Pour faire revenir le calme à l’université Assane Seck de Ziguinchor, le recteur a procédé, hier, à la fermeture du campus pédagogique. Outre cette décision jugée irréfléchie par les pensionnaires, toutes les amicales et la coordination des étudiants ont été suspendues, les activités gelées au sein du temple du savoir.
La situation est toujours alarmante à l’université Assane Seck de Ziguinchor où des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants ont causé plusieurs dégâts matériels et des blessés. Cette situation confuse, qui a occasionné le ralentissement des activités, a poussé le recteur, Pr Alassane Diédhiou à ordonner la fermeture du campus pédagogique. Dans un communiqué rendu public à cet effet, le président de l’Assemblée de l’université déclare avoir pris cette mesure à l’issue d’une réunion du Conseil académique (Ca). Il ordonne ainsi la suspension des activités pédagogiques jusqu’à nouvel ordre. Cette fermeture, justifie le recteur, vise à rétablir le calme et à garantir la sécurité au sein de l’établissement.
Le Pr Alassane Diédhiou n’a pas seulement fermé le campus pédagogique. Il a aussi procédé à la dissolution de toutes les amicales et de la coordination des étudiants de l’université. Le recteur ne s’est pas limité à cela. Il a suspendu toutes les activités de ces organisations au sein du temple du savoir après avoir consulté les responsables des Ufr et de départements à proposer des modalités de reprise des enseignements.
Toutefois, le Centre universitaire de Kolda et l’Ufr 2S ne sont pas concernés par cette mesure. Ils restent opérationnels, avec des cours en ligne.
Quelques minutes après la décision, le directeur du Crous a procédé, lui aussi, à la fermeture du campus social, à compter d’hier. Dans le communiqué, il informe que «les étudiants résidant sur le campus social disposent d’un délai de 48 heures pour rendre les clés de leurs chambres et le matériel mis à leur disposition». «Cette mesure vise à garantir la sécurité et le bien-être de tous, conformément aux directives émises par le conseil académique», explique la direction du centre régionale des œuvres universitaires sociales de Ziguinchor (Crous/ Z)».
Les étudiants préparent la riposte
La fermeture de l’université Assane Seck, suivie de la dissolution des amicales et de la coordination des étudiants risquent d’empirer la situation. Les pensionnaires, qui s’attendaient à des négociations autour d’une table, promettent de porter la réplique. Une réunion d’urgence a été tenue, tard dans la soirée d’hier, par les représentants des étudiants pour peaufiner une stratégie. «Nous ne laisserons pas passer ces mesures. C’est une violation de nos acquis», fulmine Khadim Diène, coordinateur des étudiants de l’Université de Ziguinchor, joint hier, par téléphone. Selon lui, la fermeture du campus pédagogique ne se justifie point. À l’en croire, c’est une décision irréfléchie et anti-démocratique, un manque de respect aux étudiants. «Nous allons l’attaquer devant la Cour suprême ainsi que la dissolution des amicales. Le recteur abuse de ses pouvoirs», critique-t-il.
Le représentant des étudiants, qui fait état d’un bilan de 31 blessés et de cinq arrestations lors des manifestations, informe que le combat va continuer. Ses camarades et lui, soutient-il, mènent une bataille pour le respect de leurs droits, mais aussi pour de meilleures conditions d’études. Il accuse le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) de n’avoir pas respecté ses engagements. Il avait promis, lors de sa visite, la livraison des chantiers dans trois mois. «Il était là au mois de juin. Il nous avait promis que les chantiers des pavillons et d’autres bâtiments allaient être livrés au plus tard dans la première quinzaine d’août. Rien n’est fait. Il n’y a même pas de travaux», soutient Khadim Diène.
D’après lui, lors d’une audience accordée à la coordination des étudiants de l’université de Ziguinchor en septembre dernier, Abdourahmane Diouf avait réitéré son engagement de livraison des chantiers dans deux semaines. «Il avait annoncé que 150 milliards de francs Cfa ont été mobilisés. Et que les négociations avec l’entreprise étaient avancées. Jusqu’à présent, rien n’est fait. Les chantiers stagnent», constate-t-il. Au-delà, les étudiants réclament l’extension de la carte des restaurants universitaires. Selon Khadim Diène, le seul restaurant existant ne peut plus servir tous les étudiants. Il réclame un autre «restaurant de 750 places». Il évoque aussi la réfection des salles de cours et d’autres travaux pour mener à bien les enseignements-apprentissages dans le temple du savoir. «Nous attendons la livraison des 1 000 lits supplémentaires promis. Jusqu’à présent, les deux blocs pédagogiques, les 32 salles de Td, les 24 amphis de 150 places et les deux amphis de 500 places ne sont pas livrés. Nous avons un déficit de matériels didactiques. Les bâtiments pédagogiques sont délabrés, les logements insalubres, les services de base défaillants…», déplore-t-il.
Salif KA