Le président de la République a créé le Prix Macky Sall, mais les anciens ne s’y retrouvent pas, selon le Secrétaire général de Daara Al Xuraan Karim. Cheikh Tidiane Ben Omar Kane s’est confié ainsi, avant-hier à l’Institut islamique de Dakar, en marge de l’hommage rendu à Sayda Maryama Niass.
Le combat de l’une des plus grandes figures féminines de l’enseignement coranique au Sénégal a porté ses fruits avec un bilan de pas moins de sept Daaras, selon les témoignages. Et c’est sans compter les œuvres sociales listées lors de cette journée d’hommage à la pionnière de l’enseignement du Coran par des femmes. Un symposium a été organisé en son honneur autour du thème : «Sayda Maryama Niass, une icône religieuse au service de l’éducation».
Mais, ses successeurs sont aujourd’hui, quelque peu déçus. «Le président de la République a créé un prix Macky Sall, mais les anciens ne s’y retrouvent pas. Quand les gens organisent le +Sargal Daara+, à Diamniadio, on ne nous a pas adressé une invitation», regrette Cheikh Tidiane Ben Omar Kane.
Il voit «un scandale» dans cette omission. M. Kane regrette de voir «les nouveaux parvenus, qui en profitent». Loin des arrivistes, leur combat pour l’enseignement des Daaras a été rude. «Nous nous sommes battus pour que le changement ait lieu, pour que le Coran arrive au niveau où il est», évoque l’enseignant. Qui exhorte, par ailleurs, l’Etat à faire mieux dans l’accompagnement des enseignants de l’éducation religieuse à partir du combat de Sayda Maryama Niass. «C’est une œuvre qui doit avoir l’appui de l’Etat, qui doit mettre les moyens dans les écoles coraniques», réitère le successeur de la fille d’El Hadj Ibrahima Niass.
En effet, il y a un goût d’inachevé à entendre l’éducateur. «Ils ont commencé à le faire, mais ils ont ignoré les écoles les plus en vue qui étaient là tout au début», indique Cheikh Tidiane Ben Omar Kane. Il rappelle que les initiatives privées dans l’enseignement religieux ne font que se substituer à ce que l’Etat devait faire. «C’est le devoir de l’Etat de faire ce que les gens font actuellement pour soustraire les élèves des Daara de la mendicité, de la pauvreté, du banditisme», estime-t-il.
Le soutien de l’Etat pour mieux faire
Directrice du Daara moderne Ckeikha Sayda Maryama Niass, Assiètou Kane dit attendre mieux. Non seulement ses appels à l’aide des autorités de l’éducation restent lettre morte, mais elle ne voit guère l’ombre d’un soutien, pourtant prévu pour les écoles coraniques. «Je lance un appel aux ministres Mamadou Talla et Cheikh Oumar Hann pour qu’ils m’assistent et que je puisse faire davantage. Je n’ai même pas reçu de réponse encore moins une subvention ou un appui. Nous avons besoin d’aides, parce que nous sommes des partenaires de l’Etat. Nous recrutons des jeunes et nous réduisons le chômage», confie-t-elle.
Ministre conseiller, Dr Abdoul Aziz Kébé a insisté sur l’importance de transmettre les valeurs aux jeunes. Pour le Pr Kébé, on doit préserver le pays, la religion et l’enseignement.
Les Dr Djim Dramé de l’Ifan et Babacar Niane de l’Université de Thiès ont animé la conférence à l’occasion du symposium sur la vie et l’œuvre de Sayda Maryama Niass.
Emile DASYLVA