Les écoles de formation en santé qui sont dans l’illégalité au Sénégal font foison. En effet, d’après la dernière enquête, révèle le ministre de la Santé et de l’Action sociale sur 92 écoles inspectées 48 sont hors normes. Mme Marie Khemesse Ngom Ndiaye défendait, hier, le budget de son ministère, à l’Assemblée nationale.A Dakar comme dans beaucoup de quartiers de la banlieue, des écoles de formation privées en santé poussent comme des champignons. Et beaucoup d’entre elles ne respectent pas les normes et les conditions requises pour offrir une bonne formation aux étudiants qui souhaitent faire carrière dans la santé. Interpellée, hier, sur cette question par les députés à l’Assemblée nationale lors de l’examen de son budget 2024, Mme le ministre de la Santé et de l’Action révèle que la majeure partie écoles inspectées ne sont pas en règle. «Sur 92 écoles inspectées les 48 ne sont pas bonnes. Nous avons saisi le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Le président de la République a donné des instructions fermes pour régler ce problème. Donc les écoles qui ne sont pas en règle n’ont qu’à aller se régulariser», avance Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye. Et de poursuivre : «Dans certaines écoles, les étudiants peuvent faire trois ans sans jamais apercevoir un mannequin. Certains étudiants qui sortent de ces écoles ne savent même pas c’est quoi l’appareil digestif. Ça existe ici. Il faut qu’on réglemente aussi les stages dans les structures sanitaires. Nous sommes dans un pays de droit et nous allons le réglementer. Nous avons montré à ces écoles la voie à suivre, aller se conformer au niveau de l’AnaQsup». Le désert médical Par ailleurs elle assure que le désert médical n’est pas sénégalais. Les jeunes médecins, selon lui, qui bénéficient d’une bourse de spécialisation du gouvernement vont servir forcément dans le service public. Parce qu’à son avis, il n’y a pas une localité qui est éloignée au Sénégal. Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye rappelle que ce sont les cotisations des Sénégalais qui ont permis à ces médecins de poursuivre leurs études et de se spécialiser. Donc s’ils refusent de servir dans le public sous prétexte que certaines localités sont enclavées, ils auront en face d’eux le ministère de la Santé et de l’Action sociale. «Celui qui obtient une bourse, va travailler dans le public par force. Il faut qu’ils aillent servir. Nous demandons aussi aux doyens de ne pas rester seulement à Dakar», lance Dr Khemesse.Dans leurs interventions, des députés ont déploré l’état de certaines structures sanitaires. A Vélingara, dans la région de Kolda, le député Mamadou Woury Baïlo Diallo a dressé un tableau sombre du centre de santé de sa localité. «Cela fait 6 voire 7 ans que je parle du problème de centre de santé. Vélingara, c’est le seul département qui fait frontière avec trois pays, qui a deux marchés hebdomadaires et qui abrite un grand événement religieux, le Daaka de Médina Gounass. La structure est dans une situation difficile. Je n’arrive pas à trouver les mots pour exprimer le sentiment des populations. Il y a une grande frustration. En tant que élu local, je suis même gêné dans les débats locaux. On nous a complètement oubliés dans ce domaine. C’est un problème très sérieux», déplore le député de Vélingara. Subventions aux hôpitaux et les fonds pour la Covid-19Sur un autre registre le député, Cheikh Abdou Mbacké réclame un bilan sur le budget de la santé de 2023. Selon lui, il est incompréhensible de voter un nouveau budget pour le département de la santé alors que le taux d’exécution du budget de 2023 est de 64 %. «Aujourd’hui, on s’attendait à ce que vous nous présentiez le rapport 2023, parce que le taux d’exécution est de 64 %. Donc on ne devrait même pas voter un nouveau budget pour vous. Parce que vous n’avez pas épuisé votre budget de l’année dernière», indique Cheikh Abdou Mbacké. En outre, les députés ont interpellé le ministre de la Santé sur la subvention allouée aux hôpitaux. D’ailleurs, ils plaident le relèvement. Ils ont évoqué aussi les fonds alloués pour la Covid-19. Sur ce, ils demandent des explications sur l’utilisation de cet argent.Le budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale est arrêté à 271 623 366 449 FCFA en autorisations d’engagement et 263 470 384 079 FCFA en crédits de paiement.Samba BARRY