De Doha où il se trouve après son «exil forcé», l’ancien ministre «du ciel et de la terre» occupe l’espace politique. Depuis le blocage de sa candidature par le Conseil constitutionnel en passant par le report de la présidentielle, Karim Wade est au-devant de la scène.
Bien qu’absent du territoire national, Karim Wade occupe le landerneau politique. Il fait la pluie et le beau temps. La collaboration de son parti le Pds avec la coalition Bby faisant, c’est par lui que tout passe et c’est par lui que tout retourne. Ce, depuis le blocage de sa candidature par les sept «sages». Journaliste et analyste politique El Hadj Seydou Nourou Dia précise : «Le cas de Karim Wade est une chose assez exceptionnelle qui pourrait constituer un cas d’école. Pendant longtemps, il n’est pas là mais il marque d’une façon ou d’une autre la vie politique sénégalaise. C’est un phénomène qu’il faut reconnaître comme tel. Il est à l’origine d’un des éléments qui ont poussé au report de la présidentielle». «Ce n’était pas une obligation qu’il soit présent, dès lors qu’il y a un mandataire et qu’il peut déléguer des personnes qui pourront agir en sa qualité. Malgré son absence, le rôle qu’il joue dans la vie politique et le leadership dont il fait montre pour repositionner ou replacer le Pds dans le landerneau politique même si sa candidature est invalidée, prouvent qu’il pèse dans l’échiquier politique», poursuit-il.
Après l’invalidation de la candidature de Karim pour cause de double nationalité après avoir passé avec succès l’étape des parrainages, les libéraux ont accusé deux juges du Conseil constitutionnel de corruption. Il s’ensuit des actes que Karim va dérouler depuis Doha. Juste après cette supposée histoire de corruption au Conseil constitutionnel, les députés du Pds vont déposer une demande de mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire. «Nous ciblerons les problématiques de conflits d’intérêts, de corruption présumée, de violations flagrantes et manifestes du secret des délibérations du Conseil constitutionnel et de collusion entre certains membres dudit Conseil et des candidats», indiquait un communiqué du parti. Cette demande de Karim sera appuyée par les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar. Le député Diop Sy porta un amendement pour que la date de l’élection présidentielle soit fixée le 15 décembre au lieu du 25 août comme l’avait proposé le groupe parlementaire «Liberté, Démocratie et Changement». Le député justifie son amendement par le fait que «le 25 août risque de coïncider avec le lendemain du grand Magal de Touba». Pour le maire de la ville de Tivaouane, choisir cette date reviendrait à aller encore vers un nouveau report. Malgré l’opposition des députés de Yewwi et des non inscrits, la loi passe au forceps Sur son compte Twitter, Karim Wade jubile, qualifiant cela d’une «victoire décisive contre un coup d’État électoral».
Magib GAYE