La saison des pluies bat son plein à Matam avec son lot d’avantages et de conséquences. Au moment où les paysans pensent déjà à la culture de décrue, les populations du Daande Maayo (villages situant sur le bord du fleuve) quant à elles restent coupées du monde du fait de l’interdiction de circulation sur les ponts de Diamel et de Ndouloumadji qui constituent un passage obligé pour leurs habitants.
(Correspondance) – Les populations de Matam sont sur le qui-vive. La situation est devenue beaucoup plus inquiétante qu’il est même imprudent de se baigner à certains endroits du fleuve dont le niveau d’alerte est maximal. Au niveau du quai de pêche de la ville, les éléments de la brigade des sapeurs-pompiers veillent au grain. Ils surveillent à tout moment la circulation sur le fleuve et interviennent à la moindre alerte. En plus pour faire la traversée, il est obligatoire de se munir d’un gilet de sauvetage car le niveau du fleuve a atteint son paroxysme. En cette période d’hivernage, ce sont les populations de Dia-mel qui souffrent le plus. Parce que leur localité est reliée à Matam par un pont long de 95mètres, qui menace de s’effondrer à cause de son état de délabrement avancé. D’ailleurs, avec les fortes pluies enregistrées ces dernières 48 heures dans la zone, ajoutée à la montée des eaux du fleuve, la circulation est interdite aux gros engins. «Après constat, il a été décidé d’interdire provisoirement sur le pont, la circulation aux véhicules poids lourds», a informé l’adjointe au préfet de Matam, Ndèye Diombana Cissé.
Face à la situation, seuls les véhicules de type léger, les motos et les charrettes sont autorisés à circuler sur le pont en dégradation avancée qui a encore subi les impacts des pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers temps dans la région. La mesure d’interdiction renouvelée, a une fois encore amené les populations à reprendre leurs vieilles doléances qui tournent autour de l’accélération des travaux de la route du Dandé Maayo. «Nous sommes en hivernage et le pont peut s’écrouler à tout moment et c’est le moment d’inviter les nouvelles autorités du pays à nous construire un nouveau pont pourque la circulation ne connaisse pas des perturbations», soutient ce grand pêcheur, Moussa Diaw.
Dans le département de Matam, les fermetures et restrictions de circulation qui portent sur les ponts de Ndouloumadji et Diamel contraignent déjà les bus de transport et les véhicules de marchandises à emprunter d’autres itinéraires, en particulier une bretelle située dans la commune d’Oréfondé. Structures sanitaires impactées.
En plus de cela, les centres de santé et autres structures sanitaires sont impactés. Car pour acheminer les malades à Matam ou à Ourossogui, les ambulanciers sont obligés de faire le grand tour en passant par Oré-fondé avec plus de 230 Km alors que pour emprunter la route du Daande Mayo via Matam, il suffit de parcourir 40 Km.
En cette période d’hivernage pendant laquelle il pleut presque tous les jours, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Au moment où certains ont déjà abandonné leurs habitations à cause de l’envahissement des eaux, comme c’est le cas aux quartiers Soubalo et Diamel, les éleveurs de leur côté n’ont plus besoin de faire des kilomètres àla recherche de pâturages et autres. Ils ont l’eau à portée de mains car les bassins sont remplis et le tapis herbacé est suffisamment fourni pour abreuver le bétail. Il suffit de faire un tour dans le département de Ranérou Ferlo pour apercevoir les longs fils de charrettes de peuls nomades venus des profondeurs du Sine et du Saloum à la recherche de l’herbe.
Amadou Issa KANE