La multinationale BP, principal opérateur du projet de gaz naturel Great Tortue Ahmeyim (GTA), vient de filer un juteux marché de 600 milliards à Petrofac, une société britannico-émirati. Un véritable pied de nez au contenu local.
Un coup dur pour les entreprises locales. Alors que le privé national plaide pour être associé dans l’exploitation des ressources naturelles conformément à la loi sur le contenu local, le géant anglais BP vient de confier à Petrofac, une entreprise britannico-émirati, spécialisée dans les services pétroliers, un super contrat de quatre ans pour la prestation de services opérationnels – offshore et onshore – liés au projet de gaz naturel Great Tortue Ahmeyim (GTA), situé entre la Mauritanie et le Sénégal. La révélation est de Moustapha Diakhaté, un expert dans le domaine qui affirme que c’est un coup dur, très dur pour les opérateurs locaux et bien sur notre contenu local. «Avec ce contrat, c’est 60 % des prestations dans le périmètre du contenu local qui sont confiés indûment à Petrofac. Évalué au moins à 600 milliards de Cfa selon les simulations, ce contrat léonin entre entreprises anglaises sur notre sol et nos ressources, englobe une gamme étendue de services», poursuit Moustapha Diakhaté, ancien conseiller spécial du Premier ministre. Parmi ces services, on trouve la gestion et la supervision des opérations à la fois sur terre et en mer, la fourniture de personnel qualifié, ainsi que la maintenance des équipements etc… «C’est l’expertise locale qui est sacrifiée», souligne Moustapha Diakhaté.
En 2022 déjà le magazine Africa intelligence révélait que historiquement présente en Europe, au Moyen-Orient et au Maghreb, la société britannico-émirati de services regarde désormais plus au sud du continent africain. Objectif: profiter des opportunités offertes par l’exploitation du champ gazier Tortue, situé à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie.
Le Sénégal s’est fixé comme objectif d’atteindre 50 % de contenu local à l’horizon 2030. Il s’agit de permettre aux entreprises sénégalaises de capter 50 % des activités pétrolières et gazières. Pour y arriver, la stratégie nationale de contenu local devait permettre de disposer de plusieurs leviers dont le fonds d’appui au développement du contenu local (Fadcl) qui va renforcer les capacités financières et techniques des entreprises pour leur permettre de faire face aux exigences du secteur des hydrocarbures. Le contenu local dans le secteur des hydrocarbures renvoie à l’ensemble des initiatives prises en vue de promouvoir l’utilisation des biens et des services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d’œuvre, de la technologie et du capital nationaux dans toute la chaine de valeur de l’industrie pétrolière et gazière.
Charles Gaïky DIENE