Depuis quelques jours, son nom circule comme étant celui qui est au cœur des négociations entre Macky Sall et Ousmane Sonko, son principal opposant. Ousmane Yara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un richissime homme d’affaires malien vivant entre Conakry et Lagos mais ayant ses entrées dans beaucoup de capitales de la sous-région. Sa particularité ? Etre ami des chefs d’Etat. Wade, Buhari, ATT, Macky Sall, Alpha Condé comptent parmi ses intimes et ont souvent eu recours à ses services pour se tirer de situations cocasses. Cet adepte de la diplomatie parallèle est à tu et toi avec l’actuel Président nigérian Bola Tinubu dont il a participé à la campagne victorieuse lors de la dernière présidentielle. Il aurait, d’ailleurs, joué un rôle dans le déplacement de Macky Sall à Abuja lors du dernier sommet des chefs d’Etat de la Cedeao.
Et aurait convaincu son ami Bola Tinubu d’annuler son voyage de Dakar, au lendemain du report de la Présidentielle et des violences qui s’en sont suivies. L’homme s’invite à la table des chefs d’Etat et dispose d’un impressionnant carnet d’adresses. Cette respectable carte de visite lui a permis de dénouer bien des crises. Par exemple, c’est avec son entregent que le Sénégal a échappé de justesse aux violences électorales que Me Abdoulaye Wade avait appelées de tous ses vœux en 2019. On était à la veille de la Présidentielle.
Le père de Karim menaça d’appeler ses militants à brûler bureaux, urnes et bulletins de votes. C’est la «diplomatie» secrète de Yara, secondé en son temps par un autre homme multicartes du nom de Johnny Bâ, qui obligea Me Wade à revenir à de meilleurs sentiments. Ce, via ce qu’il est convenu d’appeler le «Protocole de Conakry». En contrepartie, Macky Sall aurait promis, en son temps, selon certaines indiscrétions, de faire un «geste» en faveur de Karim Wade, une fois réélu. Ce que l’on sait, c’est que le Président Sall a remis Karim Wade dans le jeu politique, lui permettant de retirer ses fiches de parrainages, de déposer son dossier de candidature à la Présidentielle avant de voir celle-ci invalidée par le Conseil constitutionnel du fait d’une double nationalité franco-sénégalaise. Est-ce que l’arrêt brutal du processus électoral pour remettre Karim Wade dans la course rentre dans le solde de tous comptes pour ce «geste» que Macky avait promis ? Mystère et boule de gomme ! En tous les cas, pour les branchés, il n’est pas étonnant que Macky Sall ait encore une fois de plus recours aux services de son ami Yara pour se tirer de la mauvaise passe dans laquelle son décret du 3 février dernier a installé le Sénégal.
Ibrahima ANNE