Investi tête de liste nationale, la campagne de Macky pour défendre la liste Takku Wallu ne sera pas un long fleuve tranquille. En plus, avec les multiples plaintes qui planent sur sa tête, il risque même d’être interdit de sortie du territoire national.
Depuis la chute de son régime, le président Macky Sall s’est terré au Maroc avec sa famille. Mais investi tête de liste nationale de la coalition Takku Wallu, c’est lui qui devrait normalement battre campagne, défendre la liste dans les 47 départements que compte le pays. Il sera avec les candidats investis de Takku Wallu partout où le devoir de la campagne électorale les appelle. Mais avec son passé «sombre» à la tête du pays, cette tâche ne sera pas facile. Il lui sera difficile de dérouler, de «vendre» le programme Takku Wallu avec le mécontentement envers sa personne qui est toujours vivace.
À moins que de fortes dispositions sécuritaires ne soient prises, le risque de huées est omniprésent. Au-delà de tout cela, il s’est créé des ennemis au sein de son parti l’Apr avec le «lâchage» en rase campagne de son candidat Amadou Bâ à la présidentielle de 2024 avec les conséquences qu’on connaît. Beaucoup de ses responsables l’accusent d’avoir «comploté» contre le candidat de Benno Amadou Bâ qui a d’ailleurs quitté le parti avant de constituer la liste Diam Ak Ndiarign avec des frustrés de la défunte coalition Benno Bokk Yakkar.
Ces derniers ne vont pas lui faire de cadeaux. Macky Sall sera combattu de tous les côtés. Il sera combattu par les responsables du parti au pouvoir qu’il a fait voir de toutes les couleurs, d’une part, et d’autre part par ses anciens partisans.
Menace d’interdiction de sortie du territoire
A l’instar de nombre de ses poulains bloqués actuellement dans le pays par une mesure d’interdiction de sortie du territoire national, cette même mesure pourrait s’abattre sur le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye une fois de retour au pays. En effet, le Président Macky Sall est appelé à s’expliquer sur les accusations de «maquillage» des comptes publics et de détournements de deniers publics.
Il risque également de faire face aux nombreuses plaintes dont celle du collectif des victimes de sa répression et la pétition du club citoyen pour la justice et la paix de Bigué Cheikh Ndiaye. Malgré la loi d’amnistie qui efface les crimes, meurtres, tortures, emprisonnements arbitraires… qui se sont produits entre 2021 et 2024, les séquelles sont encore là. La rancœur est toujours vive. Les victimes de son régime ne lui feront pas le temps de dérouler sa campagne électorale. D’ailleurs ses victimes réclamaient son extradition et son jugement.
Dans une lettre ouverte adressée à Reed Brody, avocat spécialisé dans la défense des droits humains, ce collectif, constitué des familles et proches des victimes des répressions politiques entre juin 2021 et juillet 2023, réclame justice pour les événements tragiques ayant marqué les dernières années du mandat de Macky Sall.
Il évoque un bilan lourd de «plus 80 morts», des dizaines de disparus introuvables et des milliers de détentions arbitraires. Le collectif l’accuse également d’avoir tenté d’effacer ses responsabilités à travers une loi d’amnistie, adoptée peu avant la fin de son mandat.
Magib GAYE