Le 03 février 2024, le Président de la République a décidé, unilatéralement et illégalement, d’arrêter le processus électoral en violation flagrante des lois et règlements en vigueur. Il a intentionnellement agi ainsi parce qu’il ne veut ni quitter le pouvoir ni assister à la victoire du candidat Bassirou Diomaye Diakhar FAYE. C’est une tautologie.
Le Président Macky SALL, comme l’aurait fait tout autre citoyen de peu de moralité, continuera encore de violer les lois et règlements tant qu’il ne rencontre pas d’obstacle. On peut dire, d’une certaine manière, qu’il est dans son rôle. C’est une attitude qui se comprend.
L’objectif principal de l’État de droit dans son principe de séparation des pouvoirs est de freiner l’abus de pouvoir des Présidents qui se croient rois comme le Président Macky SALL.
Ce qui est bizarre dans la situation actuelle est que la seule instance qui est et était capable de freiner le Président Macky Sall lui a, invraisemblablement, facilité la tâche. En effet, de par ses prérogatives, le Conseil Constitutionnel avait, bien évidemment, la totale latitude et la totale possibilité de choisir soit la date du dimanche 25 février comme l’avait bien demandée les députés de l’opposition, soit le dimanche 03 mars ; les deux seules dates qui restaient et qui pouvaient complètement clore ce débat et définitivement résoudre cette situation de crise inspirée de toute pièce par le Président Macky SALL. Bien au contraire, ils lui ont volontairement et, retenez bien, SAVAMMENT, redonné la main. En un seul coup, par sa décision rendue le jeudi 15 février, le Conseil Constitutionnel a validé, plus proprement, les desseins d’origine du Président Macky SALL en le faisant gagner triplement :
- D’abord, le ralentissement ou même l’arrêt des vagues de manifestations qui pourraient pourtant faire pression jusqu’à ce qu’il recule ou démissionne.
- Ensuite, l’acceptation de l’idée du fumeux dialogue national par les Sénégalais.
- Enfin, la légalité de la continuité de la présidence de Macky SALL au-delà du 02 avril en vertu de l’article 36-2 de la Constitution.
Le Président Macky SALL, pour ne toujours pas rencontrer d’obstacle dans son projet inédit, fait semblant de vouloir pacifier l’espace politique par une vague de libération de détenus et brandit, en même temps, l’espoir de remettre l’acteur principal dans le jeu. Il faut dire, en toute objectivité, que cette dernière touche a beaucoup refroidi l’ardeur de ses plus farouches et radicaux opposants. Un simple communiqué d’Ousmane SONKO dénonçant ce “putsch” pourrait galvaniser à nouveau la vague d’indignation.
En même temps, beaucoup des candidats qui se disent “spoliés” et ceux qui ne veulent pas aussi assister à la victoire de Bassirou Diomaye FAYE (oui, ces derniers existent bel et bien !) ne cachent plus leur intérêt de rejoindre le Président Macky SALL dans son projet. Mamadou DIOP Decroix va jusqu’à remettre en question la Constitution (ce qui est hors sujet !) et particulièrement l’article 92 en évoquant les ” insuffisances ” intrinsèques des sept “êtres humains” membres du Conseil Constitutionnel.
Finalement, c’est le Président Macky SALL qui incarne ce projet inédit mais beaucoup d’acteurs politiques et religieux le bénissent soit par leurs actes soit par un silence complice.
Tout cela, tous ces petits pas vers l’avant dans ce projet inédit, ne serait pas possible si le Conseil Constitutionnel avait pleinement joué son rôle. Un sage qui complique voire crée un problème n’en est pas un. Le Conseil Constitutionnel est, au minimum, l’idéal idiot utile du Président Macky SALL, s’il n’est pas son complice depuis le début. Évidemment, le peuple n’a pas dit son dernier mot.
Aboubakr KA
Citoyen sénégalais