Au rebours des autres interpellations, celle de l’ancien chef de la diplomatie burkinabé n’est pas passée inaperçue. En effet, pour faire libérer Ablassé Ouédraogo, c’est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui est montée au créneau pour s’en prendre au régime burkinabé. Dans un communiqué, l’organisation régionale interpelle le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, et lui demande de libérer immédiatement les personnes arrêtées dans les manifestations et « tentatives » de coup d’Etat. « C’est une procédure illégale et arbitraire », indique la CEDEAO s’agissant des réquisitions. Enfonçant le clou, l’organisation invite le pourvoir burkinabé à prendre toutes les mesures urgentes en vue d’un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
La réponse du gouvernement de la transition du Burkina Faso n’a pas tardé à se faire entendre. « Le gouvernement de transition n’entend pas se laisser divertir par des communications qui procèdent d’un imaginaire débordant et tronqué sur la situation réelle de notre peuple», réplique-t-il.
Si les autorités burkinabè n’ont pas fait dans la dentelle, c’est parce que également la CEDEAO semble oublier les « régimes démocratiquement élus » pour ne s’en prendre qu’aux régimes de transition. Une politique de deux poids deux mesures qui exaspère. En effet, pendant que la CEDEAO exige la libération de détenus politiques au Burkina, plus d’un millier, en plus du leader de l’opposition, sont dans les prisons sénégalaises sans que cela ne suscite de réaction de sa part. La même chose pourrait être dite de la Côte d’Ivoire ou encore du Bénin où les opposants souffrent souvent le martyr. Seulement, pour la CEDEAO, qui faut-il le rappeler a été créée par des militaires, les régimes de transition n’ont pas droit au chapitre.