Dans une situation critique causée par d’énormes dégâts qu’il a précédemment connus, le groupe WalFadjri a vu ses comptes bancaires bloqués par les Impôts, à l’instar d’autres médias. Une décision des nouvelles autorités qui ne sera pas sans conséquences.
Alors qu’il était en train de panser ses plaies causées par un incendie ravageur et les suspensions répétées du signal de sa chaîne de télévision, le groupe de presse WalFadjri s’est vu asséner un coup violent par les Impôts. En effet, par le biais d’un Avis à tiers détenteur, tous les comptes du groupe de Front de Terre sont actuellement bloqués par le Fisc. Cela, après un redressement fiscal envoyé à la direction du groupe depuis quelques semaines.
Cette décision du nouveau pouvoir sénégalais a poussé l’administration du groupe de presse dans l’incapacité de satisfaire les facilités à ses employés pour la célébration de l’Eid el Kébir. «Nous sommes au regret d’informer le personnel du Groupe Wal Fadjri que, pour cette année 2024, la direction n’est, malheureusement, pas en mesure d’allouer aux agents qui le désirent la traditionnelle +Avance Tabaski+. La raison étant que, comme vous le devinez, les nouvelles autorités ont décidé de bloquer nos comptes bancaires avec un Avis à tiers détenteur (Atd) pour des impôts de 2016 à 2018. Un Atd délivré ce jour par la Direction générale des impôts et domaines», lit-on dans une note d’information de la direction générale du groupe, hier. «C’est donc la gestion de Sidy Lamine Niass qui n’est plus de ce monde pour se défendre que l’Etat attaque», ajoute le document.
Cette mesure des nouvelles autorités, intervenue dans un contexte économique morose, est venue aggraver la situation du groupe WalFadjri. Lequel a vécu un sale temps causé par les suspensions répétées, entre 2021 et 2024, du signal de la télévision par le régime sortant du Président Macky Sall. Ce à quoi est venu s’ajouter le violent incendie qui a ravagé tous les plateaux de la chaîne privée. Cela, sans compter l’injustice subie par le groupe dans la distribution de l’aide à la presse annuelle. «Nous tenons à préciser que notre groupe ne s’est jamais soustrait et ne saurait se soustraire à ses obligations fiscales et sociales. C’est une entreprise sénégalaise qui, en tant que telle, est assujettie à des devoirs dont elle s’acquitte comme toutes les entreprises. Et nous ne comptons pas déroger à cette ligne tracée par son défunt fondateur qui a toujours respecté scrupuleusement ses obligations avant de réclamer, en contrepartie, la jouissance de ses droits. Sauf que le contexte choisi pour ce double contrôle et la période indiquée posent problème», soutient Me Cheikh Niass, Président-directeur Général du groupe WalFadjri qui rappelle la double convocation, en moins de 24 heures, de son entreprise : celle de l’inspection du travail, le matin, et du Fisc dans l’après-midi. Cela frise le harcèlement.
Selon lui, cette convocation était intervenue quelques semaines seulement après le violent incendie qui a ravagé le studio de télévision de dernière génération, retapé à neuf à coup de centaines de millions. Dans son indignation, Me Niass fait savoir que la période choisie pose tout autant problème, vu que le contrôle vise les années 2016, 2017 et 2018. «On n’apprend rien à personne si on rappelle que cette période concerne la gestion de feu Sidy Lamine Niass. Si ce n’est pas une profanation de sa mémoire, cela y ressemble fort. S’y ajoute que, à plusieurs reprises, les pouvoirs successifs ont annoncé des mesures d’amnistie fiscale qui sont restées à l’état de vœu pieux», se désole-t-il. Poursuivant, il rappelle celle faite en 2008 par Me Abdoulaye Wade, celle couvrant la période de la Covid-19, une crise qui avait frappé tous les secteurs et celle annoncée dernièrement par Macky Sall, la veille de son départ du Palais. «Toutes ces mesures d’amnistie sont restées lettre morte car n’ayant pas fait l’objet de décret. Faute d’écrit, elles n’ont jamais reçu d’application effective», déplore Me Cheikh Niass.
Salif KA