L’audience en Appel du journaliste René Capain BASSÈNE et du membre du MFDC Omar Ampoi BODIAN a démarré sur les chapeaux de roues. Aussitôt ouverte, il y a eu la lecture des faits qui sont reprochés aux deux détenus, contenus dans l’ordonnance de renvoi du dossier, selon Le Témoin qui rapporte dans son édition de ce jeudi, le compte rendu d’audience.
Ce qui a marqué le plus les esprits, lors de la première journée de ce procès qui prendra fin demain vendredi, c’est la plaidoirie de Me Ciré Clédor LY, l’avocat de la défense qui a évoqué un chapelet de motifs tendant à démontrer, selon lui, que la procédure a été violée depuis le début de cette affaire jusqu’au jugement en première instance.
Pour étayer sa thèse, Me LY a évoqué les procès- verbaux d’audition comme ceux des constats pour indiquer que la gendarmerie s’est assise sur tout ce qu’exige la loi pour arrêter et emprisonner René Capain BASSENE et tous ses co-inculpés. Or, souligne-t-il, l’article 51 bis du code de procédure pénale sénégalais comme l’article 5 de l’Uemoa exigent des officiers de police judiciaire qu’ils lisent leurs droits aux personnes arrêtées et que ces personnes aient droit à un avocat et aussi à la visite d’un médecin.
Des droits qui, selon Me Ciré Clédor Ly, n’auraient pas été respectés pour les personnes arrêtées dans la nuit du 13 janvier 2018. Plus grave encore, l’avocat a fait savoir qu’après plus de 48 heures de garde à vue, c’est le 17 janvier 2018 que le procureur de la République, Alioune Abdoulaye Sylla, avait signé le procès-verbal de la prolongation de la garde à vue de René Capain Bassène suite à une lettre du commandant de brigade de la gendarmerie « qui s’était rendu compte de sa bourde ».
Ce dernier a demandé et obtenu une prolongation de la garde à vue, déplore l’avocat de la défense qui a demandé à ce que toute cette procédure soit annulée pour cause de nullité.
À ce sujet, il soutient mordicus que les hommes en bleu tout comme le juge d’instruction ont violé la loi durant toute la procédure. « M. le président, j’ai défendu des anciens chefs d’Etat, j’ai défendu des Premiers ministres. Depuis que j’ai commencé ma carrière d’avocat, la seule personne dont les droits ont été aussi violés c’était Karim WADE. En dehors de ces cas évoqués, ce sont ces gens-là (Ndlr, les accusés dans l’affaire de Boffa Bayotte) qui ont été maltraités comme jamais. Et j’espère que vous mettrez un terme à cette injustice et remettrez ces personnes en liberté », a-t-il lancé.
Le journal signale qu’à la veille de ce procès en Appel, le président du mouvement ‘’Vision Citoyenne’’, Madia Diop SANE, qui suit de près cette affaire de Boffa Bayotte depuis son éclatement en 2018, est monté au créneau pour émettre des craintes par rapport à ce nouveau jugement. Il craint notamment que Ibrahima Diédhiou et Aliou Badara Sané soient à nouveau condamnés. A leur propos, il a récusé l’attitude du procureur qui a interjeté appel par rapport au verdict rendu les concernant en première instance. Il a, lui aussi, martelé que l’enquête de la gendarmerie concernant cette affaire de Boffa Bayotte n’a pas été faite dans les règles de l’art.
Il s’est également interrogé sur les raisons qui motivent la convocation de César Atoute Badiate qui n’a jamais fait appel de sa condamnation.
Le président du mouvement Vision Citoyenne se dit étonné de la condamnation de René Capain BASSENE et Oumar Ampoï BODIAN, soulignant qu’aucune preuve n’avait été présentée contre eux lors du procès en première instance qui a eu lieu en 2022. Sur un autre plan, il a demandé à ce que le groupe des accusés qui avait été acquitté, après avoir passé 4 ans en prison, soit dédommagé sinon, dit-il, les erreurs judiciaires vont s’accumuler au Sénégal.
Le journal souligne également que le chef rebelle César Atoute BADIATE, condamné en première instance par contumace, et qui n’a pas interjeté appel a été convoqué à la barre. Mais il ne s’est pas présenté.