Au village de Souraye, dans le département de Podor, les populations sont sorties dans les rues pour dénoncer leur isolement. Elles mettent aussi en garde leurs leaders politiques locaux qui ne s’orientent vers elles que pendant les périodes électorales.
(Correspondance) – Les populations du village de Souraye, dans la commune de Meri, ont manifesté, avant hier, pour ce qu’elles appellent «l’injustice» à leur égard. Avec des brassards rouges et scandant des propos hostiles à l’endroit des leaders politiques locaux qu’elles ne voient que pendant les périodes de joutes électorales, ces populations affirment qu’elles sont oubliées par les autorités. Le responsable des jeunes, Abdourahmane Mbodji fait savoir qu’ils manquent de tout contrairement aux autres villages voisins. «Nous sommes laissés en rade dans la prise en charge sanitaire. Pour donner naissance, les femmes souffrent, faute d’infrastructures sanitaires dignes de nom. Les malades sont évacués dans des conditions très difficiles dans les hôpitaux situés sur la nationale 2. Au niveau du village, les jeunes qui ont leurs diplômes, n’ont jamais bénéficié du programme d’insertion et de réinsertion», déplore M. Mbodj.
Les manifestants affirment aussi que la non valorisation de leurs terres est aussi une difficulté qui pénalise le développement de leur contrée depuis des décennies. M. Mbodji explique que les personnes qui ont pu cultiver dans le village ne dépassent pas le nombre de dix. Ce, faute d’espaces de terres aménagées, d’intrants de bonne qualité et de matériels agricoles disponibles. «Notre village détient le taux de chômage le plus élevé dans le pays», a fait savoir Oumar Ndiaye, un des sages du village. Ce dernier a déploré ce qu’il qualifie de «discrimination» dans la fourniture d’électricité. «Un village comme Souraye ne peut avoir cinq lampadaires pendant que les villages moins peuplés et moins grands disposent du triple. C’est injuste», soutient-il. Les leaders politiques locaux en ont pris aussi pour leur grade. «Nous mettons en garde les responsables politiques du département. Qu’aucun leader ne vienne ici nous raconter des contrevérités», avertit Abdourahmane Mbodji.
Par ailleurs, les élèves du lycée de Thioubalel à sept kilomètres de Souraye, ont entamé depuis une grève illimitée. Les potaches qui ont abandonné les classes ont dénoncé le déficit de professeurs d’Histoire et de Géographie dans leur établissement. Selon ces derniers qui sont sortis en masse, depuis l’ouverture des classes, ils n’ont toujours pas fait cours dans ces matières. «La situation actuelle de notre lycée est lamentable. Comment les candidats aux examens de fin d’année peuvent rester jusqu’au mois de décembre sans les deux matières essentielles dans les enseignements?», se désole la porte-parole des élèves, Aïssata Ly. Autres problèmes majeurs qui handicapent les enseignements, selon toujours les grévistes, l’établissement n’a toujours pas de bibliothèque et d’eau. «Comment réussir dans ces conditions», pestent ces élèves qui exigent des solutions rapides.
Abou KANE