A l’ouverture du dialogue national, hier à Diamniadio, le chef de l’Etat a annoncé un projet de loi d’amnistie générale portant sur les événements meurtriers survenus entre 2021 à 2024.
Il y a risque de ne jamais voir les coupables de la mort de nombreux sénégalais durant les violences politiques qui ont émaillé le Sénégal depuis 2021. En ouvrant, hier à Diamniadio, le dialogue politique qu’il a, lui-même, appelé de vive voix avant de fixer la date de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février, le chef de l’Etat préconise un deuxième enterrement de la soixantaine de ses compatriotes tués entre 2021 et 2024. Macky Sall a annoncé un projet de loi d’amnistie générale pour les faits liés aux troubles connus par le Sénégal depuis 2021. «Dans un esprit de réconciliation nationale, je saisirai l’Assemblée nationale dès ce mercredi en conseil des ministres d’un projet de loi d’amnistie générale sur les faits se rapportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024», a précisé le Président.
Plainte pour «crimes contre l’humanité»
Depuis 2021, le Sénégal a été déchiré par une série de violentes manifestations politico-judiciaires liées au procès du leader de l’ex Pastef, Ousmane Sonko, actuellement en prison à Adji Sarr, ex employée d’un salon de massage. Un autre procès opposant Ousmane Sonko au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang est venu alourdir le bilan des Sénégalais tués depuis 2021. L’Ong Amnesty international avait compté 14 personnes tuées en mars 2021 contre 23 en juin 2023.
En juin 2023, une plainte pour «crimes contre l’humanité» a été déposée en France par Juan Branco, un des avocats d’Ousmane Sonko, contre le président Macky Sall, Antoine Diome, à l’époque ministre de l’Intérieur, le commandant de la gendarmerie Moussa Fall et 112 autres personnes. La plainte parle du «meurtre» de 50 personnes entre mars 2021 et juin 2023. Une demande d’enquête est aussi soumise à la Cour pénale internationale (Cpi) à La Haye contre Macky Sall.
Reniement des autorités
Au lendemain des événements de mars 2021, les autorités avaient annoncé l’ouverture d’une commission d’enquête pour établir les circonstances des incidents de mars 2021, dans l’objectif de situer les responsabilités et le cas échéant sanctionner les coupables. Mais en décembre 2021, le président de la République Macky Sall a signé l’acte de décès de cette commission. A la place, il avait indiqué qu’une procédure judiciaire avec des enquêtes sur ces incidents était en cours. «La commission d’enquête est mise en place, nous avons engagé une procédure judiciaire interne, avec des enquêtes internes, elle attendra que l’enquête nationale se fasse et que les conclusions soient connues», avait dit Macky Sall dans une interview à Rfi. Jusqu’à présent, aucun coupable n’a été désigné. Des familles endeuillées continuent de réclamer justice. Ce projet de loi d’amnistie, s’il est voté, constituera une deuxième mort pour ces nombreux Sénégalais tués sordidement.
Baba MBALLO