Au moins 80 % des noyaux qui vont donner le poussin sont importés. Cela a, non seulement, un risque pour les consommateurs, mais aussi un coût pour les acteurs du secteur avicole. C’est ce qui ressort de l’atelier d’échanges pour le partenariat Italie-Sénégal sur l’aviculture, tenu hier au Cices.
On ne sait vraiment pas grand-chose du parcours de la cuisse de poulet ou de l’omelette dans l’assiette ! C’est toute une histoire que même les acteurs du secteur avicole avouent ne pas encore saisir. «Nous n’avons aucune information sanitaire réelle sur les œufs qu’on importe. Le contexte sanitaire mondial, les maladies transmissibles, les zoonoses peuvent se refléter sur les Œufs à couver (Oac)», a regretté le Secrétaire général du collectif des techniciens avicoles du Sénégal, Babacar Soumaré, interpelé hier au Cices en marge d’un atelier sur l’aviculture.
Pis, prévient-il, «si nous n’avons pas de visibilité sur les titrages en anti corps des parents, il sera très difficile de mettre en place un programme de profilage adapté, parce que, derrière, il y a des non-dits, des éléments qu’on ne contrôle pas».
L’importation des souches va avec des risques, mais aussi avec des coûts de production. «Si le Sénégal se lance réellement dans la production de repros, ça lui permettra de régler le coût de production du poussin, qui va nous coûter moins cher», estime M. Soumaré.
Modérateur des discussions, Dr Moussa Diouf abonde dans le même sens. «Les œufs à couver sont mis dans des couvoirs pour produire des poussins. Le Sénégal n’est pas encore un grand producteur d’Oac. 80 à 90 % des Oac utilisés dans nos couvoirs sont importés du Brésil, du Maroc, d’Europe. Si on dépend en grande partie des importations, toute fluctuation du commerce extérieur ou international va automatiquement impacter les prix, d’autant qu’il a fallu qu’on ait une guerre entre l’Ukraine et la Russie pour voir automatiquement augmenter les matières premières importés, du fait du fret, des couloirs maritimes secoués», renforce Dr Diouf, ancien vice-président de l’Ordre des vétérinaires du Sénégal.
Il y a, de plus en plus, de producteurs dans l’aviculture, selon les participants à l’atelier. A tel point que l’idée d’assainir le secteur est réitérée. «L’objectif est d’avoir le maximum de fermes possibles. Par contre, il faut qu’ils soient organisés», souligne Dr Diouf. Représentant du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, Dr Mathioro Fall, de la direction des Services vétérinaires, informe de l’existence de textes à réviser pour faire face à la «prolifération» des fermes.
Il rappelle, par ailleurs, la mesure de suspension des importations qui a favorisé le développement du secteur avicole en interne. M. Fall reconnaît que les défis persistent et que l’atelier va contribuer à produire des recommandations en faveur du secteur de l’aviculture.
Dr Gana Pène, de l’Ordre des vétérinaires, rappelle que l’objectif est d’atteindre d’ici 2030, la consommation de sept kg de poulet par tête et par année.
Emile DASYLVA