La coalition “Diomaye Président” a présenté, samedi, son programme notamment les réformes monétaires pour le financement de l’économie. Parmi les propositions, la création en vue d’une monnaie nationale.
Pour “DiomayePrésident”, il est nécessaire de mettre en œuvre une réforme monétaire qui permettra à notre pays de se doter de sa propre monnaie. Cependant, la création d’une monnaie nationale requiert le respect des étapes du processus. Ainsi, les actions ci-dessous sont nécessaires :
- Mettre en place une politique macroéconomique solide. Une monnaie est un bien qui évolue dans un marché et respecte cette loi fondamentale : celle de l’offre et de la demande.
Une monnaie est soutenue par une bonne situation macroéconomique.
Ainsi, le lancement de la monnaie nationale le Sénégal doit avoir une structure économique solide avec un bon modèle économique. Nous comptons principalement sur ses ressources naturelles pour avoir une monnaie forte : métaux précieux (or et platinoïdes), des métaux de base (fer, cuivre, chrome, nickel), des minéraux industriels (phosphates, calcaires industriels, barytine), des minéraux lourds (zircon et titane), des pierres ornementales et matériaux de Construction.
- Séparer les banques d’affaires des banques de dépôt. Pour cela, il faudra confiner les banques d’affaires dans les prêts de consommation à court terme et leur interdire le marché des obligations. Des banques nationales seront créées pour financer notre développement en ciblant les secteurs stratégiques.
- Avoir les moyens techniques de création monétaire. Dans le cadre de l’UEMOA ou après la mise en place d’une monnaie nationale, il faut permettre aux États de se refinancer au taux de zéro (0%) au niveau de la Banque centrale ou, à tout le moins, au taux directeur de la banque centrale.
- Démonétiser temporairement l’or : Pour y arriver, il faudra interdire l’importation et la vente de l’or au Sénégal et ne permettre l’achat de l’or que par l’État. Cela permettra à l’État de récupérer une bonne partie de l’or (estimé à un potentiel de 40 tonnes-or domestique) pour constituer un début de stock de réserves d’or nécessaires à la création d’une nouvelle monnaie. La constitution de la réserve de garantie continuera avec la part renégociée revenant à l’État dans l’exploitation de l’or dans l’Est du Sénégal. Aussi, le Sénégal dispose d’une part non négligeable de réserves d’or dans les réserves du Trésor français.
- Reprofiler la dette publique et annuler la dette privée : Le reprofilage correspond à un décalage avant paiement, une renégociation (échéancier, taux, etc). L’annulation correspond à la subrogation de l’État aux privés pour payer à leur place aux banques privées. Cela est possible par simple émission monétaire. En contrepartie l’État pose des conditions de réorientation pour le bénéfice de la mesure.
- Régler le déficit commercial qui crée une tension permanente de devises et oblige l’État à recourir à la dette, à des exportations de matières premières et aux investissements directs étrangers. La réduction du déficit passe par l’atteinte de l’autosuffisance en produits alimentaires (riz, autres céréales, oignon) dont l’importation massive creuse la balance commerciale à notre détriment.
- Régler les avoirs extérieurs et négocier les comptes d’avances. Ainsi, nous prendrons notre part dans les avoirs extérieurs actuellement gérés par la BCEAO, dans le cadre de l’UEMOA. A partir du moment où le Sénégal a et gère sa propre monnaie, il gérera par lui-même, ses propres ressources financières « dormantes » dans les comptes de dépôt éparpillés à travers le monde. Les comptes d’avances (différents des comptes de dépôt) ont l’avantage de laisser les ressources entre les mains de l’État qui peut les utiliser dans des investissements prioritaires
- Mettre en place un système d’assurance des dépôts qui concernera les dépôts intérieurs des clients des banques privées hors DAT (dépôt à terme). Donc seuls seront concernés les dépôts courants et les épargnes. Cette socialisation des pertes des banques et privatisation des profits au sein des banques expose des pertes des dépôts des clients en cas de faillite.
- Créer un gendarme de la Bourse. En effet, avec une monnaie propre, la création d’une bourse peut s’avérer opportune et donc requérir la nécessité d’une régulation bien ferme.
- Orienter le circuit du Trésor vers les grands travaux. Avec une monnaie souveraine, il est possible de réactiver la fonction bancaire du trésor et se servir de l’épargne stable (CDC, Épargne postale) pour financer les grands travaux de l’État.
- Créer une banque centrale avec une indépendance limitée, est l’option que nous avons choisie. L’indépendance limitée consistera en la limitation des missions de la Banque Centrale à toutes autres, à l’exclusion de la définition de la politique monétaire. La banque centrale doit mettre au point une stratégie pour éviter une augmentation de la fausse monnaie au cours des étapes cruciales de la réforme. La banque centrale doit établir bien à l’avance le budget pour l’ensemble du processus et le réviser si nécessaire au fur et à mesure
- Rendre la monnaie flottante et semi-convertible. Notre monnaie nationale ne sera pas arrimée à une parité fixe à une autre monnaie (caractère flottant). Rendre la monnaie non convertible (d’usage simplement interne) a l’avantage d’empêcher son attaque par des gens malveillants. La non-convertibilité absolue empêche le transfert des ressources réalisées, au Sénégal, par les entreprises établies, au Sénégal, par les entreprises établies au Sénégal.
Liboire SAGNA