois en une journée ce qui me prendrait plusieurs jours sur un stand », explique-t-elle. Les clients, souvent réticents à affronter la foule des marchés, préfèrent ces achats en ligne. Aissatou, étudiante en master 2, confirme : « Je repère les tendances sur Instagram, je passe commande sur WhatsApp et je me fais livrer. C’est simple et rapide. Les bousculades dans les marchés, c’est trop stressant. Et depuis qu’on m’a volé mon téléphone à Sandaga, il y a deux ans, je préfère les éviter. » Même les vendeurs traditionnels s’adaptent. Ali, commerçant à Colobane, confie : « Moi, je ne maîtrise pas les réseaux sociaux, mais Mohamed (son cousin travaillant avec lui, Ndlr) m’aide. Il filme, poste les annonces et gère les commandes. »
En cette période où la spiritualité guide le quotidien, la djellaba et les robes amples s’imposent comme les vêtements symboles du respect et de la pudeur, une manière de concilier foi et élégance.
Babacar NGOM
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