Le leader du mouvement AGIR, Thierno BOCOUM, a soupçonné mardi le président de la République, Bassirou Diomaye FAYE, de vouloir introduire une réforme constitutionnelle à l’Assemblée Nationale, afin de pouvoir dissoudre cette dernière en cas de rejet de la proposition de loi.
«La suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique social et environnemental (Cese) hautement souhaité est envisagée par le Président de la République dans le contexte actuel en décidant de convoquer l’Assemblée nationale en session extraordinaire, ce jeudi 29 août 2024. Chercher à introduire une réforme constitutionnelle tout en étant sûr de ne pas avoir la majorité requise si les divergences sur la question évoquée sont assumées, est une triste manière de jouer aux enfantillages avec les institutions de la République et d’exposer une stratégie politicienne de bas étage», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Rationaliser les dépenses et réduire considérablement le train de vie de l’Etat
D’après lui, le Président vise à « s’appuyer sur le rejet de la loi afin de se placer favorablement en vue d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale ».
«Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas alors introduire les autres réformes constitutionnelles envisagées et ainsi faire d’une pierre plusieurs coups ? Les réformes attendues ne manquent pas et pouvaient être introduites dès leur arrivée au pouvoir, sans perdre du temps, si l’idée de tout soumettre à l’Assemblée nationale actuelle était une option sérieuse. La République pouvait se passer de ce jeu de dupe à l’heure où de nombreuses attentes des populations demeurent sans suite », a-t-il ajouté.
Thierno BOCOUM met en avant que l’urgence réside dans la nécessité de présenter une vision claire aux Sénégalais, qui se sentent désorientés par le désordre d’une gestion improvisée qui prévaut dans le cadre de la gouvernance.
Présenter une vision claire aux Sénégalais, qui se sentent désorientés
«Le décret de répartition des services de l’Etat aurait pu rationaliser les dépenses et réduire considérablement le train de vie de l’Etat en attendant qu’une loi intervienne pour les réformes constitutionnelles, dans le cadre d’une Assemblée nationale nouvellement composée », estime-t-il.
« Nous rappelons au Président de la République, dans son envie soudaine de prendre des initiatives, que l’article 63 peut aussi permettre de convoquer une session extraordinaire afin d’introduire un projet d’abrogation de la loi d’amnistie sur les récentes émeutes au Sénégal. Plus de 80 personnes ont été tuées et leurs familles réclament encore justice. Que les responsabilités soient situées et que justice soit faite», a conclu l’ancien député.
Liboire SAGNA