Le gouvernement veut mettre de l’ordre dans l’exercice de la médecine traditionnelle. Le secrétaire général du ministère de la Santé, Serigne Mbaye qui a clôturé la 22ème édition des Journées africaines de la médecine traditionnelle, a fait savoir que l’Etat est en train de travailler sur un cadre juridique pour encadrer cette pratique.
En Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 80 % des populations font recours aux soins prodigués par les praticiens de la médecine traditionnelle. Et le Sénégal ne fait pas l’exception. Aujourd’hui, face à la cherté de certains médicaments et l’incessibilité des services de santé dans certaines zones du pays, beaucoup de Sénégalais se rabattent sur la médecine traditionnelle pour se soigner de certaines maladies sans mesurer les conséquences néfastes que ces produits peuvent engendrer. Sauf que cette pratique à base de plantes médicinales échappe à tout contrôle. Cet état de fait est lié en grande partie, constate le secrétaire général du ministère de la Santé, Serigne Mbaye par l’absence de réglementation dans la pratique.
Dans la même dynamique, M. Mbaye souligne que les plantes médicinales locales, malgré des études scientifiques poussées sur leurs multiples propriétés pharmacologiques, ne font pas encore l’objet de préparations médicamenteuses modernes à mettre à la disposition de nos populations. C’est pourquoi annonce-t-il, «le gouvernement du Sénégal travaille à offrir au pays un cadre juridique et réglementaire approprié pour permettre aux praticiens de la médecine traditionnelle de prendre en charge les populations en toute sécurité». A cet effet, la loi 2023-06 du 13 juin 2023 qui crée la Pharmacopée sénégalaise, permettra ajoute-t-il, de reconnaître toutes les plantes médicinales traditionnelles qui pourront servir à la production de médicaments modernes et de médicaments traditionnels.
Président de la fédération sénégalaise des praticiens de la médecine traditionnelle, Sengane Sène trouve qu’au Sénégal, l’absence d’un cadre légal de régulation de l’exercice et de la pratique de la médecine traditionnelle, est un vide juridique. C’est pourquoi, il demande de combler ce vide juridique afin de rendre officielles les connaissances médicales traditionnelles. M. Sène rappelle que depuis le 31 mai 2017, le Conseil des ministres a approuvé et transmis à l’Assemblée nationale le projet de loi sur la médecine traditionnelle. Or, dans le cadre de la mise en place de mécanismes réglementaires appropriés, le projet de loi sur la médecine traditionnelle stipule la création d’un Conseil National pluridisciplinaire et multisectoriel, chargé notamment de garantir entre autres le respect par les praticiens d’un code d’éthique, de valider les essais cliniques d’évaluation de l’efficacité et de l’innocuité des médicaments traditionnels, de veiller aux bonnes pratiques de fabrication des médicaments traditionnels.
Pour Sengane Sène, le Sénégal ne saurait soutenir une médecine traditionnelle de qualité et sûre en laissant prévaloir une telle situation d’inexistence d’une loi vouée à réglementer le secteur de cette dernière. Raison pour laquelle, indique-t-il, il urge que le pays se dote d’un Programme national de promotion de la médecine traditionnelle et se hisse au niveau des pays de la région qui non seulement disposent de textes réglementaires appliqués à l’exercice de la médecine traditionnelle. Mais aussi de centres d’excellence qui pourvoient leur pharmacie nationale d’approvisionnement et leurs hôpitaux, en médicaments traditionnels à efficacité prouvée.
Samba BARRY