Élu président de la République en remplacement de Macky Sall, le président Bassirou Diomaye Faye a deux possibilités pour gouverner et mettre en œuvre ses réformes. Il s’agit soit de cohabiter, en instaurant une discussion avec la majorité de Benno à qui elle reste encore trois ans de législature, soit de dissoudre l’Assemblée et organiser des nouvelles élections législatives pour chercher une majorité confortable.
Minoritaires à l’Assemblée nationale avec leur groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, les députés de Pastef n’ont actuellement pas les coudées franches pour permettre à leur président nouvellement élu de dérouler ses politiques et réformes. Deux cas de figure s’offrent au duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko. Il s’agit soit de cohabiter, en instaurant une discussion avec la majorité de Benno Bokk Yakaar à qui elle reste encore trois ans de législature, soit de procéder à une dissolution pure et simple du parlement, suivie d’une nouvelle élection législative pour chercher une majorité confortable. «Le parti Pastef a un groupe parlementaire et n’a pas la majorité. La majorité est du côté de la coalition Benno Bokk Yakaar. Soit le Président Bassirou Diomaye Faye laisse l’Assemblée telle qu’elle est avec ce rapport de force et essaie de discuter cas par cas comme ce qui se passe actuellement en France», souligne le journaliste et analyste politique Mamadou Sy Albert. Pour étayer son argumentaire, il explique que s’il y a une réforme de la loi, une réforme de la constitution dans un domaine précis au cas par cas, le groupe parlementaire de Pastef va d’abord discuter au sein de la coalition Yewwi Askan Wi ensuite avec les autres coalitions. Et d’après lui, cela peut tenir d’ici le mois de septembre. C’est une hypothèse de travail, selon lui.
La deuxième hypothèse, c’est que le Président Diomaye dissolve l’Assemblée nationale pour ne pas être à la merci de la majorité parlementaire. «Il peut ainsi envisager, de manière beaucoup plus apaisée, les réformes qu’il veut faire: réformer le régime présidentialiste, appliquer les réformes, les conclusions des assises nationales… Car s’il n’a pas une majorité à l’Assemblée nationale, il y a des risques de blocage ou de rejet de ses projets de loi», dit-il. Le Président Diomaye Faye, selon lui, «a politiquement intérêt» à dissoudre l’Assemblée nationale et à aller à la quête d’une majorité pour mettre en œuvre ses réformes. «S’il n’y a pas de réformes institutionnelles sur la gouvernance, la séparation du pouvoir, je vois mal comment ils peuvent dérouler leurs promesses. Nécessairement, ils vont dissoudre l’Assemblée et aller à la conquête du suffrage des Sénégalais. Et là, il y a de fortes chances que la coalition Diomaye obtienne la majorité aux prochaines élections législatives», soutient Mamadou Sy Albert.
Néanmoins, dissoudre l’Assemblée nationale n’est pas une mince affaire pour le nouveau pouvoir. Car, non seulement il faudra attendre le mois de septembre prochain pour pouvoir le faire, après ses deux années d’existence, mais il va falloir au préalable faire voter à l’hémicycle une loi de finance rectification pour prévoir les ressources nécessaires à cette exercice. Ce que les députés ne faciliteront sans doute pas.
Magib GAYE